L’amour de Phèdre

Drame de Sarah Kane.

Hippolyte est un éternel adolescent, trentenaire, gras et que rien ne divertit. Phèdre est toujours amoureuse de lui. Pour le détourner de son oisiveté et des vacuités télévisuelles, elle lui offre son amour plein et entier. Lui ne comprendra que trop tard la valeur du présent qui lui ai fait, et il humilie la reine amoureuse, la poussant au suicide. Soumis à la vindicte populaire, le prince désabusé vit sa dernière jouissance et expire dans un soupir de regret.

Il n’est pas aisé de réécrire un classique grec et d’en tirer un texte original mais fidèle au modèle. Sarah Kane réussit ce tour de maître, et présente le mythe de Phèdre sous l’éclairage cru d’une ampoule du XX° siècle. Le langage est violent, parfois nauséeux, à l’image de l’auteur. Pas facile d’adhérer. Pour ma part, c’est un grand oui. Mais un texte de Sarah Kane par an, c’est suffisant… Faut le temps de digérer.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

La Dame de Blackingham

Roman de Brenda Vantrease.

Kathryn est veuve du seigneur Roderick de Blackingham. Seule avec ses deux fils Alfred et Colin, elle dispute son domaine à l’Église et au Roi. Quand l’enlumineur Finn s’installe chez elle, elle découvre l’amour et le bonheur. Mais Finn traîne un passé obscur. Et c’est lui qu’on accuse du meurtre d’un prêtre au service de l’évêque. Des êtres très différents se côtoient dans la quête de la vérité: l’anachorète Juliette, le nain Mi-Tom, la servante Magda au don si particulier. Amour, vérité et trahison se mêlent dans cette intrigue médiévale.

Le Moyen Âge est une période qui se prête vraiment aux mystères et aux enquêtes. Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est la trame historique et la masse de détails, parfaitement intégrés au récit, sans que celui-ci ne prenne une coloration documentaire. L’histoire se déroule habilement, et la fin est surprenante.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Mon bel oranger

Roman de José Mauro de Vasconcelos.

Zézé a cinq ans. Son père est au chômage. Zézé est un petit garçon rêveur et intelligent, mais il a le diable au corps et enchaîne les bêtises et les espiègleries en tout genre. Souvent battu et puni, il trouve refuge au pied de son petit oranger. Auprès de celui-ci, il vit de merveilleuses aventures imaginaires. C’est en compagnie du Portugâ, un homme généreux et mystérieux, qu’il découvre la tendresse et la vraie valeur de l’amitié.

On peut avoir 22 ans et lire encore les romans pour la jeunesse… Et ce roman-ci est un trésor ! Délicat et pudique, il parle des malheurs de l’enfance, et des malheurs de la vie auxquels un enfant peut assister sans les comprendre. C’est un livre bouleversant que je conseille à tous les enfants et adolescents, à tout le monde.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Millenium 1 : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

Premier tome de la trilogie de Stieg Larsson.

Mikael Blomkvist est journaliste, rédacteur de la revue d’investigation Millenium, qui dénonce les fraudes sociales, industrielles et économiques. Mikael publie un papier révélateur sur Hans-Erik Wennerström. Manipulé, il se retrouve au cœur d’un scandale judiciaire et médiatique. Accusé de diffamation, il perd toute crédibilité, et se retire de Millenium. Il est rapidement contacté par Henrik Vanger, le grand patron des entreprises Vanger. Depuis des années, le vieil homme enquête sur la disparition de sa nièce Harriet, probablement assassinée en 1966, lors d’une réunion de famille. Henrik Vanger engage Mikael pour qu’il reprenne l’enquête depuis le début et découvre enfin ce qui est vraiment arrivé à Harriet et qui est son meurtrier. Pour Vanger, il ne peut s’agit que d’un membre de la famile. Mikael quitte alors Stockholm, et s’installe sur la petite île de Hedeby, au milieu du clan Vanger. Tenace et intuitif, il ne tarde pas à trouver une nouvelle piste. Il est rapidement secondée par Lisbeth Salander, une enquêtrice free-lance hors-pair, jeune femme rebelle et perturbée. ensemble, ils traquent le coupable et font remonter au jour les preuves d’un terrible secret de famille.

