Le germe

Roman de Tarjei Vesaas.

Il est une île dans les eaux norvégiennes, un morceau de terre isolée où l’été inonde la nature de sa générosité. La journée est belle, entre deux périodes de moisson. Tout le monde vit un peu plus lentement, se repose et profite de la beauté de l’île. Il suffit qu’un bateau débarque un passager pour que l’image s’étoile et se fissure. « Un étranger arrivait ici, Andreas Vest, dans sa quête éperdue d’un coin de terre qui puisse le guérir. » (p. 16) Mais qu’importe son nom et qu’importe les traumatismes qui le tourmentent : il va porter atteinte à la sérénité édénique qui baignait l’île.

« Ils sont à mes trousses. Ils me mettront en pièces, dit le fou. Me mettront en pièces. Je ne veux pas. Je ne veux pas. » (p. 100) Évidemment, toute l’île part aux trousses du criminel et venge l’innocence assassinée. Au terme de la chasse à l’homme et de la curée, il reste la mort et la culpabilité. Car pour un crime, tout le monde s’est rendu coupable, tout le monde a vu éclore en lui le germe du mal. Où trouver refuge devant l’énormité de la vengeance ? « Quand les choses tournent vraiment mal, il faut rentrer chez soi. Les murs du foyer sont là pour vous protéger. / Non ! Dans ces cas-là, il faut s’enfuir. C’est ce que les gens font. / […] Je te le répète, ce sont les murs du foyer qui protègent, qui encerclent. Faute, chagrin, honte, que sais-je ? – le foyer se referme sur tout ça et l’assume. Il ne sombre pas pour autant. » (p. 120 et 121)

À bien y regarder, l’horreur a mis le pied sur l’île quand une truie a mangé sa portée nouvellement née. Et dans le huis clos édénique de l’île, il est impossible d’échapper aux tourments de la culpabilité. « Il fallait s’expliquer avec soi-même, sans aide aucune. » (p. 195) Le verger, la porcherie et l’île sont autant de décors monumentaux dans lesquels se déroule la tragédie de ce triste théâtre humain. Sous la plume de Tarjei Vesaas, l’Eden connait l’Apocalypse et la grange, rouge et immense, est le tribunal des âmes. En une journée, au terme d’un lent paroxysme, le paradis est massacré et le retour au calme n’effacera pas les sillons laissés dans le sol par la folie des hommes.

Immense conteur, Tarjei Vesaas presse lentement un sinistre ressort et ne le relâche pas. Le relâcher, ce serait une péripétie de plus. Le contenir, c’est s’assurer de l’entière attention du lecteur qui, à bout de souffle, nerveusement épuisé, atteint la dernière page et reste incrédule devant le dernier mot. Avec une économie de mots qui me surprend et me ravit toujours, Tarjei Vesaas prouve une nouvelle fois sa magnifique puissance d’évocation.

Lisez – oh oui, lisez ! – ses autres romans déjà présentés ici : Palais de glace et Les oiseaux.

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Abraham de Brooklyn

Roman de Didier Decoin.

Simon a quitté la France pour New York. Peu de temps après avoir accepté de travailler sur le pénible chantier de construction du pont qui doit relier New York et Brooklyn, il épouse Gelsomina, dite Mina. « Travailler sous la mer, pourquoi pas ? Aux aurores, dans le froid, presque à jeun, le cri des mouettes était propre, il y avait tant de blancheur dans cet ouvrage qu’on vous proposait – dans ces précautions que l’on prenait avec vous. » (p. 16) Simon espère gagner de l’argent très vite et quitter la grande ville, échapper à sa boue et se sauver du mal des caissons. Un soir, il rencontre Kate qui court pour échapper à la police. Jeune et mystérieuse, la fugitive s’empare de son cœur. Simon décide de tout faire pour la cacher, puis pour la sauver.

L’amour qui lie Simon à Kate est étrange. « Je t’aime, Kathleen, et je me cache en toi… » (p. 128) Alors que la jeune fille ne pense qu’en termes de désirs – appétit, sommeil, sensualité –, Simon sublime le sentiment et aime Kate comme une enfant. « Moi, je te veux pour petite fille, tu comprends ? Mina est ma femme, je ne peux rien changer à cela. Toi, tu es ma fille. » (p. 74) En adoptant cette fille au crime inconnu, Simon cherche à préserver la pureté qui manque tant à son univers d’eau saumâtre. Mais sa recherche est illusoire. « Simon, dit brusquement Kate, la pureté n’existe pas. Ce pays n’est pas pur, les gens non plus. » (p. 75) Qu’importe Simon veut sauver Kate. Sur un cheval immense, il emporte sa femme et celle qu’il considère comme sa fille : vers les étendues sauvages du nouveau continent, c’est là qu’est la rédemption. La fuite, entre conquête de l’ouest et pèlerinage, est un nouvel exode, une nouvelle alliance. « Ne dites pas que je blasphème… C’était une nuit pleine de brouillard. Et soudain, Kate fut devant moi, et je l’ai prise par le bras, et je l’ai entraînée… L’annonce faite à Abraham, voilà ce qu’il en est, et rien de plus. » (p. 146) Hélas, dans la Bible, l’on sait bien que Dieu demande à Abraham de sacrifier son enfant…

Ce roman est beau et puissant : ses accents bibliques, voire mystiques, en font une légende des temps modernes. Il est question de culpabilité, de rédemption et de liberté. Il n’est pas important de connaître le crime et le passé de Kate : ce qui importe, c’est que Simon/Abraham accueille la fugitive telle qu’elle est en son présent, sans dimension temporelle superflue : Kate n’est qu’immédiateté et présence palpable. Et cette acceptation totale, faite d’amour et de pardon inconscient, permet à Simon d’embrasser pleinement sa nouvelle identité, celle qu’il ne pouvait pas endosser à New York, cette ville de béton et d’acier qui n’est déjà plus faite pour les miracles.

J’ai découvert Didier Decoin avec John l’Enfer, autre texte sublime et étrange qui parle d’amour, de vertige et de sacrifice. Je vous conseille aussi La promeneuse d’oiseaux, charmante romance désespérée.

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Mme Boute-en-Train

Album de Roger Hargeaves.

Madame Boute-en-Train est toujours toujours toujours de bonne humeur. Et elle veut partager ça avec tout le monde. « Madame Boute-en-Train avait toujours quatre idées en tête : S’amuser. Danser. Faire la fête. Et inviter beaucoup de monde à ses fêtes. » Tant pis si Monsieur lui marche sur les pieds en dansant. Tant pis si Monsieur Endormi s’endort au milieu d’une rumba. Tant pis si Monsieur Grand casse une vitre. Madame Boute-en-Train est encore et toujours en forme pour s’amuser. Mais elle est maintenant la seule puisque tout le monde est fatigué !

Ah, les gens pleins d’entrain et d’énergie, jamais lassés, jamais fatigués… Ne sont-ils pas fatigants ? Soyez francs ! En fait, peut-être sommes-nous un peu jaloux, nous qui n’avons pas la même endurance et la même capacité d’amusement… Cette Madame Boute-en-Train est finalement très attachante et très sympathique, et son entrain est communicatif !

