En finir avec la culpabilisation – Sur quelques empêchements d’exister

Essai de Mona Chollet.

Séparée depuis peu d’un compagnon de longue date, autrice indépendante après des années de salariat, Mona Chollet a pris des décisions importantes. Ce qu’elle expérimente dans sa nouvelle vie, ce sont des pensées limitantes, hostiles et intrusives. Prenant conscience de ce qu’elle appelle son ennemi intérieur, l’autrice s’interroge sur les moyens de ne plus être toxique envers elle-même et elle explore les domaines où l’être humain s’inflige une terrible culpabilisation. « Quand aucun de nos comportements ne trouve grâce à nos yeux, on peut en conclure que nous ne sommes pas très sûr·es de notre légitimité à exister. Nous sommes convaincu·es de présenter un défaut, une déficience fondamentale, irrémédiable. Cette culpabilité s’insinue dans tous les recoins de notre psyché. Elle draine notre énergie en la retournant contre nous-mêmes. » (p. 18)

Quelques pistes à suivre pour se départir de la culpabilité auto-infligée :

  • Se départir des idées de faute morale et de péché portées par les religions ;
  • Cesser d’anticiper le pire ou de craindre un retour de bâton quand le destin nous est favorable ;
  • Pour les femmes, arrêter de se comporter comme si elles étaient des enfants ou d’éternelles subalternes ;
  • Consacrer son énergie à reconnaître sa valeur et combattre les poids des attentes patriarcales ;
  • Ne plus faire peser la honte sur les victimes – notamment en cas de violences sexuelles ;
  • Ne plus considérer les enfants comme mauvais par nature et nécessitant un dressage ;
  • Lâcher la grappe aux mères qui n’ont pas à être parfaites ;
  • En finir avec la tyrannie de la productivité et cette fichue valeur travail ;
  • S’accorder des siestes et s’autoriser la paresse ;
  • Écouter ses douleurs et combler ses besoins, se donner le droit de se préserver et de se mettre en premier ;
  • Se libérer des injonctions à la pureté militante et accepter ses contradictions.

Évidemment, Mona Chollet explique tout cela mieux que moi, avec force références ! Cette lecture est un indispensable, et surtout pour les femmes qui ont souvent une tendance à minimiser leurs réussites ou leurs efforts et à dramatiser leurs erreurs. Bref, cessons de nous faire du mal, soyons doux·ces avec nous-mêmes. Je vous laisse avec des extraits à méditer.

« Souvent, on s’excuse, non pas parce qu’on pense sincèrement être en tort, mais par simple tactique, pour survivre en milieu hostile. » (p. 42)

« Blâmer les victimes, trouver la moindre excuse aux agresseurs, c’est entériner le statut des femmes comme sujets dominés, comme sous-citoyennes qui n’ont pas droit aux mêmes prérogatives, à la même tranquillité, à la même liberté d’action et de mouvement que les hommes. » (p. 60)

« Quand le bien-être des enfants permet d’asservir les mères, il devient une cause sacrée. En revanche, face aux intérêts du père, il ne pèse pas lourd. » (p. 138)

« La culpabilisation crée une pression ; et l’une des manières de relâcher cette pression, […] c’est donc de la reporter sur les autres, de se montrer hypercritique à leur égard, histoire de se sentir soi-même normale par comparaison. » (p. 143)

« La seule raison de mon inquiétude, c’est que je reste persuadée que mon devoir est d’être productive, pas d’être vivante. » (p. 174)

« Le sentiment de devoir peut amener à se considérer comme personnellement responsable de tout ce qui va mal dans le monde, et à s’en vouloir quand on a l’impression de ne pas en faire assez pour changer les choses. » (p. 235)

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