Pauvre Miss Finch

Roman de Wilkie Collins.

Mme Pratolungo, veuve, française et républicaine, entre au service de Lucilla Finch, une jeune aveugle au caractère très sensible. « Mon amour seul me fait vivre. Et mon amour est lié à mon infirmité. » (p. 537) Lucilla s’est éprise d’Oscar, un jeune inconnu au passé sombre. Sourde aux mises en garde de sa dame de compagnie, la jeune aveugle veut croire à son bonheur, mais elle est sans cesse convaincue que son entourage se joue d’elle. « Vous ne pouvez imaginer combien il est dur de se croire trompée quand on est une aveugle. » (p. 143) Quand arrive Nugent, le frère jumeau d’Oscar, les choses se compliquent au sein d’un triangle amoureux pervers. Et tout menace d’être dévoilé puisqu’un médecin allemand est convaincu de pouvoir rendre la vue à Lucilla. Une fois l’opération achevée, Lucilla doit réapprendre à voir, au propre comme au figuré, et déterminer ce qui la trompe, à savoir ses yeux, ses mains ou son cœur.

Mme Pratolungo est un personnage insupportable : donneuse de leçons et sans cesse convaincue de sa supériorité, elle pointe du doigt tous les défauts de son entourage sans voir les siens. De plus, je ne comprends pas ce qu’apporte au récit le fait qu’elle soit révolutionnaire et socialiste. Pourquoi l’auteur a-t-il de ses personnages de telles caricatures ? Entre l’épouse à mioches qui ne sait qu’égarer son mouchoir, le pasteur qui s’écoute parler et le médecin allemand qui ne pense qu’à manger, la lecture de ce roman demande une bonne dose de sang-froid. En outre, tout y est mélodramatique et atrocement exagéré : aucun personnage n’est capable de sentiment modéré ou de réaction normale. Enfin, l’auteur a pris plaisir à compliquer les choses en empilant une surenchère de péripéties et de contretemps.

Pauvre Miss Finch est loin, très loin, du génial Armadale et du très bon Secret absolu. J’espère que ce roman est une erreur unique de parcours et que les autres romans de Wilkie Collins ne lui sont en rien semblables.

Publié dans Ma Réserve | Laisser un commentaire

Billevesée #129

La limonade est une boisson à base d’eau, de citron et de sucre. Pourquoi un tel nom ? Parce que c’est une dérivation du mot « limon », fruit du limonier dont on se sert pour préparer ladite boisson. En termes plus communs, le limon s’appelle le citron. Donc, techniquement, une limonade est aussi une citronnade.

Sur ces belles paroles, je vais m’en servir un grand verre !

Alors, billevesée ?

Publié dans Mon Boudoir | Laisser un commentaire

Les Augustins

Roman de Mélisa Godet.

Malika est journaliste et se lance dans une série de reportages sur le squat de la rue des Augustins. Immergée dans cet univers, intégrée contre toute attente, elle se lie aux habitants et partage leur quotidien. Au contact de Lino, Marc, Gabor, Jaquotte et bien d’autres, Malika découvre la dure réalité du squat, lieu du dernier recours, alternative à la rue. « On est là pour loger des personnes dignement, pas pour les entasser dans des gourbis dégueulasses. » (p. 32) Le squat des Augustins est géré par une association qui milite pour le droit au logement des plus démunis, mais sans esclandre, ni dégradation. « C’est important déjà de se rendre utile dans le quartier, et aussi de montrer à la municipalité qu’on es investis, qu’on fait partie du décor. En quelque sorte, on fait leur taf, donc ils n’ont aucun intérêt à nous déloger. » (p. 26) À force de vidéos, d’entretiens et de photos, Malika plonge dans un monde sur lequel la société ne jette que des regards méprisants. « Je commençais à comprendre que je n’avais peut-être pas envie de savoir, au fond. » (p. 93)

Ce premier roman repose sur une intrigue maîtrisée, mais parfois trop caricaturale. Le style est trop commun à mon goût, mais c’est dans l’air du temps. Les relations familiales de Malika sont loin de m’avoir passionnée, mais elles ajoutent une dose de sentiment dans le texte. Quant aux squatteurs, si leurs portraits sont soignés, ils ne m’ont pas vraiment émue tant je m’attendais tous à les croiser au cours des pages : la vieille sans famille, l’ancien alcoolique, le fugueur et son chien ou l’artiste emmerdeur, voilà des personnages que j’ai déjà vus et déjà lus. Les Augustins est donc un premier roman honnête, mais qui ne me marquera pas longtemps.

Publié dans Ma Réserve | Marqué avec | Laisser un commentaire

La dernière frontière

Roman d’Howard Fast.

1878 : la guerre de Sécession est terminée, les guerres indiennes également. Les jeunes États-Unis peuvent-ils enfin aspirer à la paix ? Rien n’est moins sûr puisque les Cheyennes parqués dans l’aride Territoire indien ne veulent que partir vers le nord pour retrouver les Black Hills, les terres sacrées de leurs ancêtres. Plutôt mourir que rester soumis à l’homme blanc et à ses lois iniques ! « Bien sûr, leur idée de la liberté n’est pas la même que la nôtre. » (p. 300) Au début, ils ne sont que trois à tenter leur chance. Mais le gouvernement américain a interdit aux Cheyennes de quitter le Territoire indien : la chasse à l’homme commence. « Ils mourront vaillamment. […] On dirait que c’est tout ce qu’ils savent faire ces Indiens, mourir. » (p. 108) Menés par Dull Knife et Little Wolf, c’est ensuite la tribu entière qui s’ébranle vers le nord.

Avec l’énergie du désespoir, ces maigres centaines d’Indiens faméliques entreprennent une fuite qui met en déroute la fière armée américaine. Pendant des jours et des jours, les soldats et les milices civiles traquent en vain des Indiens affamés et à bout de force. « Ces hommes décharnés sur leurs maigres poneys semblaient les fantômes mêmes de leurs morts. » (p. 24) Les affrontements éclatent sporadiquement. Chaque bord s’entête : les Indiens invoquent le droit du sol et les Américains citent la constitution. Hélas, les premiers ne sont pas en mesure de tenir tête aux seconds. « Ils commettaient une faute impardonnable : ils considéraient que le sol sur lequel ils avaient toujours vécu était le leur ; et leur croyance était assez forte pour qu’ils se battent et meurent pour elle. » (p. 13) Dans leur marche funèbre vers Wyoming, les Cheyennes déclenchent des terreurs chez les hommes blancs. Désormais, il n’y a plus d’issue, il ne faut pas les laisser s’échapper !

Cet épisode de l’histoire amérindienne est profondément révoltant : au nom d’une loi bornée, une majorité d’hommes refuse à une minorité la seule chose qui lui permettrait de vivre en paix. Aux yeux du Blanc, le conflit vaut mieux que la transgression d’une règle, transgression dont la conséquence serait pourtant bénéfique aux deux bords.