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Les trois poussins

Album d’Elisabeth Ivanovski.

Trois poussins que le temps gris attriste décident de partir chercher le soleil. En chemin, il demande à l’escargot, à la pie, à la cane, au lièvre, au hérisson et à la lune : mais où est le soleil ? « J’ai parcouru […] beaucoup de pays, mais le pays du soleil est si lointain que je ne l’ai jamais atteint. »Après un grand voyage, toute cette bande d’amis comprend que le soleil s’était endormi derrière un nuage. Tous ensemble, ils aident le soleil à se réveiller à retrouver son éclat.

Avec ses quarante centimètres de haut, cet album cartonné n’est pas facile à manipuler (ni à transporter dans le métro). Je me demande comment des petites mains peuvent tourner ces grandes pages lourdes. Et c’est un peu dommage, car les illustrations sont charmantes et naïves et c’est un plaisir de suivre la belle écriture cursive qui raconte l’histoire. Voici donc une lecture à faire à deux.

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Ambre

Roman de Kathleen Winsor.

Orpheline, Ambre Saint-Clare a grandi à la campagne. Quand elle rencontre Lord Bruce Carlton, sa vie tout entière prend un chemin nouveau : adieu la campagne, bonjour Londres. Sa très grande beauté et son inextinguible ambition sont des armes qu’elle manie avec talent. « S’il est une chose que jamais une femme ne pardonne à un homme, c’est de ne pas avoir envie de coucher avec elle. » (p. 95) Follement éprise de Bruce Carlton, elle est toutefois déchirée entre son amour pour lui et son désir de réussir à la cour du roi Charles II, revenu d’exil après quinze ans de puritanisme. Avide de vivre et de briller, Ambre connaît toutes les aventures et toutes les mésaventures : le théâtre, la prison pour dettes, la peste, le grand incendie de Londres, de nombreux mariages et des grossesses, des succès et des échecs. À la Cour, elle baigne avec plaisir dans les intrigues, les secrets et les complots. Son ambition ultime est de devenir la maîtresse du roi. Mais qui sait si cela lui suffira ?

Follement romanesque, voire picaresque, ce roman offre un bon moment de divertissement tant il est facile de prévoir qu’une péripétie va suivre un rebondissement. Mais je n’ai aucune sympathie pour l’héroïne qui n’est que caprice, égoïsme, ambition et manipulation. Intelligente et calculatrice, elle ne fait rien sans y penser à deux fois. « Il doit avoir l’intention de m’épouser. […] Personne ne fait des cadeaux semblables s’il n’a pas compté qu’ils lui reviendront. » (p. 575) Ambre est souverainement agaçante et il est des personnages d’aventurières bien plus plaisants. Elle m’a souvent rappelé Moll Flanders, la malheureuse héroïne de Daniel Defoe qui ne fait rien que créer son propre malheur. Ambre est une caricature de femme légère et croqueuse d’hommes. « Aucune femme n’est jamais satisfaite quand elle ne sait pas qu’elle peut faire souffrir l’homme qui l’aime. » (p. 745) Le roman en lui-même est plaisant car il peint avec animation l’effervescence de Londres, mais il est tout de même légèrement indigeste avec ses 890 pages.

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Billevesée #180

Encore un peu d’étymologie avec un autre terme emblématique des États-Unis, le motel.

C’est un mot-valise composé des mots « motor » et « hotel ».

Largement développé aux États-Unis, avec le culte de l’automobile et des voyages interminables, cette solution d’hébergement permet au client d’accéder à sa chambre d’hôtel en garant sa voiture directement devant la porte.

Alors, billevesée ?

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Dites aux loups que je suis chez moi

Roman de Carol Rifka Brunt.

Dans les années 1980, June est une toute jeune adolescente quand son oncle Finn décède, emporté par cette maladie encore inconnue, le SIDA. Ce qui lui reste de cet homme qu’elle aimait tant, c’est un tableau d’elle et de sa sœur Greta. Et des souvenirs qui sont surtout douloureux parce qu’ils ne seront jamais suivis de nouveaux souvenirs. Convaincue que sa sœur la déteste et délaissée par ses parents qui travaillent beaucoup, June s’isole dans sa mémoire et dans la forêt qui s’étend derrière le lycée. Elle se rapproche cependant de Toby, le petit ami de Finn. « Je savais que Toby était une mine d’anecdotes. Il possédait des petits morceaux de Finn que je n’avais jamais vus. […] Si l’on considère qu’une anecdote peut être comme un genre de ciment, celui qui ressemble à un glaçage de gâteau pas encore durci, alors je me disais que je pourrais utiliser les histoires de Toby pour maintenir Finn en place, pour le garder avec moi un peu plus longtemps. » (p. 110) Elle garde cette relation secrète et dissimule ses trésors au fond de son armoire : dans l’obscurité, ils n’ont que plus de valeur, mais ils deviennent aussi des monstres, des loups hurlants qui ne demandent qu’à déchirer à pleines dents les tendres sentiments d’une jeune fille. Entre naïveté et révélation, June et Greta, jetées hors de l’enfance, mais pas encore arrivées aux portes de l’âge adulte, apprennent l’amour, la solitude, la dissimulation et la grande complexité des sentiments.

Quel magnifique premier roman ! Il est empreint d’une violence délicate, presque ciselée, à l’image des émotions qui bouleversent les adolescents. Les loups qui courent dans ce récit sont la solitude, le chagrin, le deuil. Sont-ils tous effrayants ? Ce n’est pas certain. L’auteure décrit à merveille les relations difficiles entre sœurs, à un âge où l’individualité le dispute au besoin de compagnie. « Avec Greta, il faut chercher les gentilles choses enfouies sous le reste de ses méchancetés. » (p. 76) Et le SIDA est présenté avec son aura de mystère sordide et les croyances qu’il véhicule : peut-on l’attraper avec un baiser ? Peut-être. Personne ne sait vraiment. Et June, terrifiée par cette maladie à demi-mot qui lui a volé son oncle, mais encore plus enragée contre Toby, l’homme qui l’a rendu malade, doit composer avec le souvenir de Finn et la réalité de cet homme qu’elle ne connaissait pas complètement. « Je n’étais pas seulement triste parce que je ne faisais pas partie du monde de Toby et de Finn, mais parce qu’il y avait aussi des choses que j’aimais de Finn qui ne venait pas du tout de lui. » (p. 205)

J’ai lu ce roman lentement et intensément. Je vais en garder un souvenir durable et profond. Le style de Carol Rifka Brunt est intéressant, peut-être encore un peu balbutiant, mais elle a une plume qui, j’espère, va se consolider et porter une belle voix de la littérature de demain.

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La marquise de Sade

Roman de Rachilde.

