Le complexe d’Eden Bellwether

Roman de Benjamin Wood.

Oscar Lowe est aide-soignant dans une maison de retraite proche de Cambridge. Il a vingt ans quand il rencontre Iris et Eden Bellwether. Ce dernier est organiste assistant à la chapelle de King’s College et fait grand cas du talent de musicien que tout le monde lui reconnaît. Iris, sa sœur, est étudiante en médecine, très proche de son aîné et toujours encline à le défendre. Mais en apprenant à la connaître, Oscar comprend que la jeune femme cherche à échapper à l’emprise de son frère. « Tu n’as pas la moindre idée de ce que ça signifie d’avoir un frère. » (p. 108) Eden fait montre d’un étrange pouvoir de guérison, basé sur l’hypnose et la musique. Arrogant, narcissique, dominateur et intrusif, le jeune homme oscille entre génie et folie. « Et c’est de cela qu’il a besoin, sentir son pouvoir sur tout le monde. » (p. 123)

L’ouverture se fait sur une scène tragique qui annonce la fin du roman. On repassera donc pour l’effet de surprise, mais on appréciera la mise en place de la tension tout au long du roman. Par son atmosphère, cette histoire m’a beaucoup rappelé Le maître des illusions. Elle est très réussie, mais je n’ai pas eu le coup de cœur que j’attendais, sans doute parce que j’ai tout vu venir de très loin. Le complexe d’Eden Bellwether m’a cependant donné envie de lire davantage d’ouvrages sur les maladies psychologiques, sujet aussi inquiétant que fascinant.

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De quelques amoureux des livres

Texte de Philippe Claudel.

Commençons par préciser le titre complet de cet ouvrage : De quelques amoureux des livres que la littérature fascinait, qui aspiraient à devenir écrivain mais en furent empêchés par diverses raisons qui tenaient aux circonstances, au siècle de leur naissance, à leur caractère, faiblesse, orgueil, lâcheté, mollesse, bravoure, ou bien encore au hasard qui de la vie fait son jouet et entre les mains duquel nous ne sommes que de menues créatures vulnérables et chagrines.

Rien que ce titre à rallonge comme un essai des Lumières suffit à en dire beaucoup. Mais il manque un petit quelque chose, un presque rien, un rien du tout qui fait toute la différence. Rouge sur la première de couverture, l’esperluette. En tête de chaque chapitre, elle ponctue l’énumération et justifie la longue liste que nous présente l’auteur. Liste, litanie, voire litanie des saints sacrifiés sur l’autel de l’inspiration et de la création. Dans des portraits très courts, l’auteur rend hommage aux écrivains de toutes les époques et de tous les milieux sociaux, rappelant que la pulsion d’écriture est universelle, irrépressible.

Cet inventaire à la Claudel est absurde, bouffon, tragi-comique, mais aussi étrangement beau et touchant. Il suscite une grande compassion et de fols espoirs : rien n’est perdu tant que ce n’est pas tenté ! Voilà un ouvrage salutaire à offrir à ceux qui – comme moi – voudraient écrire : c’est tout à la fois un encouragement et un avertissement. Mais il faudrait aussi l’offrir aux auteurs que l’on admire, comme un rappel d’humilité, une remise à l’heure des pendules. Car pour un Hugo, une Austen, un Tolstoï, une Dickinson, combien d’écrivains avortés ? Combien de plumitifs en souffrance, rendus fous par l’inaboutissement ?

Mais comme dans Inhumaines, le désespoir est hilare. On ne pleure pas longtemps et c’est avec férocité qu’on met en pièces un autre écrivaillon, et encore un autre, et encore un ! Sur un certain fronton, il est gravé « Aux grands hommes la Nation reconnaissante ! » : ce livre est surtout un merci discret et cynique à ceux qui n’ont pas encombré nos bibliothèques ni accru notre syndrome de tsundoku.