Il y a beaucoup de discours dans ce texte. La question indienne est débattue dans tous les sens, par tout le monde. Journalistes, religieux, civils, militaires, politiques, il n’est pas un Américain qui ne croit mieux comprendre le sujet que son voisin. Le récit est toujours mené du point de la vue de l’homme blanc, l’Indien n’étant déjà plus qu’un élément du décor, un protagoniste obligatoire, mais inopportun. Triste Histoire…

Publié dans Mon Alexandrie | Marqué avec | Laisser un commentaire

Truismes

Roman de Marie Darrieussecq.

Chômeuse depuis un certain temps, la narratrice estime qu’elle a décroché un emploi dans une parfumerie grâce à son physique avantageux. En effet, elle est une belle femme qui respire la santé et dont le corps attire les convoitises. Mais sans comprendre pourquoi, elle est prise de désirs qui la laissent honteuse et perplexe. « J’étais de plus en plus persuadée que j’avais quelque chose au cerveau, une tumeur, je ne sais pas, quelque chose qui m’aurait à la fois paralysé l’arrière-train, troublé la vue, et un peu dérangé le système digestif. » (p. 75) Qu’il s’agisse de sexe ou de nourriture, elle ne se contrôle plus. En un mot, elle devient une cochonne, une vraie, avec des soies sur le dos et des tétines sur le ventre. Et autour d’elle, tout change avec l’élection d’Edgar, un homme politique aux idées subversives. « Edgar a dit que ce serait tout de même marrant si on pouvait transformer les prisons en porcheries, qu’au moins ça fournirait des protéines pas chères. » (p. 109)

En littérature, le truisme est une figure de style qui désigne une vérité manifeste, une évidence inutile à démontrer, voire à énoncer. Dans le roman de Marie Darrieussecq, le jeu de mots porte sur la transformation subie par l’héroïne. Rien d’évident là-dedans, rien de manifeste. Pourquoi ? Comment ? On ne le sait pas. Sans être une totale déception, ce roman ne m’a pas enthousiasmée. Après avoir découvert l’auteure avec Il faut beaucoup aimer les hommes, j’avais envie de lire d’autres textes de Marie Darrieussecq. Mauvaise pioche…

Publié dans Ma Réserve | Laisser un commentaire

Billevesée #128

Le Cachou Lajaunie est une pastille à base de différentes réglisses. Ce bonbon a été créé par le pharmacien Léon Lajaunie qui cherchait un remède à offrir à ses clients souffrant de mauvaise haleine.

J’ai bien envie d’en offrir à certaines personnes de mon entourage…

Alors, billevesée ?

Publié dans Mon Boudoir | Laisser un commentaire

Le bagne de la honte

Bande dessinée de Frédéric Bertocchini (scénario) et Éric Rückstühl (dessins).

Tome 1 : Castelluciu

Joachim Evain, petit orphelin breton de 11 ans, est envoyé en Corse, à la colonie agricole de Saint-Antoine. Il s’agit en fait d’un bagne pour enfants. « Nous venions de toute la France. Vagabonds, voleurs, fortes têtes, orphelins… Napoléon III voulait éradiquer toute cette « mauvaise graine. » (p. 12) Là-bas, il se lie d’amitié avec Antoine Teurice, à peine plus âgé que lui. La vie au bagne est difficile : entre les travaux éreintants, les mauvais traitements et les sinistres penchants de certains détenus plus âgés, les jeunes prisonniers doivent s’endurcir s’ils veulent survivre. « Nous autres, les bagnards en culotte courte, étions condamnés jusqu’à nos vingt ans… Autant dire que c’est notre jeunesse qu’on nous volait. » (p. 14) Joachim, sans cesse, tente d’échapper aux brutalités de Xavier Trouvé, jeune bagnard défiguré qui est bien décidé à imposer sa loi sur les plus faibles et les plus petites.

Tome 2 : Francesca

Les jeunes bagnards du premier tome ont grandi. « Sous le drapeau de la République, nous autres, les enfants, on nous remplissait de haine. » (p. 13) Désormais, c’est Joachim qui protège les plus petits. En secret et avec la complicité d’un gardien, il vit une idylle avec Francesca, une jeune fille corse. Hélas, un autre gardien, Giocanti, n’a aucune indulgence pour les jeunes prisonniers et ne leur accorde aucun instant de répit ou de bonheur. Au bagne de Saint-Antoine, les enfants meurent par dizaines, par centaines : accidents, malnutrition et suicides sont dissimulés derrière le vocable général de maladie. Pas question de laisser entendre en haut lieu que les jeunes bagnards vivent dans des conditions épouvantables. Il faut donc qu’une voix s’élève et crie la vérité. Et quelle voix est mieux placée que celle d’Antoine Teurice, survivant du bagne de la honte ?

*****

Ce terrible épisode du Second Empire est une verrue de l’histoire, ainsi que la qualifie Frédéric Bertocchini. La définition est juste : des enfants traités comme des adultes et maltraités comme s’ils étaient les pires vermines, voilà qui a de quoi indigner quand on tourne les pages d’un manuel d’histoire. Sauf que… ce n’est pas le genre de choses dont on parle dans les manuels. Il fallait l’ouvrage de Frédéric Bertocchini et d’Éric RückStülh pour ouvrir nos yeux. Cette bande dessinée est pleine de violence, mais nécessaire. Pour de nombreux personnages, pas de fin heureuse, rien que la peine et la mort. Les dessins d’Éric Rückstühl rendent hommage à la souffrance des jeunes victimes de l’administration française : les visages et les corps sont tourmentés, mais il émane d’eux la grâce farouche propre aux innocents privés d’espoir. Et même si les paysages corses sont de toute beauté, ils restent le sinistre décor d’une mise à mort minutieuse et impardonnable.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Dôme

Roman de Stephen King.

Chester’s Mill est une petite ville américaine que rien ne distingue de ses voisines. Mais en un instant, elle devient le centre d’attention du monde entier. Cet instant, c’est celui au cours duquel une paroi invisible et infranchissable s’est abattue tout autour de la ville. Sous ce dôme, désormais, Chester’s Mill est prisonnière. « Quand l’équivalent d’un mur de pierre s’érige en un clin d’œil autour d’une ville, il ne peut pas ne pas y avoir d’incidents. » (p. 60 – tome 1) D’où vient ce dôme ? Est-ce une expérience scientifique ou militaire qui aurait mal tourné ? Un acte terroriste sans précédent ? Coupée du monde, la population de Chester’s Mill cède à la panique et à ses instincts les plus sombres. C’est notamment le cas de Big Jim Rennie, conseiller municipal aux tendances despotiques, et de son fils Junior dont les pulsions criminelles peuvent enfin être assouvies en toute impunité. « Parfois, quand les gens sont livrés à eux-mêmes, il n’est pas mauvais de faire des exemples. » (p. 291 – tome 1)

Mais c’est compter sans Dale Barbare, vétéran d’Irak au code d’honneur inébranlable, ou de Julia Shumway, directrice du journal local déterminée à faire éclater les pires vérités au grand jour. Rapidement, la ville se scinde en deux camps : celui de ceux qui sont prêts à tout pour survivre et celui de ceux qui espèrent que la vie forcée en autarcie est possible sans drame. Hélas, il est bien difficile de savoir sur quel pied danser quand aucune réponse n’explique le curieux et terrifiant phénomène. « Le pire n’est pas arrivé. Le pire, c’est qu’on n’a pas encore vu le pire. » (p. 327 – tome 1) Et que dire des étranges crises de convulsions que subissent les enfants du dôme ? Crises au cours desquelles ils professent d’inquiétantes visions… Oui, il y a quelque chose qui retient Chester’s Mill prisonnière, mais quoi ? Est-il seulement possible de s’en libérer ?