Fille d’un colonel des hussards et d’une mère poitrinaire, Mary grandit au gré des changements de garnison. Vivement impressionnée par la mort d’un bœuf, cette enfant nerveuse et à la sensibilité bridée grandit en sachant qu’on l’aurait mieux aimée si elle avait été un garçon. Sa haine du mâle croît à mesure qu’elle comprend le pouvoir qu’elle peut avoir sur le sexe fort. « Elle semblait née pour jouer ce rôle de jolie cruelle avec ses yeux rapprochés comme ceux des félins, sa lèvre dédaigneuse et ses dents pointues férocement blanches. » (p. 181) Étrangement belle, elle déchaîne les passions pour mieux les piétiner et manipule jusqu’à l’extase l’époux et l’amant. « Rappelle-toi que je voudrai toujours ce qui m’arrivera, je suis la maîtresse de vos destinées ; et quand je ne t’aimerai plus, tu regretteras mon amour comme bientôt il regrettera la vie ! » (p. 286) Mary joue avec les désirs des hommes, avec leurs sentiments, considérant ses propres affections comme des faiblesses dont elle doit triompher. Plus guerrière qu’amante et plus chasseuse qu’amoureuse, cette femme aux froideurs brûlantes élève le sadisme féminin au rang de chorégraphie mortelle. « Où était le mâle effroyable qu’il lui fallait, à elle, femelle de la race des lionnes ? … Il était ou fini ou pas commencé. » (p. 303) Et il faudra bien que tout s’achève dans le sang !

Ce roman me faisait de l’œil depuis des années : son titre sulfureux annonçait des voluptés défendues et des frissons décadents. Avec son style vieillot et désuet à plaisir, le texte fait parfois sourire tant il est singulier de voir la pudeur avec laquelle son audacieuse auteure parle de passion physique et de violence. Il y a ici quelque chose de l’image d’Épinal : en vieillissant, le récit a figé des représentations charmantes et fausses qu’on ne voudrait pas corriger pour tout l’or du monde tant elles sont délicieuses et flattent une certaine idée de la France. « Jamais on ne prouvera aux cavaliers français que faire l’amour n’est pas la meilleure préparation à un combat meurtrier. » (p. 176) La gaudriole et la galanterie à la française sont légendaires et elles se heurtent et se brisent au contact du personnage féminin du roman. Nous sommes bien loin des petites filles modèles, des jeunes vertueuses ou des sages épouses. Même une marquise de Merteuil paraît fade en comparaison de Mary Barbe qui ne jouit pas des souffrances physiques, mais des souffrances morales qu’elle inflige à ses victimes.. « Elle savourait ces voluptés comme les chattes savourent le lait, la paupière mi-close et la griffe en arrêt, heureuse mais n’attendant qu’un prétexte pour lancer l’égratignure. » (p. 252) Savoir que l’enfance du personnage est fortement autobiographique fait regretter de ne pas avoir vécu à l’époque de l’auteure où l’on aurait pu croiser cette femme aux mœurs dont le raffinement le disputait à la décadence !

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Goodnight Moon – 1 2 3 : A Counting Book

Album de Margaret Wise Brown. Illustration de Clement Hurd.

  • Une grand-mère dans une chaise à bascule qui tricote.
  • Deux petits chats qui jouent avec une pelote de laine.
  • Trois oursons assis sur des chaises.
  • Quatre vaches qui sautent par-dessus la lune.
  • Etc., jusqu’à cent étoiles qui brillent doucement dans le ciel.

Parce que compter les moutons, ce n’est pas toujours suffisant, on peut aussi compter ce qu’il y a dans la chambre. Tout cela pour un petit lapin couché qui va bientôt s’endormir. « Goodnight stars, goodnight air, goodnight noises everywhere. »Les couleurs très vives de ce livre et la belle épaisseur des pages font de cet album un objet précieux et délicat qui accompagnera à merveille le coucher des petits. Et il y a à lire partout dans ce livre : sur la jaquette et sous la jaquette. Lire sous les couvertures, c’est bien un plaisir innocent !

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Le grand lion et le petit lapin

Conte adapté par Sylvain Alzial. Illustrations de Nicolas Duffaut. À paraître le 10 juin.

Un terrible lion sème la terreur dans la forêt et les autres animaux n’osent plus sortir de leurs abris. Pour calmer la bête, les animaux décident d’offrir un des leurs en offrande chaque matin, en échange de journées paisibles, sans danger et sans peur. « Voilà une proposition fort alléchante, Sanglier, que j’accepte à une seule condition : si jamais tu me mens, je vous mangerai tous ! » À la courte paille, c’est un petit lapin que le sort désigne. Loin d’être effrayé, le petit animal a une idée pour débarrasser la forêt du lion. Piquant sa vanité, le lapin met le lion en fâcheuse posture. La situation est inversée : les animaux de la forêt n’ont plus à avoir peur du grand fauve qui, penaud, se repent de ses cruautés passées et promet d’être un roi juste et bon.

Tiré du Kalîla et Dimna, recueil indien traditionnel qui a inspiré quelques-unes de ses fables à Jean de La Fontaine, ce conte a tout pour devenir un classique de la littérature jeunesse. Il n’y a pas de tyran qui ne se renverse et la force physique ne l’emporte pas toujours face à la force de l’intelligence. Les illustrations sont très modernes tout en conservant un je-ne-sais-quoi de suranné qui éveille la nostalgie des premières lectures. Et un petit lapin qui devient un héros, ça ne pouvait que me plaire.

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Petit Lapin Blanc fait du poney

Album de Marie-France Floury et Fabienne Boisnard.

Aujourd’hui, après l’école, Petit Lapin Blanc fait une promenade sur un mini-poney. Sa monitrice Amandine est très gentille et son poney Galipette est la plus jolie du manège. « La voilà qui trotte et … hop ! Petit Lapin Blanc en perd ses bottes. » Après la promenade, Petit Lapin Blanc apprend à brosser Galipette et il lui offre une carotte de son goûter. Faire du poney après l’école, c’est vraiment bien plus chouette que de faire ses devoirs.

L’intérêt de ce petit album, outre l’adorable bouille de Petit Lapin Blanc, c’est que les auteures utilisent le lexique de l’équitation avec pédagogie et simplicité. Le jeune lecteur apprend donc sans effort les différents éléments qui composent l’équipement du cavalier. C’est ludique, c’est mignon, c’est parfait.

Et vous noterez le nom du poney, hein !

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Les aventures d’Alice au pays des merveilles – Ce qu’Alice trouva de l’autre côté du miroir

Romans de Lewis Carroll.

Les aventures d’Alice au pays des merveilles

Alice ne s’intéresse pas vraiment au livre de sa sœur aînée. Alors qu’elle se demande si tresser une couronne de pâquerettes pourraient chasser son ennui, elle voit surgir un lapin blanc en gilet qui, l’œil rivé sur sa montre à gousset, se trouve bien en retard. La suite, tout le monde la connaît : Alice suit le lapin blanc, tombe dans son terrier et vit de folles aventures au pays des merveilles. « Il venait de se passer tant de choses bizarres, qu’elle en arrivait à penser que fort peu de choses étaient vraiment impossibles. » (p. 47) Elle rencontre de très nombreux personnages farfelus : le chapelier fou, le lièvre de mars, la Reine et le Roi de cœur, le Griffon et la Simili-Tortue ou encore le Chat du Comté de Chester. « J’ai souvent vu un chat sans un sourire, mais jamais un sourire sans un chat ! » (p. 107)

Il ne faut pas chercher de sens ou de logique, tout cela n’est qu’un rêve, un beau rêve imaginé par Lewis Carroll pour des petites filles. Cette histoire ne vieillit pas et ne lasse pas.

