Recueil de nouvelles d’André Pieyre de Mandiargues.
Dans ce livre, vous trouverez :
- Un gros lapin roux adoré de sa jeune maîtresse,
- Une rencontre foudroyante dans une étrange boutique d’un passage nantais,
- Un homme nu et élastique dans le parc Monceau,
- La triste fin d’un troupeau de moutons noirs,
- Une maison de débauche où s’enchaînent les spectacles étranges,
- Des soirées macabres.
Dans ces textes, chacun dédié à des artistes, l’horreur est étrange, follement esthétique. « Un furieux désir de peau noire s’était emparé de toutes les femmes, et la jalousie des hommes crevait comme une pustule géante qui eût couvert tout le pays de débris ensanglantés. » (p. 185) L’on assiste à un défilé de monstres, à une parade sinistre d’êtres hybrides ou affreusement fardés ou dont les déviances morales effraient plus que les pires cauchemars. Le réel devient insolite, comme plus grand, plus fort ou difforme. La mesure n’a plus droit de cité. « Je me suis effrayé à l’idée de l’importance désormais acquise par tous les menus détails de cette sorte de diorama bizarre que je venais d’explorer. » (p. 108)
Le style est très tourné, avec des vocables peu communs : au-delà d’un goût certain du beau, l’auteur avait surtout la manie du mot juste et de la précision. Je retiens surtout la première nouvelle, et pas uniquement parce qu’elle parle d’un certain animal. « Cher beau lapin, je t’aime. » (p. 23) On y voit le sacrifice de l’enfance dans la violence et le sang, et la vengeance violente d’une innocence écartelée. C’est puissant et terrifiant.