C’est à dessein que je n’entre pas dans les détails et que je me garde de vous présenter la ribambelle de personnages secondaires (mais essentiels) de ce roman. Dans l’édition française, en format broché ou poche, il se compose de deux tomes, mais il n’y a aucun hiatus entre ces deux parties. Dôme forme un tout, certes massif, mais tout à fait cohérent et absolument fascinant. Avertissement : si vous commencez cette lecture, vous ne pourrez pas en décrocher tant que vous ne connaîtrez pas le fin mot de l’histoire.

Côté style, c’est loin d’être flamboyant : j’ai lu des romans de Stephen King plus finement écrits, mais ici, ce qui compte, c’est l’enchaînement ininterrompu d’actions et d’évènements. Et ça marche : la plume de Stephen King fait naître un flux continu qui embarque le lecteur sans lui laisser le temps de reprendre son souffle, comme si, à l’instar des personnages, il était prisonnier du dôme de la lecture.

Et voici une nouvelle contribution au Défi des 1000 de Fattorius : tome 1 = 829 pages ; tome 2 = 735 pages. Soit le joli chiffre de 1 564 pages !

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Billevesée #127

Au gré de l’évolution, du réchauffement climatique et du développement de l’industrie textile, l’homme s’est peu à peu débarrassé de la fourrure qui le couvrait à l’origine. Mais il est loin d’être glabre puisque l’épiderme entier est couvert de poils d’épaisseurs, de formes et de couleurs diverses.

Le corps entier ? Non, quelques parties résistent encore et toujours à l’envahisseur. Il s’agit des faces intérieures des mains et des pieds. Et il en a toujours été ainsi. Ainsi, dire de quelqu’un qu’il a un poil dans la main, c’est supposer qu’il se sert tellement peu de cette dernière qu’une pilosité peut s’y développer.

Alors, billevesée ?

Publié dans Mon Boudoir | Laisser un commentaire

Bon appétit ! Monsieur Lapin

Album de Claude Boujon.

« Monsieur Lapin n’aime plus les carottes. » (p. 4) C’est un comble, pour un lapin ! Comment remplir son estomac, désormais ? Monsieur Lapin va jeter un œil dans l’assiette de ses voisins, mais les mouches de la grenouille, les vers de l’oiseau, les larves du poisson ou les bananes du singe ne lui ouvrent pas vraiment l’appétit. Et voilà qu’il rencontre le renard dont le plat favori est… le lapin, évidemment ! Sauve qui peut ! Finalement, s’en tenir aux carottes, ce n’est peut-être pas plus mal, n’est-ce pas Monsieur Lapin ?

J’aime les histoires où le héros va voir si l’herbe est plus verte dans le pré d’à côté. La morale est pratiquement toujours la même, à savoir qu’il est bien inutile de chercher ailleurs ce qu’on a sous le nez. Mais il ne faut pas se laisser berner par la simplicité de cette conclusion : la sobriété heureuse, concept tellement à la mode en ce moment, véhicule tout de même un message plein de sagesse. Et dans le cas de cet album, un message plein d’humour !

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Petite fabrique des rêves et des réalités

Texte de Philippe Claudel.

Il y a longtemps que je t’aime raconte le retour de Juliette dans sa famille, après plusieurs années de prison. Elle retrouve sa jeune sœur et doit réapprendre à vivre auprès des siens et en dépit du remords et des absents. Écrit et réalisé par Philippe Claudel, ce film est porté par la toujours sublime Kristin Scott Thomas et la très délicate Elsa Zilberstein.

Petite fabrique des rêves et des réalités est une réflexion sur le film, composée à la manière d’un glossaire, Philippe Claudel détaillant les mots ou les noms qui comptent pour comprendre l’œuvre cinématographique. J’ai déjà beaucoup apprécié cette forme sous la plume de Philippe Claudel, avec son très beau Parfums.

Philippe Claudel revient donc sur le tournage et partage ses réflexions sur le film, le cinéma, ses choix d’auteur/réalisateur et la vie en général. Il partage avec le lecteur les livres, les films et les musiques qu’il aime, révélant un peu de la matière dont ses rêves sont faits. Cet auteur m’émeut toujours : son style à je ne sais quoi de subtilement poétique et d’incroyablement charnel, sensuel. De plus, je le trouve véritablement lucide et clairvoyant sur ce qui compose son monde. Philippe Claudel est un sage qui s’ignore, un maître à penser. Voici quelques morceaux choisis de ce très bel ouvrage qu’est Petite fabrique des rêves et des réalités.

« On raconte tellement de choses à propos de la relation d’un metteur en scène et de ses comédiennes. Et puis le cinéma, qui est aussi une formidable mécanique à fabriquer des histoires, enfante ses propres mythologies qui mélangent le vrai et le faux, les fantasmes et les suppositions. » (p. 18)

« Le cinéma est un art qui se fabrique à plusieurs et qui se regarde à plusieurs, contrairement à la littérature qui s’élabore dans la solitude et se lit dans la solitude. » (p. 35)

« Je ne sais pas comment naissent les histoires. Je ne veux d’ailleurs pas le savoir, de peur de détruire un processus qui s’apparente pour moi à une opération magique. » (p. 59)

« Émotion : créature fragile. » (p. 63)

« Pathos : le pas de trop. » (p. 93)

La deuxième partie de ce livre est le scénario du film Il y a longtemps que je t’aime. J’ai choisi de ne pas le lire, voulant garder les images du film telles que je les ai vues – même si je les ai un peu oubliées – et non pas les imaginer comme si ma lecture du scénario était ma première rencontre avec l’œuvre. Pour une fois, j’ai voulu que les images priment le texte. Puisque Philippe Claudel nous a offert un film, pour une fois – pour une seule fois –, je ne veux pas de son texte.

Un passage a fait manquer un battement à mon cœur épris de cet auteur. « J’ai terminé l’écriture du Rapport de Brodeck juste avant de commencer la préparation du film. Durant le tournage, il a fallu que je relise les épreuves du livre. Ce fut très fastidieux, et complètement exotique. Je ne sais pas pourquoi j’ai eu alors le sentiment que c’était mon dernier roman, sentiment que j’ai encore. Est-ce parce que j’étais engagé dans une entreprise tellement différente et qui me comblait ? Étais-je en train d’abandonner un genre, comme un quitte une femme qu’on a longtemps aimée pour en suivre une autre ? » (p. 107) Si je n’avais pas lu L’enquête, publié trois ans après Le rapport de Brodeck, voilà une réflexion qui m’aurait bien attristée.