Ce qu’Alice trouva de l’autre côté du miroir

Un jour de novembre, alors qu’elle joue avec ses chattes – Dinah, Kitty et Perce-Neige –, Alice passe de l’autre côté du miroir et embarque pour une partie d’échecs au terme de laquelle, si elle gagne, elle deviendra reine. « J’ai entendu des absurdités auprès desquelles ceci paraitrait aussi raisonnable qu’un dictionnaire. » (p. 211) Elle discute avec des fleurs, avec Gros Coco, avec la Reine Blanche et avec la Reine Rouge, elle apprend le poème du Jabberwocky et elle participe au combat auquel se livrent des pions d’échecs. Mais finalement, tout cela est encore un rêve.

Cette histoire est plus sombre que la première. Alice a grandi et l’absurde est moins prononcé. À moins que le déjà-vu amoindrisse l’effet loufoque. Et je découvre que le dessin animé de Walt Disney mélange les deux textes en supprimant quelques séquences. Au terme de ma lecture, j’ai envie de revoir ce film qui, en dépit de ses raccourcis, reste un beau morceau d’enfance.

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Pilules bleues

Roman graphique de Frederik Peeters.

L’auteur raconte sa relation avec Cati, divorcée et mère d’un adorable petit garçon, tous deux positifs au HIV. « Lui et moi n’avons plus droit ni à l’exception, ni à l’insouciance… C’est terrible pour un enfant, non ? » (p. 82) C’est donc l’histoire d’un amour sous trithérapie, d’un amour qui ne flanche pas et d’un amour qui garde le sens de l’humour même quand la maladie s’impose comme un gros rhinocéros blanc au milieu de la pièce. « Je me suis dressé comme un phare… pour elle et parce que je savais que ça marcherait entre nous. » (p. 36) Le narrateur/auteur raconte la sexualité, entre complicité physique et peur de la contamination, la discipline hygiénique devenant une discipline amoureuse. « Mais la maladie ? Quel rôle joue la maladie dans notre amour ? » (p. 172) Il désamorce l’angoisse sans voiler la réalité et les impératifs de la maladie.

 Frederik Peeters parle de vie et de traitement, il répète la nécessité de s’informer pour faire reculer les idées toutes faites et permettre la compréhension et l’acceptation. « Je comprends que l’on puisse épisodiquement trouver éprouvant de regarder tous les jours sa maladie dans un miroir. » (p. 129) Oui, il est possible de vivre une belle histoire d’amour, une histoire qui a un avenir, avec une personne positive au HIV. Parce que même si la maladie ne peut jamais être mise de côté, il y a l’amour avant tout et c’est ça qui doit être le plus important. « Quel est ce genre de fille qui peut se permettre de boire du champagne dans une piscine avec un t-shirt mouillé, tout en restant classe et de bon goût ? » (p. 15)

Pilules bleues est une œuvre émouvante et nécessaire, pas forcément pédagogique, mais profondément riche en enseignements.

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Loin de la foule déchaînée

Roman de Thomas Hardy.

Bathsheba Everdene est une jeune fille d’une grande beauté. « Le sourire qui se dessinait au coin de la lèvre présageait pour l’avenir bien des cœurs brisés ou conquis. » (p. 11) Quand elle hérite de la ferme de son oncle, elle décide d’en prendre la tête et de la gérer à sa manière, sans intendant. Indépendante, déterminée et profondément honnête, elle dédaigne les jeux et les minauderies qui devraient la mener au mariage. « Chose étonnante, le flirt était bien loin de sa pensée, quoique sa conduite ressemblât fort à celle d’une coquette. » (p. 111) Pourtant, trois soupirants se disputent son attention : Gabriel Oak, berger travailleur et modeste ; M. Boldwood, exploitant riche et solitaire ; le sergent Francis Troy, connu pour ses amours avec une servante déjà enceinte de ses œuvres. Qui choisira Bathsheba après avoir déchaîné les passions ? « Vous pouvez traiter de fou celui qui ne demande qu’une seule parole sortie de votre bouche, un simple bonjour […] ; mais vous n’avez jamais été un homme perdu dans la contemplation d’une femme et d’une femme telle que vous ! » (p. 196)

Déjà enthousiasmée par Jude l’obscur et Tess d’Urberville, je suis subjuguée par ce roman de Thomas Hardy. Bathsheba est un personnage féminin particulièrement moderne pour son époque, ne considérant pas le mariage comme le seul avenir d’une femme convenable. Volontaire et intelligente, elle sait qu’elle doit faire ses preuves avec plus d’efforts pour être acceptée, en ayant parfaitement conscience des difficultés qu’elle rencontre. « Il est difficile à une femme d’exprimer ses sentiments dans un langage presque entièrement formé par les hommes pour exprimer les leurs. » (p. 407) J’ai une affection particulière pour Gabriel Oak. Le premier soupirant de Bathsheba, est un amoureux éconduit, mais humble et profondément fidèle. « Je veux, jusqu’à mon dernier effort, assister celle que j’ai si tendrement aimée. » (p. 274) Sa constance n’a d’égale que sa bonté et sa générosité. « Le bonheur de voir celle qu’il aimait effaçait presque la distance qui le séparait de celui de la posséder. » (p. 78)

Thomas Hardy parle d’amour en le dépouillant de ses guenilles romantiques pour le présenter comme la reconnaissance mutuelle de deux cœurs et de personnalités prêtes à s’engager sur le long terme, loin des feux tumultueux et éphémères de la passion. L’orgueil semble le principal ennemi d’un mariage réussi, la précipitation étant la seconde. L’auteur suggère qu’une affection durable ne peut naître que si on lui laisse le temps de dépasser les sentiments premiers et de se colleter avec les réalités brutales du quotidien.

Il faut également que je parle des descriptions de la sublime nature qui sert de cadre à cette histoire. Dans le Wessex, province imaginaire, les moissons sont aussi généreuses que les orages sont dévastateurs, les moutons ont une laine douce et neigeuse et les bosquets abritent une vie secrète foisonnante. Il se dégage un puissant sentiment de vitalité et de profusion, à tel point que l’on se croit plongé dans une nature primitive, à la fois abondante et cruelle, comme une sorte de nouvel Eden dont les manifestations puissantes rappellent les mouvements des cœurs des personnages.

J’ai bien hâte de voir le film de Thomas Vinterberg en juin, avec la talentueuse Carey Mulligan dans le rôle féminin principal !

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M. Bagarreur

Album de Roger Hargreaves.

