Ange a 19 ans et suit avec grand sérieux des études en philologie. Elle n’a aucun ami et supporte les excentricités maniaques de sa colocataire, Donate. Pour subvenir à ses besoins dans la capitale belge, elle donne des cours à Pie, adolescent très intelligent, mais dyslexique et qui n’a jamais lu un livre. Elle découvre un jeune garçon tout aussi solitaire qu’elle, coincé entre une mère idiote et un père inquiétant. Pie voit en Ange une possibilité d’échapper à un quotidien sans intérêt. « Vous êtes l’unique personne de mon entourage qui ait une vie. Enseignez-moi. / Je ne peux pas vous enseigner le désir. On a une vie quand on le désire. » (p. 76) Les deux jeunes gens discutent de livres et de grands sujets qui tourmentent l’humanité depuis des millénaires. Mais face à Pie, Ange est désemparée : l’adolescent aime les armes, et elle, sans le préméditer, lui en a donné une, parmi les plus funestes : la littérature.
« Aimer un roman ne signifie pas nécessairement qu’on aime les personnages. » (p. 19) Voilà précisément mon sentiment au sortir de cette lecture. Je n’ai pas compris l’utilité de Donate : le roman s’ouvre sur elle et la tyrannie domestique qu’elle impose à sa colocataire, mais après elle se réduit à une chambre d’écho des inquiétudes d’Ange. Idem pour Dominique, le professeur d’Ange, au rôle bien ingrat de négatif de l’adolescent tourmenté. Finalement, j’espère surtout un autre roman où l’on retrouvera Pie après son coup d’éclat final.