Je n’aime habituellement pas les thriller ni les récits policiers, mais pour cette œuvre, je révise mon jugement! C’est excellent! Je pense que la traduction n’est pas toujours bien fine, mais l’histoire est palpitante. Les personnages sont parfaitement présentés: ni trop, ni trop peu, et pas trop vite! A la fin de ce premier tome, on ne sait en fait presque rien de Lisbeth. J’ai vraiment apprécié la construction du récit: d’un paragraphe à l’autre, on suit un personnage différent, en l’occurrence, Mikael ou Lisbeth. Je le recommande chaudement, et je me jette dans la lecture du tome 2 dès ce soir!

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Sauve-moi

Roman de Guillaume Musso.

Juliette, 28 ans, s’apprête à quitter New-York où elle a perdu ses rêves d’actrice. Sam, pédiatre, ne s’est pas remis du suicide de son épouse. Quand ils se rencontrent, ils vivent quelques jours de passion. Mais Sam ne sait pas retenir Juliette. Et l’avion de celle-ci explose en plein vol. Pour Sam, c’est le début d’une improbable aventure dans laquelle il va apprendre à combattre la mort.

Surfant sur la vague du romantisme fantastique dont Marc Lévy a fait ses délices, Guillaume Musso livre un texte charmant. L’intrigue n’est pas très complexe, et parfois cousue de fil blanc, mais le tout reste sympathique à lire. Et il est même possible d’en retirer quelques réflexions intéressantes sur la mort et le long travail du deuil. Mais, comme souvent avec ce genre de texte, tout s’oublie très vite.

Publié dans Ma Réserve | Laisser un commentaire

Comment faire l’amour à un nègre sans se fatiguer

Roman de Dany Laferrière.

Deux jeunes noirs expérimentent la vie de Bohême dans un quartier pauvre de Montréal. L’un d’eux tente d’écrire un roman qui sera le récit de son existence. L’autre vit couché sur un divan, partageant son attention entre Freud, le Coran et l’amour. Mais pas n’importe quel amour: il lui faut des filles blanches pour se venger des siècles d’esclavage endurés par les noirs.

Ce livre est plein d’humour féroce. La connaissant plutôt bien, j’ai senti la ville de Montréal au détour de chaque ligne. Je le recommande !

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Un ciel de glace

Roman de Mirko Bonné.

1914, Merce Blackborro, un jeune Gallois épris d’aventure, embarque clandestinement sur L’Endurance, un bateau qui part en Antarctique, sous le commandement de Sir Ernest Shakleton. Rapidement déniché de sa cachette, Merce intègre l’équipage et devient l’assistant personnel de Shakleton. L’expédition, initialement bien menée, tourne au cauchemar. Pris dans les glaces de la mer de Weddell, le bateau dérive et finit par sombre. Prisonnier de la banquise, l’équipage débarque sur la banquise et cherche à survivre. A bord des canots sauvés de L’Endurance, les 28 marins tentent de rejoindre l’île Éléphant. Durant 635 jours, l’équipage lutte chaque jour contre le froid de l’hiver éternel et contre les caprices de la mer.

C’est un bon récit de voyage et d’aventure. L’auteur évite de surcharger son discours de termes nautiques. Le style est agréable et la lecture est aisée. Mais je recommande de garder une carte des mers australes à portée de main pour bien suivre le trajet des personnages.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Le testament d’un poète juif assassiné

Roman d’Elie Wiesel.

Paltier Kossover est un poète. Juif russe, il est partagé entre le communisme et sa fidélité au judaïsme. Des années 1920 à 1975, il traverse l’Europe et les grands conflits de ce siècle rouge. C’est son testament que son fils découvre, et avec cet écrit, c’est toute une philosophie qui le rattrape. Le jeune homme, héritier d’un univers mental exceptionnel, partage cette richesse poétique avec un veilleur de nuit, attendant vainement que sa mère le rejoigne en Israël.

Ce texte ne se lit pas sans une certaine concentration. Il est réellement superbe. L’alternance entre le récit du père et la narration du fils est habile, et cela ménage des passerelles entre passé et présent.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Les tribulations d’une jeune divorcée

Roman d’Agnès Abecassis.