Évidemment, je vous laisse avec des morceaux choisis. Voici quelques-uns de ces amoureux malheureux…

« & celui qui aurait pu être un immense écrivain s’il n’avait pas eu la femme qu’il avait. » (p. 25)

« & celui qui se croyait l’auteur du livre alors qu’il n’en était que le personnage. » (p. 54)

« & cette cohorte anonyme dans laquelle s’amalgament au sein d’une brume commune toutes celles et ceux qui ont un jour écrit et publié des livres, et qu’on a depuis longtemps oubliés et qui ont disparu, livres et auteurs, au gré de la versatilité des peuples et des incendies des bibliothèques. » (p. 58)

« & cette lectrice qui ne faisait l’amour qu’avec des écrivains dans l’espoir d’accoucher d’un livre. Elle ne réussit qu’à tomber enceinte de jumeaux dont elle a préféré avorter, ne sachant plus bien si leur père était un poète alcoolique ou un auteur de romans d’épouvante. » (p. 66)

« & ces gens écrivant des romans et les postant sur internet, comme un pêcheur lance sa ligne et son bouchon dans l’eau, espérant qu’un poisson s’intéressera à son leurre et qui relève de temps à autre sa canne pour voir si l’asticot gigote encore. » (p. 76)

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La princesse qui pète

Album de Maud Roegiers.

Emma rêve d’être une princesse. Mais ça semble compromis parce qu’elle ne cesse de faire des prouts. « Et une princesse, ah, ça, non ! ça ne peut pas péter ! » Emma est convaincue d’avoir un petit animal dans le ventre. Avec l’aide de son doudou Lapinot, elle élabore un plan pour évacuer ce petit monstre. En espérant qu’elle arrêtera de péter une fois qu’elle en sera libérée… Mais ce qu’elle apprend de cette histoire est bien plus important. « Avec un peu de discrétion, on peut être une princesse dans toutes les situations. »

Que les dessins sont doux et charmants ! Il y a notamment une double page à renverser pour en saisir toute la beauté. Étant moi-même une princesse experte en prouts à paillettes, je ne pouvais qu’apprécier cette histoire. Et il faut dire que l’humour pipi-caca marche toujours très bien avec moi… Cet album m’a été offert par deux amies qui me connaissent très bien. Elles ont fait dédicacer le livre par l’autrice et c’est absolument adorable !

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Billevesée #308

Je suis dingue de fromage, mais j’essaie parfois de varier mon apport en calcium. Et comme je ne digère pas bien (mais alors pas bien du tout) le lait, je me rabats sur les yaourts.

Ma préférence va au yaourt grec : plus onctueux et plus « gourmand ». Et ça se justifie ! Le yaourt grec contient presque deux fois plus de protéines et de graisses saturées que le yaourt normal. En revanche, il contient deux fois moins de sodium.

Il est idéal pour préparer le tzatziki, mon péché mignon de l’été !

Alors, billevesée ?

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Winter

Texte de Rick Bass.

Rick Bass et son amie Elizabeth décident de quitter la grande ville et de s’installer quelque part dans l’Ouest américain. Ils trouvent une maison dans la vallée du Yaak River, dans le Montana. Lui est peintre, elle est écrivaine. Ils n’ont jamais vécu sans le confort. « C’est parfois tout à fait merveilleux de découvrir qu’on était dans l’erreur, qu’on est ignorant et qu’on ne sait rien, peau de balle. » (p. 22) En arrivant sur place à la mi-septembre, ils savent qu’il est déjà presque trop tard pour préparer l’hiver. Et préparer l’hiver, ça signifie avoir suffisamment de bois pour se chauffer. « Ça faisait une curieuse impression, assez effrayante, de savoir que ce phénomène qu’on appelle les grands froids est tapi là-bas dans le futur, dans les ténèbres, mais qu’il est assuré. » (p. 58) Mais le narrateur se découvre une passion sincère pour l’hiver et des aptitudes pour cette vie simple et rude. Tant pis si sa voiture n’est pas faite pour les montagnes. Tant pis s’il est difficile de manier une tronçonneuse. Rick Bass s’approprie l’hiver et l’hiver l’accueille en son sein blanc et pur. « Je n’arrive pas à croire que je suis si riche, que je récolte autant de neige. Tout ce qui tombe m’appartient, nous appartient. » (p. 79)

