Albums de Rob Reger.

Emily the Strange
Frange droite, tenue sombre, regard direct planté dans les yeux des autres, aucun sourire et une bande de chats noirs, voici venir Emily. Entre Wednesday Addams et Alice au pays des horreurs, l’adolescente se sait étrange et elle cultive sa différence. « Emily ne cherche pas à plaire, elle veut être. » Indépendante, parfois cruelle et résolument marginale, elle avance dans le monde avec ses chats qui lui sont aussi fidèles que ses ombres. Elle vous fait un peu peur, cette gamine gothique ? Votre instinct de survie est donc en parfait état de fonctionnement ! « Le songe d’Emily est votre pire cauchemar. »
Ce petit album en noir, rouge et blanc se lit avec plaisir. J’apprécie surtout le procédé d’impression qui oblige à bouger la page sous la lumière pour voir apparaître certains textes ou formes. Il s’agit de voir ce qui se cache sous l’évidence, de prendre le temps de découvrir et de révéler ce qui se tapit dans les recoins…

Cahier de l’Étrange
Entre son inquiétante et considérable collection d’arachnides et ses chats noirs, Emily assume son étrangeté et se régale de la répandre autour d’elle. Elle crée donc des zonsters, monstres très particuliers issus de son univers mental. « Emily voit le monde à travers une toile d’araignée. » La gamine nous entraîne avec elle dans ses labyrinthes intimes et réels. Et si vous trébuchez, tant pis pour vous ! « Peu importe là où tu vas pourvu que tu te perdes. »
To be strange or not to be, ça pourrait être la devise de l’adolescente gothique. La normalité, c’est ennuyeux après tout !

Doux cauchemars
Au gré des 13 cauchemars où nous plongeons avec – à cause ? – Emily, il y a toujours des éléments cachés à trouver dans la page, en jouant avec la lumière. Chats cornus, potions, inversions de la réalité, lapins roses aux dents aiguisées, toiles d’araignées : la machine à rêves noirs fonctionne à plein ! « Rien ne vaut d’être seul, à moins d’avoir une méchante jumelle. » Pendant que vous courez pour échapper aux monstres qui vous poursuivent, remarquez-vous les références qui ponctuent l’ouvrage ? Un peu de Stephen King par-là, une touche qu’Hokusai ici ou encore une note des Beatles… Non, vous courez encore ?
J’ai préféré ce petit ouvrage au précédent, notamment pour la très belle page découpée qui m’a surprise au milieu du livre. J’aime la manière dont le cauchemar est présenté et développé : c’est un moment, un mauvais moment à passer. « Si ton ombre commence un combat, éteins la lumière. » Parce qu’on se réveille toujours, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ?

Voir c’est décevoir
Emily, la jeune fille gothique à la franche droite et au regard sombre, n’a pas peur du noir. « Quand la lumière s’allume, Emily lui fait de l’ombre. » Ici, il s’agit de voir au-delà, derrière, partout… d’autant plus avec les pages découpées qui obligent à changer de point de vue. Oui, ça fait peur, évidemment ! Et ne vous frottez pas à la gamine si vous n’êtes pas prêt à en subir les conséquences. « Quand Emily voit rouge, tu vois des étoiles. »
Le procédé d’impression qui nécessite que nous fassions jouer la lumière sur la page pour révéler des éléments cachés colle parfaitement avec le titre de l’album. Après 4 albums mettant en scène cette héroïne, je ne suis pas lassée, mais je doute d’explorer davantage le monde de l’étrange Emily.
Ils me paraissent bien sympas !
Oui, ça se lit avec plaisir ! 🙂