Quand Déborah quitte Jean-Louis, elle pense retrouver son indépendance. Mais être une maman célibataire avec deux petites filles n’est pas de tout repos. Largement secourue par ses amies aux plans foireux, Déborah voit approcher la trentaine avec crainte. Le prince charmant, elle n’y croit plus. L’homme de sa vie, elle le cherche pourtant. Et il en faut du temps pour comprendre ce qu’on attend de l’autre.

C’est assez drôle. Les situations sont cocasses et les portraits sont faits au vitriol. Mais je n’en garde pas un souvenir impérissable. Ça se lit facilement.

Publié dans Ma Réserve | Laisser un commentaire

Toutes ces choses qu’on ne s’est pas dites

Roman de Marc Lévy.

La veille de son mariage, Julia Walsh apprend que son père ne sera pas présent. Pour une fois, il a une excuse imparable : il est mort. Julia annule donc ses noces avec Adam pour assister aux obsèques de son père. Le lendemain, Julia reçoit un cadeau de son père : un robot à son effigie qui lui offre une semaine de plus pour qu’ils se retrouvent enfin et surmontent les obstacles que 20 ans de silence ont accumulé entre eux. Cette semaine de retrouvailles les mènent sur les traces de Tomas, le grand amour de Julia, rencontré sur les ruines du mur de Berlin. Entre New York, Montréal, Berlin et l’Italie, les personnages se croisent et se poursuivent au rythme des jours de la semaine qui se succèdent.

Ce n’est pas le meilleur roman de Marc Lévy. Tout est cousu de fil blanc. On devine tout avec cinquante pages d’avance. Mais la narration est dynamique et je me suis laissée emporter par les rebondissements rocambolesques du texte. C’est une bonne lecture de vacances, pétillante et facile, mais très rapidement oubliée.

Publié dans Ma Réserve | Laisser un commentaire

La bête du Gévaudan

Roman d’Abel Chevalley.

Pierre-Alain Denis est un paysan du Gévaudan. Il fait le récit des agissements funestes de la Bête qui terrorise la région. Il raconte les battues, les massacres, les manigances. Sa famille est marquée par la Bête. Pierre-Alain ne propose pas de solution, il énonce simplement les faits, les allées et venues du monstre, les détachements envoyés de Paris par le Roi.

Construit comme les mémoires d’un paysan du Gévaudan, le récit est intéressant. Mais il me semble qu’un paysan à cette époque ne disposait pas de l’érudition dont le héros fait montre lors de son récit. Là où le texte devient intéressant, c’est quand le héros parle enfin de sa famille et de sa vie, en faisant le lien avec sa propre expérience de la Bête, délaissant le discours scientifique un peu abstrait et la chronique régionale.

Publié dans Ma Réserve | Laisser un commentaire

Le joueur d’échecs

Roman de Stefan Zweig.

Sur un paquebot, le narrateur rencontre l’illustre Czentovic, champion mondial des échecs. Le personnage est antipathique et désinvolte. Mais il accepte une partie d’échecs, seul contre tous. Un inconnu renverse le jeu, et pour la première fois de sa carrière, Czentovic n’est pas vainqueur. Qui est cet homme capable de renverser le maître du jeu ? Le narrateur lui demande son histoire. Cet homme a subi les expériences d’isolation absolue des nazis, et pour se sauver de l’ennui et du silence, il s’est absorbé dans la lecture d’un manuel d’échecs, jusqu’à la folie. Mais en est-il revenu ?

Superbe ! Rapide et efficace. J’ai été incapable de lâcher le livre avant la fin. Les phrases s’enchaînent et entraînent au dénouement, éclatant. Je me suis isolée dans la lecture de ce texte comme le personnage s’enferme dans la compréhension des échecs pour ne pas devenir fou.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Mademoiselle Liberté

Roman d’Alexandre Jardin.

Horace est marié, proviseur et professeur de philosophie. Sa vie n’est faite que de médiocrité calculée. Liberté Byron est jeune et passionnée. À 18 ans, elle voue son existence à la recherche et à la préparation d’un amour qui serait un chef-d’œuvre. Horace et Liberté vont s’aimer et partir en quête de la perfection amoureuse. Mais cette perfection est exigeante: pour Liberté, ce sera un chef-d’œuvre, sinon rien!

Court et efficace. Léger, mais peut-être un peu trop tarabiscoté par moment.

Publié dans Ma Réserve | Laisser un commentaire

La leçon

Pièce d’Eugène Ionesco.