Je continuerai à voir et revoir les films de Philippe Claudel. J’ai récemment beaucoup apprécié Tous les soleils et Avant l’hiver. Mais j’attends avec une impatience non dissimulée son prochain texte.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Le monde libre

Roman de David Bezmozgis.

En 1978, sous la présidence de Brejnev, l’Union soviétique ouvre un peu ses frontières. C’est l’occasion pour des centaines de familles juives de tenter une percée vers l’ouest. Parmi elles, la famille Krasnansky. Samuil et Emma, les grands-parents, suivent leurs fils Karl et Alec, eux-mêmes accompagnés de leurs épouses et enfants. La première étape est de rejoindre Rome qui est devenue terre d’asile pour les réfugiés. Ensuite, dans la ville éternelle, il faut choisir où aller. Les États-Unis sont une terre de promesse, mais si difficile à atteindre. Il y a aussi Israël, terre des origines, mais le climat politique y semble bien tendu, à deux doigts du conflit avec les pays limitrophes. le Canada, terre inconnue, semble également une perspective à envisager. « C’est plus européen que l’Amérique et moins américain que l’Europe. » (p. 90) Mais il faut aussi penser à tous ceux qui sont restés derrière, par choix ou par manque de choix. Ainsi, Polina, l’épouse goy d’Alec, écrit à sa sœur, en message codé, pour lui raconter l’aventure des émigrés. Au récit de l’existence romaine se mêlent les histoires du passé, depuis le début du régime communiste à la Deuxième Guerre mondiale. Qui sont-ils, ces Juifs errants, qui ne cessent de chercher leur patrie et la terre où ils seront enfin libres ? C’est un peu ce que tente de raconter David Bezmozgis.

Sans vraiment me déplaire, cette lecture ne m’a pas intéressée. J’ai lu sans déplaisir les histoires de la famille Krasnansky, mais sans y plonger. Il y a bien eu quelques phrases, quelques passages agrémentés du terrible humour des émigrés, humour relevé à la sauce du fatalisme juif. « Où je veux aller, la porte est fermée. C’est une question de principe. » (p. 63) La fin du roman m’a laissée perplexe, à me demander s’il ne manque pas des pages au texte. Bref, Le Monde Libre se lit vite et bien, mais il ne me laissera pas un souvenir impérissable.

Publié dans Ma Réserve | Laisser un commentaire

Billevesée #126

Il y a peu, je vous parlais de pseudo journalisme et de marronnier.

Restons dans le journalisme inutile, mais creusons plus profond. Depuis plusieurs mois, je prends ma dose de rigolade quotidienne en lisant Le Gorafi. Ce journal en ligne est un petit rigolo, comme son nom l’indique puisque les lettres de celui-ci ne sont que l’inversion des lettres d’un grand quotidien français.

Vous voulez des news fausses, inutiles et crétines qui pointent du doigt avec une très grande clairvoyance la bêtise humaine, les dérives de la société et la prétention journalistique ? Lisez Le Gorafi. Et surtout, ne prenez rien au pied de la lettre ou au premier degré.

Alors, billevesée ?

Publié dans Mon Boudoir | Laisser un commentaire

Le seigneur des porcheries

Roman de Tristan Egolf.

Sous-titre : Le temps venu de tuer le veau gras et d’armer les justes.

John Kaltenbrunner est né à Baker, minable bourgade du Midwest qui compte nombre d’alcooliques, de consanguins, de racistes violents, de bigots dégénérés et d’émigrés agressifs. « Les bars étaient le creuset de l’idiosyncrasie de Baker. » (p. 265) Unique rejeton de Ford Kaltenbrunner, gloire locale décédée dans des circonstances floues, John est un enfant asocial, généralement considéré comme attardé et pourtant doué d’une formidable intelligence. À dix ans, il est déjà à la tête de sa propre exploitation agricole et se désintéresse complètement de l’école. Volontaire, ambitieux et dur à la tâche, John est malheureusement victime d’un nombre extraordinaire de revers de fortune, chaque jour apportant son lot de galères et d’emmerdements. « Sa vie entière resta par définition un incroyable enchaînement de coups de poisse. » (p. 20)

En prison à quinze ans pour avoir ravagé la propriété familiale, John enchaîne ensuite les boulots les plus minables de Baker, tant à l’usine d’abattage de volaille qu’à la décharge publique. Continuellement rejeté de la communauté à laquelle il désespère d’appartenir, sans cesse en proie à des vexations et à des injustices, John nourrit en lui un ressentiment si profond que celui-ci ne pourra s’exprimer que dans une manifestation extraordinairement putride. Dans le sillage de John, les laissés pour compte et les minables de Baker se rassemblent et se préparent à se venger de la ville dans une révolte boueuse et sanglante.

Le seigneur des porcheries est le récit de l’existence tourmentée de John Kaltenbrunner, homme capable de se tailler une légende de son vivant, dont l’histoire suscite l’effroi dans une ville où il a laissé tant de décombres. « Son nom était devenu une marque familière généralement associée à tout ce qu’il y avait de pourri dans la Création. » (p. 16) Mais pour rendre justice à cet homme responsable de plusieurs incendies, d’un nombre incalculable de bagarres, d’inondations, d’émeutes et d’un déferlement d’ordures sur Baker, il faut un travail patient et objectif autant qu’il est humainement possible. « D’où ce récit : une tentative de mêler archives publiques, folklore local et épopées de basse-cour en un récapitulatif chronologique, basée sur des faits et d’une lecture agréable, compilée par le contingent des nègres verts/torche-collines de Pullman Valley. » (p. 576) Plus victime que coupable, John Kaltenbrunner est un antihéros magistral, un poissard mythique dont il est impossible de ne pas prendre le parti. L’homme est infâme, odieux, rongé jusqu’à l’os par l’alcool et la colère, mais il suscite la sympathie que méritent les magnifiques perdants oubliés par la fortune.

Ce roman m’a souvent rappelé Le roi des Aulnes de Michel Tournier. À l’instar d’Abel Tiffauges, John Kaltenbrunner est un être dérangeant et brillant qui s’épanouit dans le chaos. Baker est un monde âpre et dur, violent comme dans un roman de John Steinbeck qui serait frappé d’éthylisme morbide et trempé dans un bain d’immondices. Attention âmes sensibles ! Le récit en lui-même est déjà à la limite du supportable, mais le ton qui le délivre va vous vriller les nerfs. Les situations n’ont rien de drôle, mais il en résulte un humour ravageur et vachard, tant l’absurde côtoie l’irrévérencieux et l’improbable. Rien n’est épargné dans ce texte, et surtout pas les bigots. « Chacun savait que pour les catholiques Jésus était le fils de Maris, pour les baptistes il était le sauveur, pour les juifs il n’était rien et pour les méthodistes il était une déduction fiscale. » (p. 170)

Vous cherchez un roman qui vous fera rougir et suffoquer à chaque page ? Lisez Le seigneur des porcheries. Vous voulez choquer Belle-Maman lors du prochain repas de famille ? Parlez-lui du Seigneur des porcheries. Vous avez besoin d’un texte qui vous sorte de votre torpeur et vous rassure sur votre santé mentale ? Ouvrez Le seigneur des porcheries. Je vous promets des nuits sans sommeil : ce livre colle aux doigts et aux yeux comme une poix, et on en redemande.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Steampunk – De vapeur et d’acier

Album de Didier Graffet (illustrations) et Xavier Mauméjean (textes).

