Les enfants sont rois

Roman de Delphine de Vigan.

Kimmy Diore a disparu. L’enfant a six ans et tout le monde est mobilisé pour la retrouver. Clara Roussel est la policière chargée de la procédure : elle découvre progressivement que la petite, avec son grand frère, est la star d’une chaîne YouTube à 5 millions d’abonné·es. Au fil de l’enquête, la personnalité de Mélanie, la mère de Kimmy, se dessine : la jeune femme a toujours voulue être connue, à tout prix, quel que soit le média. « Mélanie Claux brandissait son statut de mère comme un étendard. Être une mère parfaite, irréprochable, telle était aujourd’hui sa principale identité. Son meilleur rôle. » (p. 165) Les jours passent, les pistes ne mènent à rien et Kimmy reste introuvable. L’argent gagné par les parents est-il le mobile ? Est-ce la jalousie d’une chaîne concurrente ? Qui en veut à la famille Diore et à l’adorable petite qui en est le visage ?

J’ai plongé dans cette enquête avec avidité. Les sujets sont graves : surmédiatisation des enfants, vide juridique autour du travail de ces derniers sur YouTube, maltraitance involontaire et aveuglement parental, rien de tout cela ne dresse un décor favorable au bon épanouissement de Kimmy et Sammy. L’obsession de la mère pour la célébrité est effarante : elle en oublie toute mesure et tout bon sens, convaincue de faire le meilleur pour les siens. « Mélanie Claux voulait être regardée, suivie, aimée. Sa famille était une œuvre, un accomplissement, et ses enfants une sorte de prolongement d’elle-même. » (p. 179) Aussi touchante qu’insupportable, la jeune femme est sans doute victime du miroir aux alouettes de la télé-réalité, mais elle est le bourreau domestique de ses enfants. La dernière partie du roman m’a moins convaincue que le dénouement de la disparition de Kimmy. La réflexion sur la liberté à l’ère de l’enregistrement-roi et de la caméra omniprésente est intéressante, mais j’aurais préféré que l’autrice développe les motifs de la disparition, qu’on reste plus près de l’enfant. Dans l’ensemble, cette lecture a été agréable : le style de Delphine de Vigan me laisse comme toujours assez froide, mais l’histoire est ici plutôt bien menée.

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