La jeune élève est motivée, peut-être un peu lente. Le professeur est exigeant, mais une drôle de lueur brille dans ses yeux. La bonne, Marie, tente de prévenir, d’annuler, et finalement, c’est elle qui règle tout, comme toujours.

J’aime le théâtre classique, et je suis toujours très déstabilisée par le théâtre contemporain. La chute de la pièce est excellente, mais par moment, j’ai décroché. Il faudrait peut-être que j’assiste à une représentation pour mieux appréhender le texte.

Publié dans Ma Réserve | Laisser un commentaire

À rebours

Roman de Joris-Karl Huysmans.

Des Esseintes brûle sa jeunesse en alcool, en jeux, en passions et en femmes. Très vite usé et malade, il est pris d’un immense dégoût du monde. Il acquiert une demeure à Fontenay et souhaite y finir ses jours, retiré du monde et de son agitation pernicieuse, seul parmi ses collections. Cherchant le raffinement le plus poussé, il dédaigne les œuvres communes que le peuple plébiscite. Esthète et exigeant, il est en quête d’inédit, de fabuleux et de sublime. Mais il souffre: la névrose l’étreint, ses sens se dérèglent, sa raison s’affole. Rien ne peut apaiser ses douleurs, son immense fortune lui est inutile dans le combat face à la mort et l’ennui.

Voilà un texte très exigeant ! Il faut aimer les descriptions: le livre en regorge. On a l’inventaire de toutes les collections du personnage. C’est parfois long et étouffant. Mais la narration est en lien direct avec l’existence du personnage. À lire hors période de vague-à-l’âme…

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Une ardente patience

Roman d’Antonio Skarmeta.

Mario est facteur sur l’Ile Noire, au Chili. Son unique client est le poète Pablo Neruda. Le jeune homme un peu rustre et le poète se lient d’amitié. Au contact de Neruda, Mario apprend à séduire la très jolie Beatriz, la fille de l’aubergiste du village. Tout pourrait être un bonheur définitif, si le Chili ne vivait pas les dernières heures de sa démocratie. Le président Allende meurt, Pablo le poète décède aussi et Mario est en danger.

J’avais lu ce livre il y a bien longtemps. Je l’ai retrouvé dans ma bibliothèque en faisant un peu de rangement et je l’ai dévoré en une heure, au milieu de la poussière. Impossible de m’arrêter avant la fin. Et j’ai revu en images le superbe film de Michael Radford, avec Philippe Noiret et Massimo Troisi. Un livre qui se lit vite, qui s’impose par sa beauté simple et imagée. Je le recommande tout particulièrement.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Le père de la petite

Roman de Marie Sizun.

La petite, tout juste quatre ans, vit avec sa mère, une femme fantasque qui l’adore. Pour la petite, il n’y a qu’elles deux, et le bonheur au quotidien. Mais brutalement, la réalité et les contraintes font irruption dans l’existence simple et joyeuse de l’enfant. Nous sommes en 1944. Le père de la petite, prisonnier depuis des années, retrouve le foyer familial. Et l’ordre est bouleversé. Le lien d’amour fou et exclusif qui unissait la petite à sa mère se brise. La petite se met d’abord à haïr ce père qui lui vole l’affection de sa maman, à craindre cet homme aux colères terrifiantes, à détester cette rigueur qu’il impose dans son quotidien léger. Mais imperceptiblement, cette rage fait place à un sentiment puissant: la petite offre à son père un amour inconditionnel, fait d’admiration et de confiance. Le foyer recomposé et apaisé pourrait être heureux. Mais la petite, sans le comprendre, brise l’harmonie et fait partir ce père dont elle ne peut désormais se passer.

Court et efficace, il se lit vite. J’ai un peu buté sur la répétition de « la petite », mais c’est essentiel au récit. L’enfant ne s’appelle pas « France », mais « la petite ». Tout s’enchaîne à merveille. Le récit, du point de vue de la petite, est limpide comme l’est une conscience d’enfant. Tous les indices du drame familial sont habilement semés. C’est un texte qui se lit vite, mais il faut y prêter une grande attention et ne pas négliger la grande sensibilité qui transpire entre chaque phrase et chaque cri de la petite.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Saga

Roman de Tonino Bénaquista.