Le steampunk est un genre dérivé de la science-fiction. Les intrigues s’y déroulent toujours dans un passé aux allures très futuristes et mécanisées. En anglais, steam est la vapeur, ce qui renvoie à la machine à vapeur, fleuron de la révolution industrielle. Le steampunk rend donc hommage à  la transformation du monde par la machine et réécrit l’histoire en y insérant d’anachroniques constructions mécaniques. Dans ce très bel album, Xavier Mauméjean propose des textes que Didier Graffet met en images, chacun offrant toute l’étendue de son talent pour célébrer un courant littéraire artistique qui a le vent en poupe.

Évidemment, la machine est au cœur du texte et du dessin. Le progrès se mêle aux légendes et aux superstitions. L’aventure va de pair avec la recherche d’un idéal humain qui ne peut se passer de la mécanisation. « En 1928, l’Union soviétique décide de libérer les masses opprimées de la servitude terrestre. L’architecte visionnaire Gueorgui Kroutikov conçoit le projet de cité-usine volante qui fera prendre de la hauteur à la classe des travailleurs. La fabrique aérienne est constituée de neuf niveaux, reliés par des rampes ou des ascenseurs, reposant sur une base de 196 mètres de côté. Quatre moteurs à hélices, gros comme des silos à grain, sont répartis autour du socle et assurent sa propulsion. Cette Babel volante, qu’entoure à chaque instant un essaim de machines Polikarpov, accueille huit unités de production, surmontées par un complexe d’habitats ouvriers aux logements standardisés. Les travailleurs n’ont plus à se déplacer dans des transports harassants pour gagner leur lieu de travail. Parcs, gymnase et Maison du Peuple permettent loisirs et éducation. La logique fonctionnelle mise en œuvre par Kroutikov permet aux prolétaires de se réaliser dans leur labeur qui devient source de fierté. Ainsi entendu, le travail est l’expression de l’homme qui tente de remplir son espace et son temps par l’action légitime. » (p. 30 & 31)

Si Graffet et Mauméjean revisitent surtout la fin du XIXe siècle et les décennies qui mènent à la Belle Époque, ils n’hésitent pas à faire quelques incursions dans l’Antiquité et dans la Renaissance, poussant même jusqu’aux guerres mondiales. Les textes de Xavie Mauméjean semblent des chroniques d’un temps passé où l’homme tentait de conquérir l’inaccessible : air, vitesse, profondeur, espace, feu, esprit humain ou âme, il n’est pas de territoire que le steampunk refuse d’explorer. Puisqu’il s’agit de réécrire l’Histoire et les histoires en y incluant la machine, on peut se demander ce qu’il serait advenu du Titanic s’il avait pu colmater sa déchirure grâce à une ingénieuse machinerie composée de panneaux et de soudures. Et l’on peut s’interroger sur le destin de Quasimodo si le sonneur de cloches de Notre-Dame avait été un être de métal.

Les illustrations de Didier Graffet sont belles comme les huiles des maîtres flamands, tourmentées comme les marines des peintres anglais et mélancoliques comme les toiles des romantiques allemands. Les déclinaisons de bronze, de feu, de gris et de fumée n’en finissent pas de magnifier les machines industrielles, les monstres de guerre et les humanoïdes.

Moi qui suis fascinée par les palimpsestes et l’intertextualité, j’aime le courant steampunk parce qu’il revisite des histoires que je crois connaître en y ajoutant une pincée de mécanique qui ne dépare jamais l’ensemble. Le steampunk, bien qu’enfumé et couvert de graisse de machine, se drape toujours d’une élégance paradoxale, la froide machine renforçant souvent l’humanité.

Publié dans Mon Alexandrie | Marqué avec | Laisser un commentaire

The Tailor of Gloucester

Histoire de Beatrix Potter.

Le tailleur de Gloucester est renommé pour la beauté et la qualité des vêtements qu’il coud dans son atelier. Hélas, s’il passe ses journées à confectionner de superbes habits, il ne porte que des vieux vêtements rapiécés. Alors qu’il prépare un manteau pour le mariage du maire de Gloucester, il tombe malade et doit s’aliter. Soigné par son chat, Simpkin, un coquin qui ne tient pas compte de ses directives, il ne sait pas comment il pourra finir à temps le manteau du maire. Mais c’était compter sans les souris de l’atelier qui, depuis très longtemps, récupèrent les chutes de tissus et les petits morceaux de fil que le vieux tailleur ne peut pas utiliser. « Too narrow breadths for nought – except waistcoats for mice. »  (p. 8) Reconnaissantes, les souris se mettent à l’ouvrage et cousent le manteau, l’agrémentant de superbes broderies qui ne feront que renforcer la renommée du tailleur.

Loin des scènes pastorales qu’elle affectionne, Beatrix Potter propose un charmant conte de facture tout à fait traditionnelle. On y trouve un personnage bon, mais affaibli qui ne peut pas compter sur ses proches, mais qui se voit récompensé de sa générosité envers des êtres plus petits que lui. Et comme dans les bons contes, tout est bien qui finit bien ! Voir les petites souris s’activer sur le manteau m’a rappelé la scène du dessin animé Cendrillon où les souris cousent en cachette une robe de bal pour leur amie. Bref, c’est toujours un plaisir délicieusement régressif que d’ouvrir un petit ouvrage de Beatrix Potter.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Billevesée #125

Aujourd’hui, j’ai envie de célébrer la finesse, l’élégance et les bonnes manières.

Aujourd’hui, parlons du coussin péteur.

Cet article qui figure dans l’inventaire de tous les bons magasins de farces et attrapes a fait rire des générations de petits blagueurs. Et ça remonte à loin, très loin. L’Histoire veut que l’empereur romain Héliogabale était un adepte facétieux de cet instrument à vent.

Alors, billevesée ?

Publié dans Mon Boudoir | Laisser un commentaire

Joyland

Roman de Stephen King.

Alors qu’il a le cœur brisé, le jeune Devin Jones accepte un boulot d’été dans un parc d’attractions. Nous sommes en 1973 et le parc Joyland a déjà eu de belles années. « C’est un peu vieillot et un peu de guingois, mais ça a son charme. […] C’est un peu plus rock’n roll ici – un petit parfum de bon vieux temps. » Devin fait des merveilles sous le costume d’Howie le Chien Gentil ou à la manipulation de la grande roue. À la fin de l’été, il décide de rester pour s’occuper du parc pendant la saison morte. Fortuna, la voyante de Joyland, lui a prédit deux rencontres importantes : une petite fille et un petit garçon, l’un d’eux possédant le don de vision. Et il faut aussi compter avec le fantôme de Linda Gray, jeune fille assassinée dans le parc des années plus tôt. Ainsi, la maison hantée le serait vraiment…

Malheur aux quatrièmes de couverture ! Celle-ci promet trop et promet mal ! Joyland n’est pas un roman d’horreur, mais alors pas du tout ! C’est avant tout un roman d’apprentissage qui tourne autour de Devin, de ses amours brisées et de ses espoirs. Oui, il y a une maison hantée. Oui, il y a un fantôme. Oui, il y a un type patibulaire dans le parc. Oui, il y a un enfant qui a des visions. Mais non, il n’y a pas d’horreur et il n’y a même pas de clowns, alors que la quatrième en parle dès la première ligne.

