Nous rêvions juste de liberté

Roman d’Henri Loevenbruck.

Hugo a grandi dans une misère affective profonde, au sein d’une famille peu aimante, et marqué par la mort de sa petite sœur. Quand il rencontre Freddy, Oscar et Alex, il se découvre une vraie famille où les amis sont des frères. « T’es un des nôtres, maintenant. On sera toujours là pour amortir la chute, mon pote. / On ne m’avait jamais rien dit d’aussi doux. » (p. 32) Les quatre gamins sont tous révoltés et bouillonnants d’énergie et glissent lentement vers la délinquance juvénile, jusqu’à devenir de vrais voyous. À mesure qu’ils franchissent les limites de la loi, qu’ils fument et boivent plus que de raison et qu’ils bouffent des kilomètres de bitume sur leurs bécanes, ils forment un groupe férocement soudé répondant à un code d’honneur très particulier. « C’était chouette d’être tous les quatre, de traverser la ville ensemble comme une armée qui partait au combat pour rendre justice. » (p. 79) Hélas, tout dérape : un des gamins frôle la mort, tous sont envoyés en maison de correction et quand ils en sortent, tout a changé. Les rêves de liberté s’effilochent et il faut grandir. Mais Hugo s’y refuse et fonde le club de moto de Providence, suivi d’anciens amis et rejoint par de nouveaux frères. La liberté semble alors si proche, si réelle. « Mon petit bonheur simple, c’était de vivre et de rouler avec cette belle bande de voyous dont personne d’autre voulait. » (p. 216) Hélas, dès l’incipit, on sait que quelque chose a mal tourné puisque la justice s’en est mêlée.

Ce récit d’écorché vif m’a terriblement rappelé la géniale série Sons of Anarchy (surtout combien elle me manque et combien j’ai hâte que paraisse le spin-off Mayans MC) : j’y ai retrouvé l’ambiance des motorclubs telle que dépeinte dans la série et le caractère follement séduisant des bikers paumés (KIM COATES FOREVER !!!). « La vie, les gens, tous essaient de t’empêcher d’être libre. La liberté, c’est un boulot de tous les jours. Un boulot à temps plein. » (p. 243) Malheureusement, gros bémol tout au long de ma lecture : selon moi, la forme orale du récit d’Hugo sonne faux, comme si l’auteur imaginait la façon dont un jeune voyou pourrait s’exprimer, sans avoir vraiment discuté avec l’un d’eux. Ce langage qui mélange style courant, vulgarité et quelques envolées lyriques ne m’a pas convaincue, et ça a grandement freiné mon enthousiasme pour ce roman dont l’intrigue est cependant très belle, poignante et bouleversante. « J’ai pas envie de tourner la page, j’ai envie de la déchirer. » (p. 292)

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