Louis, Jérôme, Mathilde et Marco sont réunis par une chaîne de télé qui leur commande un feuilleton de 90 épisodes, en leur laissant la plus totale liberté. Ayant les mains libres et l’esprit farfelu, les quatre scénaristes créent Saga, une série étrange et fascinante. Convaincus que personne ne prêtera attention à ce programme, ils laissent parler leur imagination et enchaînent des péripéties plus folles les unes que les autres. Leur surprise est totale quand on leur apprend que 20 millions de téléspectateurs suivent avec passion leur création. La pression monte, il faut rester à la hauteur de l’originalité qui leur a valu le succès. Mais comment achever Saga qui passionne tant les foules ?

Un excellent texte ! Le verbe de l’auteur est efficace, il fait mouche ! C’est drôle, dynamique et haletant. J’ai dévoré ça en quelques heures dans un train. Réellement génial !

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Sous un ciel de marbre

Roman de John Shors.

En 1632, l’empereur des Indes, Shah Jahan ordonne la construction du Taj Mahal. Ce superbe édifice en marbre blanc est un mausolée dédié à son épousé adorée, Mumtaz Mahal, morte en couches. L’empereur confie à sa fille, la jeune princesse Jahanara, la supervision des travaux. Elle est l’assistante de l’architecte Ustad Isa. Entre les deux êtres que la construction du sublime monument réunit, l’amour s’épanouit. Mais Jahanara est mariée, et elle est fille d’empereur. Les intrigues de cour se multiplient à mesure que l’empereur se laisse aller au désespoir. Un de ses fils, Aurengzeb, est déterminé à s’emparer du pouvoir, au détriment du prince héritier, Dara, un homme doux passionnée de religion et de science. Quand le fils rebelle monte enfin sur le trône, la vie de Jahanara est bouleversée. Son amant et son enfant lui sont arrachés. Elle choisit son devoir plutôt que son bonheur et reste aux côtés de son père. Seule face à tous, elle s’oppose à son frère, le nouvel empereur, avide de conquêtes, et ennemi juré des Hindoux.

J’ai beaucoup aimé cette fresque sur la construction du Taj Mahal. Je déplore quelques longueurs dans le récit, des répétitions. Mais dans l’ensemble, le roman se lit vite et bien. La magie de l’Orient opère, on se laisse enivrer de parfum et séduire par les concubines des harems décadents.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Autobiographie d’un amour

Roman d’Alexandre Jardin.

Après sept ans de mariage, Alexandre prend conscience que son épouse Jeanne n’est pas heureuse à ses côtés. Son couple a échoué. Il quitte alors les Nouvelles-Hébrides, sa femme et ses enfants. Deux ans plus tard, c’est Octave, le frère jumeau d’Alexandre qui fait son apparition. Subtilement, par le biais d’un jeu galant, il redonne confiance à Jeanne qui redécouvre sa féminité. Mais Octave est-il l’homme qu’il prétend être ?

Léger, subtil et drôle, encore un joli roman d’Alexandre Jardin. Même si je reconnais que ce n’est pas de la très grande littérature, j’ai passé un très bon moment à lire ce chassé-croisé amoureux. Ça se lit vite, parfait pendant les vacances !

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Le portrait de Dorian Gray

Roman de Oscar Wilde.

Dorian Gray est un être d’une beauté éclatante. Le peintre Basil a trouvé en lui son idéal, son modèle parfait. La pureté du jeune homme ainsi que sa sérénité vont vite se ternir au contact de Lord Henry, grand amateur de plaisirs et d’excès. Pour conjurer la menace du temps qui passe, Dorian fait un vœu: que son portrait vieillisse à sa place et porte les marques de ses vilenies. Par malheur, sa demande est entendue, et les ravages ne touchent pas que la toile.

Le récit est excellent! Une intrigue simple mais efficace. Un petit bijou de roman fantastique. Le film de Albert Lewin, réalisé en 1944, est également une superbe réussite !

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Joyeux Noël

Roman de Christian Carion.

Noël 1914. Dans les tranchées allemandes, françaises et écossaises, on tente d’oublier la guerre et le mal du pays. Et un miracle se produit: les soldats sortent des tranchées, rencontrent ceux d’en face et, pour un soir, fraternisent. Le lieutenant Audebert, le prêtre Palmer et le ténor Nikolaus fêtent un Noël sans précédent. Chacun sait que la trêve ne durera pas, et que l’horreur reprendra ses droits. Mais pour un soir, le miracle de Noël opère.

