Orlando

Roman de Virginia Woolf.

Orlando a 16 ans, il est beau et promis à de grandes choses. Appelé à la cour de la reine Élisabeth, puis coqueluche de la cour du roi James, il rencontre une princesse russe qui lui brise le cœur, puis il dort 7 jours et se réveille avec une obsession pour l’écriture et la littérature. « Écrire, et plus encore être publié, était pour un gentilhomme, il le savait bien, une faute inexpiable. » (p. 60) Une nouvelle fois trahi dans ce qu’il a de plus intime, Orlando aspire à la solitude, uniquement entouré de ses chiens, puis à l’aventure loin du royaume d’Angleterre. Diplomate à Constantinople, il éblouit toutes les sociétés qu’il fréquente. Surviennent une nouvelle crise, puis un autre long sommeil, et voilà Orlando transformé. « Orlando était devenu femme – inutile de le nier. Mais pour le reste, à tous égards, il demeurait le même Orlando. Il avait, en changeant de sexe, changé sans doute d’avenir, mais non de personnalité. Les deux visages d’Orlando – avant et après – sont, comme les portraits le prouvent, identiques. » (p. 99) Métamorphosée à 30 ans, Orlando poursuit son chemin dans le monde et le temps, croisant les personnalités des époques qu’elle traverse. La voici rendue au début du 20e siècle, récompensée pour le texte qu’elle a tant amendé. « Voilà près de trois cents ans qu’elle travaillait sur ce manuscrit. Il était temps d’en finir. » (p. 16)

Dormir une semaine entière, se réveiller avec un autre sexe et vivre trois siècles, cela ne mérite pas qu’on s’y attarde. Ce sont à peine des péripéties dans la vie hors du commun d’Orlando. Le texte est présenté comme une biographie de ce remarquable personnage, et l’auteur s’adresse au lectorat en maintes occasions pour déplorer le manque d’archives et appeler à l’indulgence face au récit lacunaire. Le roman m’a d’abord follement emballée avant de me lasser progressivement, mais j’ai beaucoup apprécié le passage où Orlando tente de tromper son ennui abyssal par des dépenses folles pour meubler sa demeure. « L’amour et l’ambition, les femmes et les poètes, tout était également vain. » (p. 72) Impossible de ne pas penser au taedium vitae de l’extraordinaire De Esseintes, autre héros dandy dont l’existence n’est qu’un mouvement pendulaire entre excitation et retrait du monde. Décidément, de Virginia Woolf, je préfère les écrits non romanesques.

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