Pourquoi la maison de Monsieur Bagarreur est-elle toute cassée, toute cabossée ? « Parce que Monsieur Bagarreur se bagarre avec elle, quand il n’y a personne d’autre avec qui se battre. » Il semble que ce petit personnage tout rouge et couvert de bobos a un certain problème de gestion de la colère. Mais c’est décidé, il veut arrêter de se bagarrer, il demande donc conseil au Magicien. Monsieur Bagarreur est plein de bonne volonté, mais sa nature belliqueuse n’est pas facile à apaiser !

Ce personnage de Roger Hargreaves n’est pas mon préféré, il est trop caricatural, et cet album manque un peu de l’humour un brin loufoque qui me plaît tant chez les Monsieur et Madame. Cette petite histoire reste toutefois une bonne lecture à partager avec des enfants bagarreurs.

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La nuit des enfants rois

Roman de Bernard Lenteric.

Fozzy est un ordinateur surpuissant, la machine la plus perfectionnée qui existe. On lui confie toutes sortes de calculs et de recherches. Dans les années 1970, il a été chargé d’identifier des génies parmi les enfants utilisant les ordinateurs mis à leur disposition. Il en trouve sept, sept enfants que Jimbo Farrar, le programmateur de Fozzy, va suivre discrètement pendant des années. « J’ai créé les Sept. Sans moi, ils n’existeraient pas. Je les ai aimées, et je les aime et je les aimerais toujours. » (p. 326) À l’âge de quinze ans, les Sept se rencontrent et se reconnaissent. Hélas, le soir de leur rencontre, ils sont attaqués. « Ce qui est arrivé à Central Park a scellé l’union des Sept. L’union dans la haine. » (p. 122) Ce cerveau collectif va se venger, d’abord par des crimes bancaires audacieux, puis en versant le sang des personnes qu’ils haïssent le plus. Jimbo Farrar, que les Sept surnomment l’Homme-Montagne, est-il de leur côté ou fera-t-il tout pour les arrêter ?

Ce roman m’a été fortement déconseillé par une collègue. Dans un élan de masochisme aigu, j’ai voulu me faire une idée. Le livre achevé, je me range aux conclusions de ma collègue. Je ne comprends pas les motivations des sept adolescents. Avant de se rencontrer et d’être attaqués à Central Park, ils nourrissent déjà un profond mépris pour le reste de l’humanité. « Il a environ cinq ans et son intelligence anormale est comme ce serpent lové qui attend. » (p. 30) Il est question d’une fureur adolescente qui se tourne soit vers son auteur, soit vers son environnement. Mouais… je n’accroche pas vraiment à cette psychanalyse de comptoir.

Les crimes des Sept sont odieux, cruels et sadiques. Mais ça n’empêche pas l’auteur de faire preuve d’humour potache trois lignes plus loin. Par ailleurs, il abuse des prétéritions : au lieu de saupoudrer le texte d’un suspense de bon aloi, elles désamorcent la tension et font du récit une suite de péripéties forcément attendues en dépit de leur caractère spectaculaire ou atroce. Autre bémol : le style est très inégal : ce qui pourrait être un récit policier ou de science-fiction assez honnête tourne parfois à la farce avec des expressions de ce genre : « Il était tellement ultra-perfectionné […] » (p. 9) Ne dirait-on pas la phrase d’un enfant convaincu que son jouet est meilleur que celui de son copain ?

Quant à la fin du récit… j’ai vu des soufflets retomber moins lamentablement ! Et que dire des incohérences ? Tout au long de l’histoire, on nous répète que Fozzy, le super ordinateur doué de parole, ne répond qu’à la voix de Jimbo : pourquoi et comment peut-il répondre à la voix d’un autre personnage à la dernière page du roman ? Et quel est l’intérêt de lui faire prendre la voix de personnages de cinéma ?

Vous l’aurez compris, je ne recommande pas ce roman qui a pris un sacré coup de vieux en dépit du succès qu’il a connu à sa sortie en 1982. Je n’ai pas passé un mauvais moment, non, parce que j’ai beaucoup ri devant la nullité de ce texte.

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Captain Carotte et son fabuleux zoo club

Bande dessinée de Roy Thomas (scénario) et Scott Shaw (dessins).

Un étrange rayon s’abat sur Terre : les humains frappés se comportent alors comme leurs ancêtres simiesques. C’est une mission pour Superman ! Mais en cherchant à localiser la source du rayon, il se retrouve dans une autre dimension, à Gnou York, sur une Terre peuplée d’animaux. Sur cette planète aussi, le rayon fait des ravages. Mais cinq animaux lambda, touchés par les débris d’une météorite, développent de super pouvoirs : voici Captain Carotte, anciennement Roger Radis, Americaniche, Carapax, Porcifer, Abrachatabra et Plasticanard. Face à cette nouvelle ligue de justicier, Superman est un peu perdu. « Je n’arrive toujours pas à croire tout ça ! Moi, dans un monde d’animaux de dessin animé ! / Avec tes cinq doigts, c’est toi l’animal ! » (p. 18) Mais il va rapidement comprendre qu’il peut compter sur ces nouveaux héros pour l’aider dans sa mission.

Dans la mission suivante, Porcifer décide de faire bande à part : appartenir d’un club, très peu pour lui. Il s’énerve un peu et fait du dégât dans les rues de Gnou York. Alors que ses compagnons essaient de le raisonner, le voilà kidnappé par Cagoulard, grand chef d’ACROSTIC, organisation criminelle qui cherche à recruter. Heureusement, l’esprit de groupe est le plus fort et les cinq justiciers sont finalement réunis pour de nouvelles aventures.

J’ai donc lu mon premier comics avec cet illustré foutrement drôle. Superman n’a pas vraiment le beau rôle au milieu de ce bestiaire en cape et collant. Les auteurs se moquent des codes de la bande dessinée et de la naissance des superhéros, ces personnages banals qu’un évènement extraordinaire et hautement improbable transforme en machine de muscle et de probité. Adeptes d’ironie, de parodie et de second degré, installez-vous confortablement et suivez les aventures de Roger Radis, alias Captain Carott !

Le meilleur dans tout ça ? C’est qu’il y a d’autres numéros de ce lapin en cape et combinaison moulante !

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La mort d’Olivier Bécaille et autres nouvelles

Nouvelles d’Émile Zola.

La mort d’Olivier Bécaille – Il ne bouge plus. Il ne respire plus. Il ne voit plus. C’est certain, Olivier Bécaille est mort. Et pourtant, il entend tout ce qui se passe dans la chambre. « La mort n’était donc pas le néant puisque j’entendais et que je raisonnais. » (p. 13) Il suit les préparatifs de son enterrement et entend le chagrin de sa jeune épouse. Alors, est-il vraiment mort ?

Nantas – Monté à Paris et dévoré d’ambition, Nantas est certain de faire fortune. Mais les portes ne s’ouvrent pas comme il le voudrait. Ah, il est prêt à se vendre si ça peut le faire réussir. « Il y avait chez Nantas une ambition entêtée de fortune qu’il tenait de sa mère. C’était un garçon de décision prompte, de volonté froide. » (p. 38) Voilà que se présente une femme qui lui propose de se marier : se faisant, il assure sa propre fortune et il sauve une jeune fille. Mais ce marché ne serait-il pas de dupes ?

