Catalogue d’exposition, sous la direction de Sandra Buratti-Hassan et Carl-Johan Olsson.
Fin octobre, je me suis régalé les yeux avec cette superbe exposition organisée par le Petit Palais, là où j’ai déjà vu avec ravissement les œuvres d’Anders Zorn et d’Albert Edelfelt. Bruno Liljefors est un peintre suédois, à cheval entre le 19e et le 20e siècle, connu et reconnu en son temps pour ses toiles naturalistes et célébré pour son talent d’artiste animalier. « D’une composition très travaillée et d’un caractère décoratif indéniable, [ses tableaux] ne transigent pourtant jamais avec la réalité de la nature, la cruauté des prédateurs jaillissant derrière le joli vernis. » (p. 29) Liljefors s’est fait une spécialité de représenter l’animal dans son environnement, tant pour en capturer la beauté sauvage que pour alerter sur les menaces de l’industrie croissante. L’art se fait alors témoignage, archive et mise en garde.
Bruno Liljefors rend avec précision les pelages, les ramages et les ramures, mais surtout le mouvement des animaux, qu’ils soient fauves ou proies. Chasseur et acrobate, rompu à l’observation des bêtes au sol ou depuis les hauteurs, il travaille d’après photographies et croquis. « Liljefors apparaît comme le chantre de la nature septentrionale. » (p. 60) Le catalogue présente ses esquisses, ses études ou ses photos mises au carreau. Son œuvre se nourrit de la technique impressionniste et de l’influence japonisante du début de siècle, et elle évolue avec une simplification du trait : si les détails sont moins travaillés, les larges touches de peinture et les formes presque stylisées ne retirent rien à la figuration et tout est immédiatement reconnaissable.
Ses toiles ont été appréciées en France, en Allemagne et aux États-Unis, mais l’Europe a un peu oublié ce peintre suédois. C’est donc un bonheur de le découvrir au Petit Palais, d’admirer ses animaux frémissants et de plonger dans ses dioramas gigantesques.
Si vous aimez les beautés de la nature nordique, je vous conseille aussi l’œuvre du peintre danois Peder Severin Kroyer à qui le musée Marmottan-Monet a consacré une très belle exposition en 2021.