Une narration un peu chaotique, mais le sujet est superbe, les personnages très émouvants. Enfin un livre sur la guerre qui ne parle pas de la guerre.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Maria Chapdelaine

Roman de Louis Hémon.

Maria vit au Québec, auprès de ses parents, des colons qui affrontent placidement les rigueurs du pays. Trois soupirants tentent leur chance auprès de la belle et vaillante Maria : Eutrope Gagnon, un paysan voisin ; Lorenzo Surprenant qui rêve d’Amérique ; François Paradis, l’homme des bois. L’hiver se chargera de choisir pour Maria qui saura écouter la voix du pays, après avoir surmonté sa douleur.

J’ai beaucoup aimé ce très court récit. J’y ai revu le pays rude et sauvage, les grands froids et les dangers, et j’y ai retrouvé l’esprit des Québécois, si fidèlement attaché à leur terre et à leurs valeurs.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Éloge des femmes mûres

Roman de Stephen Vizinczey.

Andràs Vajda raconte ses aventures et succès amoureux. Sa préférence va aux femmes plus âgées que lui, celles qui ont une pratique certaine de l’art érotique et physique. Du haut de ses quarante ans, il raconte les femmes qui ont partagé son lit et ses plaisirs.

Je n’ai pas été enthousiasmée par ce livre qui a pourtant été encensé par la critique. Sympathique, mais l’auteur tombe assez vite dans l’écueil du tableau de chasse, laissant la pudeur et la délicatesse de côté. Je m’attendais à davantage de subtilité. Néanmoins, le verbe est fort et le style est assuré.

Publié dans Ma Réserve | Laisser un commentaire

L’Île des gauchers

Roman d’Alexandre Jardin.

Lord Cigogne cherche la réponse à ces questions: comment devenir l’époux de sa femme après avoir été son amant? Comment mériter son épouse et sauver son mariage? Comment célébrer l’amour? Pour répondre à tout cela, il embarque sa famille dans une montgolfière et aborde l’Île des gauchers. Ici, chacun ne vit que pour aimer, en refusant les normes asservissantes qui font que les droitiers sont tous des « mal-aimés ».

C’est frais, très drôle, et ça offre un regard sur l’amour et les relations de couple très original. On peut en tirer quelques idées voire quelques leçons… quand on a quinze ans. Au-delà, c’est assez creux…

Publié dans Ma Réserve | Laisser un commentaire

Lambeaux

Autobiographie de Charles Juliet.

L’auteur fait la biographie de sa mère, qu’il n’a pas connue. Puis c’est son histoire qui le préoccupe: son enfance campagnarde et sa formation d’enfant troupier. L’image de la mère, douce et présente, mystérieuse, initiatrice, ponctue chacun de ses souvenirs.

Très beau texte, poétique et émouvant. On découvre le traitement des internés dans les asiles, c’est à frémir. J’ai aimé la construction de l’autobiographie: le narrateur se raconte en parlant de la vie de sa mère. Ce texte des origines est un des meilleurs que j’ai lus.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Retour à Madison

Roman de Robert James Waller.

Robert Kincaid et Franscesca Johnson se sont aimés passionnément pendant quatre jours. Et Robert a repris la route et la photographie, laissant Francesca à son époux, à ses enfants et à sa ferme. Ni l’un ni l’autre n’ont pu s’oublier. Des années ont passé. L’heure est au bilan. Robert ne le sait pas: il a un fils qui le recherche. Et Francesca aussi est sur sa trace.

Moins intimiste que la première partie du récit, mais tout aussi émouvant. J’aime particulièrement le portrait fait des personnages, par touches légères, ce ne sont finalement que des esquisses, des ombres.

Et je recommande le film de et avec Clint Eastwood, et la belle Meryl Streep.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Les yeux jaunes des crocodiles

Roman de Katherine Pancol.