L’inondation – Il est une famille de fermiers prospères sur les bords de la Garonne. Les récoltes sont exceptionnelles, le bétail est gras, les mariages sont heureux et les enfants sont nombreux. Pas de doute : cette famille est bénie de Dieu. Hélas, la cruauté du sort va s’acharner sous la forme d’une inondation. « Nous entendions le gémissement sourd de la maison pleine d’eau, sonore, avec ses cloisons qui craquaient déjà. »(p. 83) Réfugié sur le toit de sa demeure, le patriarche se demande s’il va tout perdre, s’il est possible d’espérer en la clémence divine.

Les coquillages de M. Chabre – M. Chabre est un vieux marchand de grains enrichi après des années de négoce. Hélas, son mariage avec la jeune et belle Estelle reste sans enfant. « Un homme qui a gagné cinquante-mille francs de rentes a certes le droit de s’étonner qu’il soit plus difficile d’être père que d’être riche. » (p. 95) Selon les conseils d’un médecin, le couple part en Bretagne où M. Chabre va se bourrer de coquillages soi-disant dotés de vertus fortifiantes. Évidemment, la rencontre d’un jeune Breton, blond et fort, n’aura aucun rapport avec la future grossesse de la belle épouse Chabre.

Quel plaisir de retrouver mon Émile dans ces textes courts où il a déployé tout son talent : en quelques mots, il plante un décor et campe des personnages. Le lecteur n’a qu’à se laisser aller et à suivre les intrigues. Zola avait un don pour saisir le ridicule des bourgeois, des nouveaux riches et des maris cocus. Mais il est impossible de ne pas sentir la tendresse qu’il nourrit pour les personnages qu’il soumet aux pires avanies. Comme toujours avec Émile Zola, j’en demande encore.

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Best love Rosie

Roman de Nuala O’Faolain.

Rosie a parcouru le monde entier, vécu de grandes expériences et de puissantes amours. À 55 ans, elle décide de revenir à Kilbride, petit coin d’Irlande, pour s’occuper de sa tante Min, dépressive et un peu trop portée sur la bouteille. « Min avait été une mère pour moi dès la semaine de ma naissance, mais aucune loi n’oblige à comprendre sa mère, et encore moins une tante qui a pris le relais à la mort de sa sœur. Alors je pensais, sans ressentiment : Elle, ça ne l’ennuie pas de ne pas me comprendre. » (p. 22) Et, de fait, Rosie et Min ont bien des difficultés à cohabiter. Ayant accepté un travail d’écriture, Rosie se rend pour quelques jours à New York pour discuter du contrat, mais elle ne s’attend pas à ce que Min la rejoigne et encore moins qu’elle veuille rester en Amérique, prouvant ainsi qu’elle est tout à fait capable de s’occuper d’elle-même sans l’aide de sa nièce. De retour en Irlande, Rosie s’éprend de la maison abandonnée dans laquelle sa mère et sa tante ont grandi. Dans cette ruine, en compagnie d’une chienne à moitié sauvage, Rosie fait le bilan de son existence : l’amour physique lui manque, le temps la prend en traître et l’ombre de la mort n’est pas si loin. « Il n’y a rien d’amusant à se trouver encore jeune quand tout le monde vous trouve le contraire. » (p. 142)

Indépendante et volontaire, Rosie a mené sa vie à sa guise, cueillant les rencontres comme autant de fleurs rares. Mais la cinquantaine est un rappel à l’ordre : qu’a-t-elle gagné ? Qu’a-t-elle perdu ? Faut-il regretter ? Si oui, comment compenser les manques ? « Cette chose qui m’avait laissée avec des amis partout et nulle part, que j’avais volontairement payée de ma solitude, c’était la liberté de poursuivre le merveilleux. » (p. 410) En rentrant au pays, sous couvert de s’occuper de sa tante, Rosie pensait dresser un rempart contre la solitude en la personne de Min, mais la vieille femme a encore du ressort et elle se découvre une nouvelle jeunesse là où Rosie aurait préféré trouver du calme et une résignation sereine. « La dure leçon du temps sur l’impuissance d’autrui à apaiser notre souffrance se rappelait à moi. » (p. 520) Entre Rosie et Min, il y a un amour filial/maternel qui joue à cache-cache. Parce que dire ses sentiments, c’est reconnaître le besoin qu’on a de l’autre et ça rend vulnérable des femmes fortes comme Rosie et Min.

Cette histoire est profonde et riche de réflexions sur le temps, ses blessures et ses renoncements, mais je suis probablement trop jeune pour en saisir tous les enjeux. Sans vraiment m’ennuyer, je n’ai pas toujours saisi le sens des pensées de Rosie, me sentant plus proche de Min et de ses excentricités de vieille dame saupoudrées d’impudence adolescente. Voilà un livre à relire dans une vingtaine d’années.

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Billevesée #178

Billevesée intéressée aujourd’hui.

Je cherche cette affiche depuis des années.

Hein qu’il est beau, ce lapin !

Si vous savez où la trouver, si vous en avez une à donner ou à vendre, contactez-moi en commentaire et on discutera.

Merci d’avance pour votre aide !

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Madeleine Ferrat

Roman d’Émile Zola.

Pour échapper à un tuteur trop pressant, Madeleine Ferrat s’échappe et se donne à un jeune homme. Pendant un an, ils vivent ensemble jusqu’au jour où Jacques part en Cochinchine, laissant Madeleine seule et perdue. « Peu à peu, elle accepta sa position. Son esprit se salissait à son insu, elle s’habituait à la honte. » (p. 64) Elle rencontre alors Guillaume de Viargue, jeune noble à la nature faible, avide de tendresse. Ensemble, ils s’apaisent et s’offrent un réconfort mutuel, finissant même par s’aimer sincèrement. « Il leur suffisait de vivre seuls, face à face, et de se donner le calme de leur présence. » (p. 143) Mariés et parents, ils vivent heureux pendant quatre ans jusqu’au retour de Jacques qui est également l’ami d’enfance de Guillaume. L’irruption du jeune homme brise la félicité dolente des époux et jette en leurs cœurs une épouvante mêlée de culpabilité et de rancœur.

Il n’est pas question de l’atavisme tant développé dans la série des Rougon-Macquart, mais Émile Zola explore ici une autre théorie pseudoscientifique, celle de l’imprégnation voulant qu’une femme reste à jamais marquée par son premier amant et que son premier enfant aura nécessairement les traits de ce dernier. « Lorsque Madeleine s’était oubliée dans les bras de Jacques, sa chair vierge avait pris l’empreinte ineffaçable du jeune homme. […] On eût dit que Jacques, en la serrant sur sa poitrine, la moulait à son image. » (p. 216 & 217) Grosso modo, avec Zola, la femme est une pâte à modeler, une pauvre chose malléable. Charmant, n’est-ce pas ?