Cette lecture est l’illustration d’un fantasme personnel : je rêve parfois de tout lâcher, de me retirer du monde et de m’enfoncer dans l’hiver. De vivre dans une cabane, au plus près de la nature, avec deux chiens et le son du bois qui craque dans la cheminée. J’aime le froid et j’aime l’hiver. J’ai donc suivi le récit du narrateur avec passion et envie. Ce journal est une immersion totale dans la saison blanche et l’on voit arriver mars avec tristesse, car cela annonce le dégel. Impossible d’en douter, dans ce texte, l’hiver est plus qu’une saison ou une température, c’est presque un personnage, au moins une entité omniprésente. « Cette vallée fourmille de mystère, de beauté, de secrets – et pourtant elle ne livre aucune réponse. Quelquefois, je crois que cet endroit – si haut dans les montagnes, au milieu de bois si touffus – et une sorte de marche menant au ciel, le dernier endroit par où l’on passe avant d’y arriver pour de bon. » (p. 55 & 56) Si vous aimez les mois glacés, lisez ce livre et plongez dans l’hiver. Et lisez aussi Indian Creek de Pete Fromm, un autre récit de vie extrême dans l’hiver nord-américain.

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Beauté fatale

Essai de Mona Chollet.

Mona Chollet a décortiqué presse féminine, séries télévisées, publicités et stratégies marketing, blogs, sites Internet, enquêtes, témoignages de mannequin et autres. Elle en tire un état des lieux peu réjouissant de la position de la femme, des combats qui restent à mener et des paradoxes de la féminité. « La théorie de l’exception française suit toujours le même schéma discursif : on commence par concéder qu’il reste des progrès à faire, sans trop se fouler non plus pour dissimuler que ça ne nous empêche pas vraiment de dormir, puis on enchaîne très vite en soulignant les progrès inouïs qui ont quand même été accomplis. On en conclut que, dans ce contexte éminemment satisfaisant, celles qui continuent le combat ne peuvent être que des mégères enragées et hystériques que seul le ressentiment fait jouir, et qui cherchent à obtenir un traitement de faveur plutôt que l’égalité (puisqu’elles l’ont déjà !) » (p. 9)

À force de modèles illusoires et inatteignables, l’injonction de la féminité devient une menace de mort : c’est en cela que la beauté est fatale. Et les bonnes intentions, qui souvent tournent mal, ne suffisent pas à briser les spirales de haine de soi et d’autodestruction. Et tant que l’apparence – formatée, uniformisée, contrôlée – restera pour beaucoup la valeur première, la diversité féminine sera menacée. « Personne ne peut résister à cette scrutation de ses moindres défauts physiques, évalués selon des critères de plus en plus irréalistes. » (p. 209) Beauté fatale parle de surconsommation, de régimes, de chirurgie esthétique, de mode, de troubles alimentaires, d’histoires sordides ou encore de violences en tout genre.

Clairement, je rends très mal hommage à cet excellent texte et à la démonstration de Mona Chollet. L’argumentaire est dynamique, abordable, intelligent et nourri de références pertinentes. J’aurais pu recopier toutes les phrases et les apprendre par cœur ! Voilà une lecture nécessaire et urgente, à mettre sous tous les yeux, qu’ils soient masculins, féminins, jeunes, vieux, myopes… Parce qu’il ne s’agit pas (que) d’être belle, mais surtout d’être.

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Attention Dieu méchant

Recueil de nouvelles de Shalom Auslander.

Qu’y a-t-il à lire dans ce livre ?