Toutefois, Joyland est un très bon roman et Stephen King, ce vieux briscard de l’horreur, nous prouve qu’il en a encore sous la semelle et qu’il sait couper l’herbe sous le pied de ses lecteurs. Oui, il est le maître de l’horreur, mais il sait aussi faire autre chose, et le faire très bien. Vous attendez qu’on vous crie « Bouh » au détour du train fantôme ? Vous attendrez longtemps… Mais si vous cherchez un roman dans lequel Stephen explore avec un talent sans cesse renouvelé les affres et les beautés de la jeunesse, vous pouvez vous caler confortablement et ouvrir Joyland.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Mille soleils splendides

Roman de Khaled Hosseini.

Enfant illégitime, Mariam grandit seule avec sa mère, à l’écart de la ville. Mariée contre son gré à quinze ans avec un homme bien plus âgé qu’elle, elle sait qu’elle devra payer toute sa vie sa condition de bâtarde. « De même que l’aiguille d’une boussole indique le nord, un homme qui cherche un coupable montrera toujours une femme du doigt. Toujours. » (p. 13) Après vingt ans de mariage, elle n’a toujours pas réussi à donner d’enfants à son époux. Elle doit alors subir la terrible humiliation de l’arrivée de Laila, jeune fille de quatorze ans, d’autant plus que cette deuxième épouse ne tarde pas à donner un enfant à Rachid. Après une période d’animosité réciproque, Mariam et Laila s’unissent face à leur époux, un homme brutal et aux idées rétrogrades. « Le cœur d’un homme n’est jamais beau à voir, Mariam. Il ne saigne pas, il ne s’élargit pas pour te faire de la place. » (p. 33) Elles tentent de fuir, mais l’Afghanistan n’est plus un pays favorable aux femmes. Que reste-t-il alors à Mariam et Laila, si ce n’est leur amitié devant la cruauté des mâles et la folie qui ravage leur pays ?

J’ai dévoré ce roman en quelques heures, totalement éblouie et émue par les histoires conjuguées de Mariam et Laila. À l’instar de ces deux femmes qui souffrent quotidiennement, l’Afghanistan est également une terre en peine qui perd ses enfants et subit les violences des hommes depuis le conflit contre l’Union soviétique jusqu’à la guerre déclarée par les États-Unis après l’attentat de septembre 2001. Dommage que la quatrième de couverture soit un peu trop bavarde et qu’elle désamorce une partie de l’intrigue.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Petit-Jean des Villes

Histoire de Beatrix Potter.

Petit-Louis est une souris des champs. Arrivé en ville par mégarde, il est très mal à l’aise dans cet endroit où tout va tellement vite. Il est accueilli par Petit-Jean, une souris des villes tout à fait urbaine. « Avec une courtoisie extrême, il présenta Petit-Louis à ses neuf convives qui avaient tous de longues queues et portaient redingotes et cravate blanche. » (p. 22) En dépit de ce chaleureux accueil, Petit-Louis ne se sent pas chez lui en ville : le grand air lui manque et il est fatigué de toujours devoir échapper au chat de la maison. De retour à la campagne, c’est désormais à lui de recevoir son ami Petit-Jean qui, à son tour, n’est pas du tout dans son élément dans ce vaste espace bien trop calme.

Puisqu’il n’y a pas que les lapins dans le monde de Beatrix Potter, je pars à la découverte des autres petites bêtes qu’elle a mises en texte et en images. Première rencontre réussie avec ces deux souris qui m’ont rappelé certains contes de Jean de La Fontaine. Les dessins sont toujours aussi tendres et naïfs et c’est toujours un bonheur de voir les petits animaux vêtus de mignons habits bien ajustés sur leurs petits corps dodus.

Si le monde de Beatrix Potter vous enchante, retrouvez mes billets sur Jeannot Lapin, The Story of a Fierce Bad Rabbit, The tale of Peter Rabbit et Le grand livre animé de Pierre Lapin.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Jessie

Roman de Stephen King.

Pour faire plaisir à son mari Gerald, Jessie a accepté de se livrer à des jeux sexuels qui ne l’excitent pas vraiment, d’autant plus qu’elle joue systématiquement le rôle du partenaire soumis. Dans leur villa d’été loin de Portland, loin de tout, Jessie en a assez et elle repousse son époux. Premier problème : Gerald fait une crise cardiaque et meurt au pied du lit conjugal. Deuxième problème : Jessie s’était laissée menotter au lit par son mari et ne peut pas se libérer. Troisième problème : la porte de la villa n’est pas fermée et laisse entrer des visiteurs inattendus. « Seule dans le noir, avec une porte ouverte, Jessie, et si l’on hurle et qu’on appelle à l’aide, qui sait quelles choses épouvantables peuvent répondre. » (p. 169) Isolée, à demi nue et entravée, Jessie n’a que les voix dans sa tête pour lui tenir compagnie, et certaines ne sont pas les bienvenues. « Bon dieu, j’avais bien besoin de ça ! Une conseillère qui sort de l’enfer. » (p. 38) Menottée au lit, Jessie est surtout enchaînée à ses pensées, à ses souvenirs et à ses terreurs. Prête à tout pour se libérer, il lui faut avant tout accepter de revivre un évènement traumatisant de son enfance, le jour de l’éclipse, le 20 juillet 1963.

Pas de surnaturel ou de monstre dans ce roman, mais une horreur tout à fait palpable devant le calvaire de Jessie qui ne sait comment se libérer et qui voit la mort, précédée de la folie, doucement approcher de son lit. Je n’en dis pas plus sur cette histoire, mais si vous cherchez un roman qui glace le sang par la seule évocation de la réalité, vous êtes à la bonne adresse !

Jessie est le premier volet de la trilogie féminine de Stephen King. J’ai déjà lu Dolores Claiborne et c’est avec plaisir que j’ai vu les liens entre ces deux textes, l’auteur prenant l’éclipse de 1963 comme point de jonction des deux histoires. Ou quand la lune, élément féminin, prend le dessus sur le soleil, flamboyant mâle des cieux. Cette éclipse semble être un élément fondateur de la mythologie littéraire de Stephen King et j’ai hâte de lire le dernier volet de cette trilogie, Rose Madder.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Flocon, le petit lapin des neiges

Album de Marcus Pfister.