Joséphine décide de mettre son mari Antoine à la porte. Sa sœur Iris soupire après un ancien amant et prétend qu’elle va écrire un roman sur le XIIe siècle. Marcel est fou amoureux de Josiane, mais il ne peut pas quitter sa femme, Henriette. Hortense est une jolie jeune fille très ambitieuse, prête à tout pour réussir. Shirley dissimule un gros secret. Tous les personnes se suivent, se rencontrent, bouleversent les existences des uns et des autres.

Un roman dynamique, bien écrit, efficace et drôle. Parfait pour un long voyage ou pour une sieste tranquille sur un hamac. J’attends la suite, La valse lente des tortues.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Love story

Roman de Erich Segal.

Oliver Barrett et Jenny Cavilleri sont jeunes et ils s’aiment. Etudiant respectivement à Harvard et Radcliffe, ils se marient très jeunes. Malgré les difficultés du quotidien, ils vivent de peu et s’aiment à la folie. Leur amour est teinté d’humour et de conflits. Il semble que la vie s’ouvre devant eux, mais le destin vient s’en mêler.

Une histoire d’amour comme tant d’autres? Peut-être, mais je la trouve sublime. La narration est simple, directe. Pas de détour, pas d’introspection interminable. L’amour et rien que l’amour, voilà le sujet du livre.

Et je retiens cette phrase qui m’avait déjà profondément bouleversée quand j’avais vu le film de Leslie Arliss : « L’amour, c’est n’avoir jamais à dire qu’on est désolé. »

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Alexis Zorba

Roman de Nokos Kazantzaki.

Un jeune écrivain, hanté par le « Bouddha », hérite d’une mine de lignite en Crète. La veille de son départ, il rencontre un homme, Alexis Zorba. Âge d’une soixantaine d’années, cet homme n’est que vitalité et mouvement. Zorba, employé par l’écrivain, lui ouvre les yeux sur les vraies joies de l’existence.

Ainsi parlait Zorba aurait pu être le titre ce livre. A la fin de ma lecture, j’ai quelques difficultés à dire si j’ai aimé ou non. Les théories que défendent les personnages sont grandiloquentes, parfois un peu agaçantes. Mais il y a des passages sublimes. La narration se suit comme un mythe antique: des rebondissements, des héros, une fatalité qui pèse sur le quotidien. La description initiale qui est faite de Zorba met sans aucun doute le lecteur en présence d’un personnage dense et charismatique. « Je comprenais que Zorba était l’homme que je cherchais depuis si longtemps sans le trouver. Un cœur vivant, une large bouche goulue, une grande âme brute. » (p 20). Mais où va le livre? Je ne sais pas vraiment. On a la romance pathétique entre Zorba et la veuve, l’entreprise de téléphérique qui met tant de temps à aboutir, la visite au monastère, etc. J’ai eu l’impression de plusieurs histoires qui se regroupent autour d’un même personnage, mais sans autre lien, ni sans logique apparente. On m’a dit beaucoup de bien du film avec Anthony Quinn. Peut-être que la vidéo m’aidera à comprendre le livre.

Pour finir, un bel extrait, page 141: « Je me souviens d’un matin où j’avais découvert un cocon dans l’écorce d’un arbre, au moment où le papillon brisait l’enveloppe et se préparait à sortir. J’attendis un long moment, mais il tardait trop, et moi j’étais trop pressé. Énervé, je me penchai et me mis à le réchauffer de mon haleine. Je le réchauffais, impatient, et le miracle commença à se dérouler devant moi, à un rythme plus rapide que nature. L’enveloppe s’ouvrit, le papillon sortit en se traînant, et je n’oublierai jamais l’horreur que j’éprouvais alors: ses ailes n’étaient pas encore écloses, et de tout son petit corps tremblant, il s’efforçait de les déplier. Penché au-dessus de lui, je l’aidais de mon haleine. En vain. Une patiente maturation était nécessaire et le déroulement des ailes devait se faire lentement au soleil; maintenant, il était trop tard. Mon souffle avait contraint le papillon à se montrer, tout froissé, avant terme. Il s’agita, désespéré, et, quelques secondes après, mourut dans la paume de ma main. Ce petit cadavre, je crois que c’est le plus grand poids que j’aie sur la conscience. Car, je comprends bien aujourd’hui, c’est un péché mortel que de forcer les grandes lois. Nous ne devons pas nous presser, ne pas nous impatienter, suivre avec confiance le rythme éternel. »

Publié dans Ma Réserve | Laisser un commentaire