  • Un couple s’ingénie à se pourrir la vie.
  • Un chimpanzé accède à la conscience et découvre la honte et la culpabilité.
  • Dieu, Lucifer et la Mort n’arrivent pas liquider un pauvre type.
  • Un gamin découvre la masturbation, et son chien le juge.
  • Deux hamsters attendent le retour de Joe, leur dieu absolu et omnipotent.
  • Des chiffres et des faits sur l’Holocauste font passer du rire grinçant à l’horreur totale.
  • De nouvelles tablettes pourraient remettre en question les trois grandes religions occidentales.
  • Un juif se réveille dans le corps d’un goy.
  • Un homme est lassé d’entendre Dieu lui parler et lui ordonner d’accomplir des faits à sa gloire.
  • Dieu est une marque et il a droit à son plan marketing au sein d’une prestigieuse agence de communication.
  • Charlie Brown, Snoopy et ses amis s’affrontent dans une partie de baseball et discutent d’une éventuelle solution finale envers les citrouilles.
  • Dieu est un volatile.

L’humour ici est noir et cynique. Il ne fait pas que flirter avec le blasphème : il l’investit pleinement et c’est proprement jubilatoire. Chaque nouvelle parle de la condition humaine et de son besoin de croire. C’est aussi drôle et féroce que c’est profond et spirituel. Bref, ce recueil est indispensable.

Je vous laisse avec quelques extraits à méditer.

« Bernstein vivait chaque instant de sa vie présente dans l’attente et la préparation de la future. Quarante-cinq années d’étude de la Torah l’avaient persuadé de la nullité sordide du monde ici-bas et aussi de la perfection euphorique de celui qui viendrait ensuite. » (p. 10)

« Que sommes-nous, sinon une bande de singes à la con ? Où est notre dignité ? Où est notre fierté ? Où sont nos pantalons ? » (p. 20)

« Quand Yankel Morgenstern mourut et arriva au Paradis, son étonnement fut considérable en constatant que Dieu était un gros poulet. » (p. 96)

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Billevesée #307

En français, la lettre « q » est toujours suivie d’un « u » quand elle est placée dans un mot avant une voyelle. Sauf pour « piqûre » qui ne prend qu’un « u ».

Ne venez pas me dire qu’il n’y a pas de « u » à la fin de « cinq » ou de « coq » : le « q » n’est pas placé en milieu de mot !

En linguistique, l’association du « q » et du « u » est un digramme ou un digraphe. Ça remonte au latin qui ne différenciait pas le « u » et le « v ». Et je m’arrête là pour les explications linguistiques !

Je finis sur un mot que j’ai longtemps écrit avec une erreur : « piqûre ». J’avais tendance à mettre 2 « u » : un pour aller avec le « q » et un pour la voyelle.

Alors, billevesée ?

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Nord et Sud

Roman d’Elizabeth Gaskell.

Après des années à Londres, Margaret Hale retrouve la douceur du foyer familial dans le Hampshire. Mais son père, en proie à des doutes spirituels, décide de quitter sa charge de révérend. La famille doit alors s’installer à Milton-Northern, ville industrielle du Darkshire. Les premiers temps, Margaret ne peut s’empêcher d’opposer la beauté de la paroisse et de son écrin de nature à la noirceur de la cité ouvrière. Elle est convaincue que l’homme ne peut pas être heureux dans cette atmosphère poussiéreuse. « Certes, dans le Sud, nous avons nos pauvres, mais leur visage ne porte pas cette terrible expression que je vois ici, et où se lit un morne sentiment d’injustice. » (p. 126) Mais surtout, elle nourrit une aversion et des préjugés tenaces envers les commerçants et les boutiquiers. Pourtant généreuse et dévouée, Margaret fait parfois montre d’orgueil et de froideur, surtout envers John Thornton, patron d’une usine textile qui devient l’élève favori et l’ami de son père. Elle reproche au jeune homme d’exploiter les masses industrieuses qui se tuent à la tâche pour lui. Cependant, à mesure qu’elle apprend à connaître le nord et son environnement industriel, ses yeux se dessillent et la magie du sud lui apparaît artificielle et vaine. Découvrira-t-elle la beauté de ce pays de labeur et accordera-t-elle enfin du crédit au pauvre John, désespérément épris d’elle ? Évidemment, oui.