Cela dit, si je passe outre l’agacement qu’a causé cette absurde théorie hautement misogyne, j’ai passé un très bon moment avec la plume de cet auteur : il sait comme peu d’autres peindre les sentiments complexes de la nature humaine et parler des tourments de l’âme. Il a écrit un remarquable personnage secondaire en la personne de Geneviève, la domestique protestante qui ne parle que de damnation et de châtiment.

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Le scarabée d’or, suivi de La lettre volée

Nouvelles d’Edgar Allan Poe.

Le scarabée d’or – Legrand vit presque reclus sur l’île de Sullivan, en Caroline du Sud, avec le nègre Jupiter pour compagnie. Son ami, le narrateur, s’inquiète des sautes d’humeur du jeune homme, anciennement riche et désormais ruiné. Quand Legrand trouve un scarabée à la carapace dorée, il est certain que sa fortune est faite. « Je ne doutais pas que Legrand n’eût le cerveau infecté de quelqu’une des innombrables superstitions du Sud relatives aux trésors enfouis, et que cette imagination n’eut été confirmée par la trouvaille du scarabée. » (p. 30) Derrière l’apparente folie de Legrand, il y a un code à déchiffrer et un palpitant mystère.

La lettre volée – Une lettre compromettante a été dérobée dans des appartements royaux et le voleur use de son funeste pouvoir pour menacer les parties concernées. Le mobile est clair, les victimes également. Ce que personne ne sait, c’est où est cachée cette lettre. « Peut-être est-ce la simplicité même de la chose qui vous induit en erreur. […] Peut-être le mystère est-il un peu trop clair. » (p. 65)Le policier chargé de cette affaire a beau faire, le mystère reste entier.

Le mystère est le point commun de ces deux textes : qu’il s’agisse d’un code à craquer ou d’une évidence à dévoiler, Edgar Allan Poe noue deux intrigues si bien ficelées que le dénouement seul apporte un éclaircissement. Dans les deux cas, le plaisir n’est pas tant de comprendre le mystère, mais d’observer comment l’auteur l’a élaboré.

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La Pleurante des rues de Prague

Récit de Sylvie Germain.

« Et le livre qui suit, n’étant composé que des traces de ses pas, s’en va lui aussi au hasard. » (p. 17) La narratrice évoque une femme, une boiteuse qui apparaît parfois dans les rues de Prague. « Mais comment rédiger une chronique des déambulations d’une inconnue qui ne surgit que par intermittence dans l’espace du visible ? » (p. 18) Cette inconnue sans visage, aux sanglots infinis, convoque la présence d’autres souffrants, disparus ou perdus. La Pleurante des rues de Prague est une passeuse de douleurs et de souvenirs. « Ce sont les larmes d’inconsolés qui bruissent dans le grand corps immatériel de la pleurante des rues de Prague, et ces inconsolés sont aussi bien des vivants que des morts. » (p. 39) En suivant cette boiteuse qui porte sur elle et en elle toutes les peines du monde, on découvre un itinéraire secret de la ville tchèque et on est précipité dans une Europe sur laquelle sont retombées les cendres de trop nombreuses étoiles jaunes.

Ce récit, compilation des apparitions de cette géante claudicante, touche à la mystique et à la métaphysique. Il a des allures de contes, tant dans l’apparence que dans la progression. La Pleurante est une allégorie de la douleur et de la pitié. « Elle n’était pas née d’une femme, mais de la douleur de tous et de toutes. » (p. 34) En essayant de saisir la silhouette de la Pleurante, l’auteure montre un corps incertain fait de mémoire. « Elle n’est cependant nullement un fantôme, une fossilisation du passé. Elle n’est pas davantage une prophétesse. Elle n’annonce rien. Elle est la peau du temps ; du temps qui passe et glisse et disparaît […]. Elle est la peau du temps, du temps des hommes. […] La peau du cœur humain. » (p. 60) Sylvie Germain tisse délicatement une réflexion sur les absents et les disparus et sur le gouffre qu’ils laissent en ceux qui restent, rappelant que l’humain n’est qu’incertitude et fugacité.

La Pleurante des rues de Prague est à mettre en regard de l’essai de cette auteure, Mourir un peu. Ces deux textes sont saisissants de beauté, étourdissants de sublime.

Lisez les romans de Sylvie Germain, je vous promets de belles heures et des éblouissements.

Le livre des nuitsJours de colèreTobie des maraisChanson des mal-aimants

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Le singe, suivi de Le chenal

Nouvelles de Stephen King.

Le singe – Ce singe musicien à la mécanique cassée, Hal pensait s’en être débarrassé. « Il l’avait en horreur, cette peluche douce, râpée par endroits. […] Ce n’est pas possible que tu sois là, murmura-t-il. Je t’ai jeté dans le puits quand j’avais neuf ans. » (p. 13) Et pourtant, le vieux jouet est bien là, au grenier. Hal sait qu’à chaque fois que le singe fait battre ses cymbales, un malheur se produit. Il ne laissera plus le jouet s’en prendre aux siens.

Le chenal – Stella n’a jamais traversé le chenal : elle a passé toute sa vie sur l’île. « Tout ce que j’ai jamais désiré, tout ce dont j’ai eu besoin était ici, leur expliquait-elle. Nous avions la radio et maintenant nous avons la télévision, et c’est tout ce que je veux avoir du monde de l’autre côté du détroit. » (p. 78) Elle s’est mariée, a eu des enfants, des amis. Certains sont partis depuis longtemps. Alors qu’elle atteint le crépuscule de sa vie, elle se décide enfin à traverser le chenal, en pleine tempête de neige.

Ces deux nouvelles explorent deux univers de Stephen King. Dans la première, on touche à l’horreur du quotidien et aux objets maléfiques. Dans la seconde, on entre dans l’outre-monde, là où les morts sont bien vivants. Si le premier texte est clairement horrifique, le suivant joue sur les croyances et les espoirs. L’un comme l’autre sont excellents et prouvent que le King excelle dans la concision.

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Petit enfer dans la bibliothèque

Tome 1 : L’affaire Jane Eyre – Tome 2 : Délivrez-moi ! – Tome 3 : Le puits des histoires perdues – Tome 4 : Sauvez Hamlet ! – Tome 5 : Le début de la fin – Tome 6 : Le mystère du hareng saur

Roman de Jasper Fforde.

Les OpSpecs ont été réhabilités et Thursday Next est persuadée qu’elle va obtenir la direction de l’OS-27, chargée des questions littéraires. Malheureusement, sa semaine ne va pas du tout commencer comme elle l’entendait. « Une semaine qui avait débuté par une expédition à Swindon pour y dénicher un boulot et s’était terminée par des torrents de feu purificateur tombant des cieux, une révision du budget opérationnel des services des bibliothèques du Wessex et par la mort de Gavin Watkins abattu d’un coup de feu par mon fils. » (p. 13) Il y a une autre apocalypse qui se prépare, Goliath n’en finit pas d’échafauder des coups fourrés et Thursday se débat avec des Thursday artificielles qui voudraient prendre sa place. Elle cherche aussi à se débarrasser du virus mental que lui a inoculé Aornis Hadès tout en essayant de convaincre sa fille, Tuesday, de mener l’existence normale d’une adolescente et de lâcher un peu ses mathématiques. Elle doit en même comprendre pourquoi son vieil ennemi, Jack Maird, détruit de très vieux livres et qui cherche à faire quoi avec la Matière Noire de la Lecture. Une semaine musclée en perspective, donc, mais c’est l’ordinaire quand on s’appelle Thursday Next.

