Essai de Jean-Pierre Dufreigne.
« Les pages qui suivent ne sont pas une hagiographie. […] Elles ne sont pas non plus une thèse universitaire. […] Il ne s’agit pas non plus d’une biographie. » (p. 11) Stephen King, c’est 40 millions de lecteurs et 17 millions d’à-valoir par roman. Colossal, spectaculaire, démesuré ! La littérature horrifique fait mauvais genre, mais l’auteur s’en moque et se délecte à convoquer dans chaque roman un nouveau monstre ou une antique panique. « King, au hasard d’un feu rouge, d’une rue, fait surgir les terreurs ancestrales, les peurs devant des mythes sans âge qu’il déniche dans le quotidien. » (p. 24) Jean-Pierre Dufreigne prouve qu’il a lu tout ce que l’écrivain américain a produit et qu’il apprécie son œuvre. On le comprend… et je partage tout à fait le constat suivant ! « On osera le classer écrivain réaliste, explorateur de nos faces sombres. […] King peint ses shérifs comme Zola ses boutiquiers. » (p. 76)
Toutes les démonstrations de Dufreigne ne m’ont pas convaincue, notamment son analyse des personnages féminins dans Jessie, Dolores Claiborne et Rose Madder. Toutefois, je minore mon désaccord au regard de la date de publication de l’ouvrage, 1999. Depuis, le King a produit des personnages féminins puissants : ne venez pas me dire qu’Holly Gibney n’est pas ultra badass ! Par ailleurs, Jean-Pierre Dufreigne a compris ce qui sous-tend les textes du maître de l’horreur. « King suscite toujours une trouille universelle, car il la déniche toujours au plus profond de lui, dans sa réserve personnelle. » (p. 141) De cet ouvrage, je retiens quelques anecdotes que je ne connaissais pas. Saviez-vous que l’auteur du Maine voulait signer son premier roman, Carrie, du nom de Stephen Queen ? En effet, il avait compris toute la force de sa protagoniste, mais son épouse Tabitha l’a dissuadé de prendre ce pseudo, car le terme « queen » est négativement connoté aux États-Unis. Je suis fan de ce genre de petites informations qui donnent de l’épaisseur à un auteur que je ne connais qu’à travers ses textes.
Gros bémol sur la forme, toutefois ! Certaines pages sont presque illisibles : une police fine rouge sur fond noir, mes yeux n’apprécient pas trop. Pas plus que certaines constructions de phrases bancales, avec des ponctuations erratiques, ou encore des mots amputés de lettres. Tout cela est dommage, car l’ouvrage est beau, avec une mise en page aérée, des citations mises en avant, des pages à lire dans la longueur, etc. Les pages finales présentent la bibliographie détaillée des œuvres de Stephen King ainsi que la liste des adaptations cinématographiques de l’auteur. De quoi compléter ma propre liste de films à voir !