Nord et Sud est un roman social, voire socialiste. « Je constate qu’il y a deux classes dépendant étroitement l’une de l’autre et qui, pourtant, considèrent chacune les intérêts de l’autre comme opposés aux siens. Jamais encore je n’ai vécu dans un endroit où deux groupent ne cessent de se dénigrer. » (p. 183) Il y est question des premières grèves et de la naissance des mouvements ouvriers. La révolution industrielle, si glorieuse de notre point de vue, était un bouleversement terrible pour les populations de l’époque. « Est-ce que vous donnez à vos domestiques des justifications pour vos dépenses et vos économies ? Nous autres, qui possédons le capital, avons le droit de décider de quelle façon nous l’utilisons. » (p. 183) La peinture de ces changements est loin d’être inintéressante, mais dans le genre, j’ai préféré la description qu’en a faite Charlotte Brontë dans Shirley. Quant à la relation et à l’histoire d’amour entre Margaret et John, faites d’affrontements de deux orgueils et deux conceptions du monde, elles m’ont largement moins plu que celles développées par Jane Austen dans Orgueil et préjugés. Elizabeth Gaskell a écrit un roman victorien de très bonne facture, mais pour l’avoir lu après d’autres monuments littéraires, je l’ai trouvé un peu fade. Il me reste à voir la minisérie produite par la BBC.

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L’inaccessible

Recueil de nouvelles de Charles Gancel.

Édith se débarrasse de son mari en même temps que de sa maison. « Elle avait tué Roger comme on coupe la télé, un doigt posé sur la télécommande. »  (p. 14) Sous la canicule, un jeune compositeur préfère la piscine et la compagnie de ses voisines à son piano et aux mélodies qu’il doit composer. « Il déteste la chaleur. On ne peut rien contre elle. Il aime l’hiver. On s’en protège. » (p. 44) Dans un monde à l’agonie, une jeune femme étrangement préservée est une proie idéale. Dans la nouvelle Russie, Slava est un assassin hors pair qui ne sait que tuer. « La mort est communiste, par nature égalitaire. Qui pourrait distinguer le gros du famélique dans la fraternité des squelettes blanchis ? » (p. 117) Vingt ans plus tard, que reste-t-il d’un premier amour ? « Il l’aimait avant de la connaître. Il en était sûr. Elle était en lui, déjà installée comme un vide à combler. » (p. 131) Face au syndrome de la page blanche, dans une ville violente et survoltée, un écrivain attend la révélation.

Chacune à leur manière, ces nouvelles sont des histoires d’amour. Dérangeantes, passionnées ou étouffantes, elles apportent ce petit supplément d’âme à toutes les existences où elles s’inscrivent. Avec ce recueil, je découvre la plume de Charles Gancel et je suis sous le charme de ce style élégant, profond et poétique. J’ai surtout été touchée par « Le foulard » qui parle si bien de chaleur, de gare et d’amour. Je vous laisse avec quelques phrases d’une beauté affolante.

« Les gares devraient n’être faites que pour partir. » (p. 50)

« Il a perdu Laura et gagné douze mesures de douceur. Dans l’économie générale de l’âme, il se sait combler. » (p. 55)

« Que sait-on du dernier chapitre d’un livre qu’on oublie dans un train, sinon qu’il a rejoint une autre vie, d’autres mains et peut-être d’autres lacunes, quelque part dans la logique trouée du temps. » (p. 167)

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Deux sœurs pour un roi

Roman de Philippa Gregory.

Marie Boleyn a 13 ans et un époux quand le roi Henri VIII en fait sa maîtresse. Encouragée par son père et son oncle, la jeune fille doit se soumettre à la volonté des Boleyn. « Si elle partage la couche du roi et y conçoit un bâtard, nous aurons gros à jouer. » (p. 22) En effet, la reine Catherine d’Aragon n’a pas su donner de fils au roi et ce dernier craint que son royaume n’ait pas d’héritier. L’arrivée d’Anne, la sœur d’aînée de Marie, bouleverse les plans des Boleyn. « Je suis née pour être votre rivale […], et vous, la mienne. Nous sommes sœurs, n’est-ce pas ? » (p. 154) Désormais, c’est d’Anne dont le roi est épris et la famille Boleyn est déterminée à asseoir cette fille sur le trône d’Angleterre et obtenir avantages et richesses de cette union. « Ma propre famille avait décidé que je serais la putain quand elle serait l’épouse. » (p. 204) Pour assouvir son désir envers Anne et obtenir enfin un fils, Henri VIII est prêt à tout, même à s’aliéner Rome et à instituer une Église d’Angleterre indépendante. Marie, narratrice et témoin de toute cette folie, cherche avant tout à protéger ses enfants et à vivre en paix avec l’homme qu’elle a choisi contre la volonté des siens. Elle assiste à l’ascension démesurée de sa sœur et à sa chute inexorable, après près de 10 ans d’intrigues, de tromperies et de trahisons.