Flocon est un petit lapin des neiges au pelage d’une blancheur éclatante. Il aime jouer avec son ami Coton, mais il doit aussi apprendre à échapper au faucon et à trouver de quoi manger. Il aimerait des mûres et des fraises, mais en hiver, il y a que l’écorce des arbres pour se remplir le ventre. « Pourquoi est-ce qu’il y a de la neige partout, Maman ? / Pour que les herbes et les plantes se reposent. / Et pourquoi ça ? Elles n’ont même pas à courir pour chercher à manger, elles. Moi aussi, je voudrais me reposer. » Flocon est finalement un petit garçon comme les autres, un peu boudeur, un peu capricieux, mais toujours prêt à jouer et à faire des câlins à sa maman.

L’histoire est plutôt simpliste, mais je suppose que cela s’explique parce que cet album est le premier de la série. Il présente le héros et ses principaux traits de caractère, sans approfondir véritablement ses actions. Les dessins et les couleurs sont adorables et Flocon porte très bien son nom : il est rond et pelucheux comme une boule de neige à peine tassée. On aurait envie d’enfouir son nez dans sa fourrure toute douce, ce qui, quand on sait mon intérêt pour les lapins, n’a rien d’étonnant.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Les régulateurs

Roman de Stephen King, publié sous le pseudonyme Richard Bachman.

C’est une belle journée de juillet dans une banlieue tranquille de l’Ohio. Sur Poplar Street, les voisins arrosent leur jardin, nettoient leur voiture ou mangent une barre de chocolat. Soudain, plusieurs vans surgissent dans le quartier. Leurs conducteurs se mettent à tirer dans le tas. La communauté de Poplar Street est sous le choc : qui sont ces assaillants ? Que voulaient-ils ? Mais ils n’ont guère le temps de comprendre, car les vans sont de retour pour une nouvelle fusillade meurtrière. « Comme lors de leur précédente incursion, les vans sont irruption tels des fantômes surgissant non seulement de la brume, mais de la poussière en mouvement du désert. » (p. 337) Mais que se passe-t-il ici ? Pourquoi le paysage ondule-t-il et change-t-il pour ressembler au décor d’un vieux western ?

Voilà un bon Stephen King bien sanglant, bien gore, bien crado ! Vous voulez des monstres ? En voilà ! L’auteur a un réel talent pour instiller la peur au sein d’une communauté et pour malmener ses personnages. Personne n’échappe à sa plume assassine. Lecteur, ne t’attache au père de famille, ni à l’ex-flic, ni à l’enfant. À personne ! Les régulateurs est un roman plaisant, effrayant juste ce qu’il faut, avec certains thèmes chers à Stephen King, comme les pouvoirs psychiques, les enfants et les monstres voraces. Je regrette seulement de ne pas avoir lu Désolation, il semble que j’aurais mieux compris Les régulateurs. Mais qu’à cela ne tienne, ce livre est inscrit sur ma liste !

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Billevesée #124

Aujourd’hui, pas de révélation de derrière les fagots, juste une mise au point orthographique, parce que y en a marre !

Balade avec un [l], c’est une promenade.

Ballade avec deux [ll], c’est une chanson.

Oui, je sais, il serait plus logique que la ballade avec deux [ll] soit celle qui nous fait marcher, mais non, la langue française se moque bien de nos moyens mnémotechniques pour retenir ses subtilités. Donc, si vous ne savez pas choisir entre la balade avec un [l] et la ballade avec deux [ll], du balai !

Alors, billevesée ?

Publié dans Mon Boudoir | Laisser un commentaire

Charlie

Roman de Stephen King.

Andy et sa fille sont traqués par les hommes de la Boîte. Tout ça parce qu’un jour, le jeune Andy et la jeune Vicky, étudiants, ont eu besoin de deux cents dollars. Pour les obtenir, ils ont participé à une expérience qui a changé leur corps. Et ils sont tombés amoureux. En Charlie, leur petite fille, leurs nouvelles capacités se sont mêlées pour devenir un pouvoir encore plus grand et tout à fait effrayant : par la seule force de son esprit, la fillette déclenche des incendies. Aujourd’hui, la Boîte veut attraper Charlie et s’approprier son pouvoir. Et si ce n’est pas possible, il y a toujours une solution radicale. « Que fait-on qu’une équation ratée ? On l’efface. » (p. 13) Alors Andy et Charlie fuient encore et encore et tentent d’échapper aux hommes de la Boîte, et surtout à l’indien John Rainbird, géant défiguré et inquiétant.

Stephen King aime dénoncer les dérives des états libéraux : ici, la Boîte est l’archétype de l’organisation malfaisante et malveillante. « Si vous ne posez pas de questions, vous n’entendrez pas de mensonges. » (p. 38) Et il explore une nouvelle fois les pouvoirs de l’esprit : ici, la pyrokinésie est terrifiante entre les mains d’une enfant qui ne la maîtrise pas. J’ai passé un bon moment avec ce livre, mais c’est loin d’être le roman de Stephen King que je sauverais des flammes.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Mon chien stupide

Roman de John Fante.

Le narrateur est un écrivain dans le creux de la vague. Réduit à écrire des scénarios sans intérêt pour la télévision, il a le sentiment d’avoir laissé passer sa chance et de gâcher son talent. Et ce n’est pas auprès des siens qu’il peut reprendre confiance en lui. Son épouse est de plus en plus irascible et ses enfants ne sont que des sources de déception. « Le mariage brutalise un homme. La paternité aussi. Et puis le chômage. Et les chiens. » (p. 25) Parlons-en, des chiens ! Le héros est hanté par le souvenir de Rocco, superbe bull-terrier adoré par son maître. Alors, quand un gros chien s’invite dans la maison, l’écrivain ne fait pas grand-chose pour lui barrer le passage. Et tant pis si ce chien, nommé à propos Stupide, a tendance à vouloir violer tout le monde, sans distinction de sexe ou d’espèce. « Stupide était la victoire, les livres que je n’avais pas écrits, les endroits que je n’avais pas vus, la Maserati que je n’avais jamais eue, les femmes qui me faisaient envie. » (p. 53)

C’est avec un plaisir un peu sournois que j’ai observé cette famille bancale et individualiste où les parents ne se leurrent pas devant les défauts de leur progéniture et où les enfants ne font montre d’aucun respect envers leurs géniteurs. « Ils étaient quatre graines égarées dans quelque obscure trompe de Fallope. » (p. 85) Il ne s’agit pas d’absence d’amour, mais plutôt d’une affection désabusée et sarcastique. La seule échappatoire de l’écrivain est l’Italie, tel un ailleurs fantasmé et inatteignable. Au milieu de ce joyeux foutoir cynique, Stupide est le seul être honnête, cédant sans vergogne à ses pulsions et à ses affections. Mon chien Stupide est un petit bijou d’humour grinçant qui griffe à plaisir le mythe californien et ternit sans honte les ors trompeurs du succès artistique et mondain, largement éprouvé par l’auteur.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Corps et âme

Roman de Franck Conroy.

