Un équipage a entrepris un long périple vers de lointaines exoplanètes. Après 2 ans de voyage – et un éloignement de 28 ans par rapport à la Terre ! –, réveillés de la torpeur, les membres commencent l’étude écologique de planètes aux caractéristiques très différentes. Leur travail est simple : répertorier les formes vivantes de ces contrées inconnues. Ariadne O’Neill, l’ingénieure de bord, est la narratrice : dès les premiers mots, son récit annonce un dysfonctionnement, voire une catastrophe.
Ariadne et ses compagnons ont quitté la Terre pour contribuer à la connaissance de tous. La planète bleue souffre de comportements écocides perpétrés pendant des générations. L’exploration spatiale se veut donc éthique et respectueuse. « Je n’ai aucune envie de forcer une planète à s’adapter à moi. Je préfère marcher d’un pas léger : m’adapter à elle. » (p. 13) La différence est reconnue pour ce qu’elle est, une richesse. Et la volonté de tout ramener à la connaissance existante est, à raison, comprise comme un risque à ne pas courir. « Dans le cadre de recherches scientifiques, il ne faut pas qualifier des animaux extraterrestres de poissons ou d’araignées. Ils ressemblent peut-être à des espèces terriennes, et ils se comportent peut-être de manière similaire, mais sont différents. Fourrer ce qu’on trouve ici dans des catégories venues de la Terre, c’est un piège dangereux. » (p. 39) Un principe important de cette exploration est d’éviter toute contamination, tant de l’intérieur du vaisseau vers l’extérieur que réciproquement. L’équipage observe, catalogue et enregistre des informations, sans aucune volonté colonisatrice. Après avoir assisté aux ravages causés par l’homme sur la Terre, les astronautes savent la nécessité de ne pas endommager ni influencer un écosystème auquel ils n’appartiennent pas.
Les protagonistes sont des scientifiques et l’autrice rend bien cela en leur faisant utiliser du langage complexe et précis, mais hélas, sans notes de bas de page pour aider le lecteur à comprendre ! « Si je dois m’arrêter à chaque phrase pour vous infliger un cours magistral, vous tournerez les talons avant que j’aie fini de planter le décor. » (p. 47) Je comprends la démarche : en laissant le lecteur dans l’incompréhension, il est comme les personnages qui découvrent les créatures sur les nouvelles planètes. Mais ça marche mal avec moi : si je ne comprends pas des termes, je suis perdue. Et poser mon livre pour ouvrir le dictionnaire, il n’y a rien de pire pour me sortir de la lecture, ce qui n’est pas le cas d’une note de bas de page qui garde le lecteur captif de l’ouvrage.
Le premier tiers est un manuel du parfait voyage dans l’hyperespace : c’est une mise en situation trop longue pour un roman dépassant à peine 100 pages ! Ensuite s’enchaînent les explorations des 4 planètes, entre rencontres fascinantes et interactions traumatisantes. C’est le dernier défaut de ce roman, à mon sens : on comprend que les études durent des années, mais sans vraiment connaître le travail réalisé. Et finalement, au regard de la conclusion du roman, cela semble bien vain. Mais peut-être est-ce le sens du texte, pointer l’inutilité des voyages spatiaux quand la terre mère se meurt. « C’est difficile de penser aux étoiles quand le sol s’ouvre sous vos pieds. » (p. 62)
Je suis assez mitigée au terme de cette lecture. Je sens qu’elle avait toutes les qualités pour me séduire, notamment par la puissance de son message écologique. Hélas, la construction du récit me semble inaboutie, avec les défauts d’un premier roman, ce qui n’est pas le cas de ce texte.