On va dire que je ne suis jamais contente… Dans le tome précédent, je déplorais que l’intrigue se déroule presque exclusivement dans le Monde des Livres. Ici, c’est bien le contraire : pas une seule incursion dans les bouquins. Ce septième volume des aventures de Thursday Next reste dans l’univers de la fantasy, mais avec un penchant certain pour la science-fiction et les histoires de voyage dans le temps. « On prétend que l’industrie du temps fut supprimée parce qu’elle s’était avérée impossible à créer. » (p. 277) Petit enfer dans la bibliothèque reste un très bon thriller, parfaitement rythmé, toujours drôle, mais il me manque le grain de folie propre aux rencontres avec les personnages de fiction. Le tome 8 n’est pas encore traduit, mais son titre, Dark Reading Matter, laisse espérer quelques promenades du côté de la Grande Bibliothèque. Croisons les doigts – pas les flux, ça porte malheur !

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Les ours à la rescousse

Album jeunesse.

Racaille, Bastien et Bruno s’amusent tranquillement quand ils apprennent qu’un ourson est en fâcheuse posture dans un arbre : il est accroché à une branche par les bretelles de son pantalon. Vite, les bons amis aident le petit ours à descendre de cet arbre. Ah, ils sont bien courageux ces petits oursons.

L’histoire est simple et plaisante, mais il faut surtout s’attarder sur les illustrations. Ne sont-ils pas A-DO-RA-BLES (et je pèse mes syllabes) ces ours en peluche raccommodés avec des morceaux de tissu ? L’un porte un canotier, l’autre un chapeau mou, celui-ci un bob et celui-là un chapeau de paille.  Les illustrations pastel sont tendres et doucement nostalgiques. C’est un plaisir pour les yeux !

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Le restaurant de l’amour retrouvé

Roman d’Ito Ogawa.

Quand son petit ami la quitte en vidant leur appartement, Rinco perd sa voix. « Ma voix était devenue transparente. » (p. 18) Il ne lui reste qu’une jarre de légumes en saumure, un panier et un cœur brisé. Désemparée, elle retourne dans son village natal, auprès de sa mère qu’elle n’apprécie pas vraiment. Pour reprendre sa vie en main, elle décide de mettre à profit ses talents culinaires et d’ouvrir un restaurant dans l’annexe de la maison familiale. « Mon restaurant, je voulais en faire un endroit à part, comme un lieu déjà croisé mais jamais exploré. Comme une grotte secrète où les gens, rassérénés, renoueraient avec leur vrai moi. » (p. 59) Avec l’aide d’un vieil ami, elle met en œuvre son projet. Rapidement, il se murmure que quiconque mange les plats préparés par Rinco voit ses rêves d’amour prendre forme. Son succès professionnel est entier, mais il lui reste à guérir son cœur et à l’ouvrir à sa mère.

Il est ici question d’une soupe d’amour, d’un lapin anorexique et de précieux petits bonheurs. « La moindre petite chose me donnait envie de déposer un baiser sur la joue du Bon Dieu. » (p. 71) Abattue, mais pas vaincue, Rinco poursuit obstinément son voyage vers la sérénité et la paix. Son fanal, c’est son talent aux fourneaux. « Cuisiner était, dans mon existence, comme un arc-en-ciel fragile qui flotterait dans la pénombre. » (p. 13) En nourrissant proches et inconnus, elle fait plus que rassasier des estomacs, elle caresse des âmes et enchante des esprits.

Le style est simple, souvent pauvre et flirte avec l’oralité du témoignage : il s’accorde bien avec les balbutiements d’une voix qui cherche son propre écho. L’histoire est jolie, réconfortante et spirituelle à plus d’un titre, sans philosophie de comptoir ou réflexion biscornue : il n’est question que d’évidences, mais celles-ci échappent parfois à l’œil qui se perd dans ses larmes.

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Billevesée #177

Lire, relire, c’est toujours lire.

Aujourd’hui, je ne me casse pas la tête, je vous invite à découvrir ma nouvelle page dédiée à mes relectures.

Alors, billevesée ?

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Hamlet

Tragédie de William Shakespeare.

Sur les remparts du château d’Elseneur, des gardes affirment avoir vu le spectre du défunt roi. « Quel sens particulier donner à ceci ? Je n’en sais rien ; mais, à en juger en gros et de prime abord, c’est le présage de quelque étrange catastrophe dans l’État. » (p. 11) Hamlet, prince de Danemark, est le fils du roi trépassé et le neveu du nouveau souverain, Claudius. Ce dernier a épousé Gerturdre, la veuve de son frère, qu’union qu’Hamlet désapprouve vivement. Quand il rencontre à son tour le spectre de son père, il se met en tête que son oncle est un assassin et qu’il a commis un régicide pour accéder au trône. L’honneur lui ordonne de venger son père, mais Hamlet recule, pense, réfléchit, pèse les pour et les contre tout en nourrissant en son cœur une haine farouche envers son oncle et sa mère. « Que le lit royal de Danemark ne soit pas la couche de la luxure et de l’inceste damné ! » (p. 30) Ailleurs, dans une chambre du palais, Ophélia, la fille du chancelier Poloniusne sait si elle doit croire aux déclarations du prince ou se garder de sa folie apparente.

Hamlet est une figure de l’indécision : alors qu’un coup d’épée ou une question pourrait tout changer, il diffère. Et cette tragique procrastination permet à toute l’intrigue de se nouer jusqu’aux drames finaux. Je ne suis pas friande des tragédies de William Shakespeare que je trouve plus lugubres que grandioses. Je préfère de loin ses comédies ou ses poèmes.

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Superlapin

Album jeunesse de Stephanie Blake.

Il suffit d’une cape et d’un loup et un petit lapin devient Superlapin ! Le voilà qui jaillit des couvertures, prêt à toutes les aventures ! « Mais enfin, chère mère, je ne suis pas un petit lapin, je suis Superlapin ! Les Superlapins attrapent les méchants, vous savez bien ! » Mais reste-t-on un Superlapin quand on a une vilaine écharde dans le doigt ? Après tout, pourquoi pas !, tant que le pouvoir de l’imagination est intact !

Aujourd’hui, je comble une lacune en découvrant le petit lapin aux longues oreilles de Stephanie Blake. Je ne le trouve pas vraiment mignon – il faut dire que j’ai des critères assez stricts – mais il est très drôle et il m’a fait penser à un de mes petits-cousins !

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