Pour Claude, les journées dans le petit appartement de la cave offrent peu de distraction : le passage des piétons devant le soupirail et un peu de musique à la radio. Quand il trouve le petit piano blanc, il commence par jouer pour conjurer la solitude, car la cacophonie vaut mieux que le silence ou la pesante présence de sa mère dont les activités nocturnes semblent lui attirer bien des ennuis. Emma est « une grande femme en colère, prisonnière d’un discours perpétuel qui semblait se nourrir de lui-même. » (p. 115) Rapidement, Claude se découvre une passion et un don pour la musique. Avec l’aide d’Aaron Weisfeld, le propriétaire du magasin de musique voisin, le petit garçon apprend et travaille avec patience et acharnement. « La musique était là, simplement, sans qu’il y pense, sans qu’il se concentre sur elle. Il n’en était pas plus conscient que de sa propre respiration. Il n’avait pas l’impression qu’il la faisait mais qu’elle existait indépendamment, circulant dans un coin de son cerveau. » (p. 79)

Claude apprend vite et développe son talent avec une aisance qui impressionne ses maîtres. Jeune prodige, il entre très tôt dans le monde des concertistes. La musique lui est aussi nécessaire que l’air, elle est même un second souffle indispensable. « À l’exception possible de Weisfeld, nul ne savait que la musique l’avait sauvé. Que grâce à elle, il l’avait échappé belle. […] Sans musique, il serait encore, et toujours, cet enfant vague, faible, aussi évanescent qu’une volute de fumée. » (p. 301) Par certains côtés, et en dépit des nombreuses rencontres qu’il fait, Claude est coupé du monde, en apesanteur dans une bulle qui vibre d’accords et de notes. Entre répertoire classique et rythmes jazzy, Claude fait chanter les pianos et il donne à la musique une densité légère et enveloppante. « La musique est ce qui compte le plus au monde, pour moi. […] Plus je fais de la musique, plus ça me paraît évident. Je voudrais jouer, je voudrais composer. La musique ne s’épuisera jamais. Elle ne disparaîtra jamais. Je voudrais donc lui consacrer ma vie. » (p. 282)

Il y a beaucoup de théorie musicale dans ce roman, mais il n’est pas besoin de la comprendre pour saisir l’extraordinaire mélodie qui sourd des mots et qui émane du roman tout entier. Corps et âme est un texte émouvant, parfois drôle et acerbe. C’est un roman fleuve qui entraîne le lecteur dans une frénésie harmonique, au sein d’une New York qui se déconstruit et revêt les atours de la modernité. Chaque fois que j’ouvrais le livre, je plongeais dans un monde très beau et délicat, suivant l’histoire de Claude en retenant mon souffle devant la beauté de cette partition littéraire.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Billevesée #123

Quel est le point commun entre ces personnes ?

  • Madonna
  • Elton John
  • Arnold Schwarznegger
  • Laurent Voulzy
  • Vanessa Paradis
  • Béatrice Dalle
  • Ronaldo
  • Nicolas Peyrac
  • Jane Birkin
  • Yannick Noah

Elles ont toutes les dents du bonheur.

Alors, billevesée ?

Publié dans Mon Boudoir | Laisser un commentaire

Blacksad – Amarillo

Pour lire mes avis sur les quatre opus précédents, c’est par ici : tome 1 à 3 et tome 4.

Bande dessinée de Diaz Canales et Guarnido.

Blacksad est toujours à la Nouvelle-Orléans. Alors qu’il est chargé de ramener une voiture à Tulsa, il se fait dérober le véhicule par deux écrivains en quête de sens. « Aucun acte prémédité et violent n’est dénué de sens, ce sont l’inaction et la lâcheté qui pourrissent le cœur de l’homme. Tu devras l’assumer si tu veux un jour devenir un véritable écrivain. » (p. 15) À la poursuite des voleurs, il se retrouve dans un cirque et doit faire face à de vieilles connaissances pas vraiment heureuses de le revoir.

Me voilà un peu déçue par ce nouvel épisode des aventures de John Blacksad. Le beau matou s’écarte toujours un peu plus du droit chemin, mais avec moins de panache cette fois-ci. Neal Beato, fouine avocate au rire facile, est un personnage intéressant, mais sa présence ne suffit pas à pimenter le récit. Le dessin est toujours aussi réussi et le chat toujours aussi plaisant à regarder, mais l’image n’est pas aussi flamboyante que dans le volume précédent, où la Nouvelle-Orléans rayonnait de couleur et de musique. Nous verrons bien ce que réserve le tome 6.

Publié dans Mon Alexandrie | Laisser un commentaire

Le ciel nous appartient

Texte de Brendan I. Koerner. Parution aujourd’hui.

En 1972, Roger Holder et Cathy Kerkow détournent le vol 701 : leur revendication est simple, ils demandent la libération d’Angela Davis. Leur plan sera bien loin de se dérouler comme ils l’avaient prévu et le détournement sera suivi d’une cavale de plusieurs années entre Alger et Paris, souvent au grand jour. Mais avant d’arriver au jour du détournement, il faut comprendre qui sont ces deux pirates de l’air et dans quel contexte ils agissent. C’est le travail auquel procède le journaliste Brendan I. Koerner.

Roger Holder est un soldat noir américain, vétéran de la guerre du Vietnam, traumatisé par ce qu’il a accompli là-bas et blessé par le peu de reconnaissance que lui offre son pays. Cathy Kerkow est une jeune fille qui fut une enfant trop sage et qui rêve désormais de vie facile, d’action et de passion. Roger et Cathy s’aiment follement et partagent le même dégoût pour le mythe américain qui s’effrite. Enlisé dans le conflit vietnamien, le grand pays nourrit en son sein de nombreuses protestations. D’une part, il y a les hippies et leurs paradis amoureux et artificiels. D’autre part, il y a les activistes politiques, les plus virulents étant peut-être les Black Panthers. Meurtri par la guerre, Roger cherche à faire entendre ses protestations. « Ce serait lui […] qui dénoncerait cette guerre et permettrait au monde entier d’ouvrir les yeux sur les iniquités morales qu’elle engendrait. » (p. 93)

La rencontre de ces deux écorchés a lieu alors que les États-Unis connaissent une succession inquiétante de détournements d’avion. Dans les années 1960, la sécurité dans les aéroports était presque inexistante et presque n’importe qui pouvait embarquer sur un appareil. « Les pirates de l’air étaient devenus si téméraires que même les ardents partisans des libertés individuelles acceptaient de sacrifier une part de leur confort en faveur de la paix de l’esprit. » (p. 293) Les hauts faits des pirates de l’air faisaient régulièrement la une des journaux, parfois plusieurs fois par semaine. Brendan I. Koerner présente les plus marquants d’entre et retrace la curieuse histoire de la piraterie aérienne américaine.

Le texte se lit comme un polar jusqu’au dénouement, en 1986, où Roger est arrêté en Amérique, Cathy ayant disparu des radars depuis longtemps. La couverture annonce les « Bonnie et Clyde » de l’air : Roger et Cathy forment en effet un couple de criminels tout à fait fascinant, mais ils sont davantage des enfants rebelles que des tueurs à la gâchette facile. Le ciel nous appartient mêle habilement une biographie des deux pirates de l’air, un essai historique sur les détournements d’avion et une réflexion sur les conséquences de la guerre du Vietnam. À lire après avoir attaché sa ceinture !

Publié dans Mon Alexandrie | Marqué avec | Laisser un commentaire