Tout au long du livre, Anne la brune est présentée comme une femme ambitieuse et calculatrice, plus ou moins insupportable et égoïste, alors que Marie la blonde se présente comme douce et victime. C’est un parti pris de l’autrice assez agaçant. Pour ne rien arranger, le style est parfois lourd et inutilement pompeux. Cependant, à mon grand étonnement, j’ai tourné les pages de ce livre à une allure folle, sans bouder mon plaisir. Sans doute parce que je connaissais déjà la tragique histoire des épouses d’Henri VIII et que je ne me suis pas perdue entre tous les protagonistes. Amour, raison d’État et d’Église, et ambitions personnelles s’entrechoquent et constituent une histoire tellement démesurée et pleine de rebondissements qu’on pourrait la croire inventée. Si vous cherchez d’autres versions plus ou moins romancées de cet épisode historique, je vous recommande vivement la série Les Tudor ou Wolf Hall, la seconde surpassant largement la première.

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Billevesée #306

En français, le son d’un éternuement est représenté par le terme « Atchoum » : c’est une onomatopée ou un bruit articulé.

Les Anglais disent « Atishoo ».

Les Allemands disent « Hatschi ».

Les Espagnols disent « Achis ».

Les Italiens disent « Etciu ».

Les Japonais disent ‘Hakushon ».

Bref, il y a autant de bruits articulés que de langues !

Alors, billevesée ?

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Underground Railroad

Roman de Colson Whitehead.

Cora accepte de suivre Caesar et de fuir la plantation Randall : leur espoir est d’atteindre le chemin de fer clandestin et de quitter la Géorgie vers un état, voire un pays où l’esclavage n’a plus cours. La bizarrerie de l’Amérique, c’est qu’ici les gens étaient des choses. » (p. 8) Cora a en tête l’exemple de Mabel, sa mère, qui a fui et n’a jamais été rattrapée par Ridgeway, l’impitoyable chasseur d’esclaves. « C’était bien contre la tombe que luttaient les fugitifs, car telle était leur destination si ces hommes l’emportaient et les ramenaient à leur maître. » (p. 59) Pendant quelque temps, elle pense avoir trouvé la liberté en Caroline du Sud, mais cela ne dure pas. Elle trouve un refuge précaire en Caroline du Nord, mais en est à nouveau délogée. Sa fuite semble ne pas avoir de fin, ni ses tourments d’apaisement. « Aucune chaîne ne rattachait les malheurs de Cora à sa personne ou à ses actes. Elle avait la peau noire et c’est comme ça que le monde traitait les Noirs. Ni plus ni moins. » (p. 206)

Ce roman se lit rapidement et sans déplaisir : il est rythmé et bien écrit. Les chapitres s’ouvrent sur des reproductions de récompense offerte pour la capture d’esclaves en fuite : elles glacent le sang et rappellent à tout moment que la situation de Cora est incertaine. Cependant, je n’ai pas pu m’empêcher de comparer ce roman à Racines d’Alex Haley : ce dernier balaie plusieurs générations d’esclaves et leurs descendants. En comparaison, Underground Railroad m’a semblé un peu fade, même s’il reste un très bon roman. Sur le même sujet, dans une moindre mesure, je vous recommande La dernière fugitive de Tracy Chevalier.

Et je vous laisse avec un terrible extrait du roman.

« Si les nègres étaient censés jouir de leur liberté, ils ne seraient pas enchaînés. Si le Peau-Rouge était censé conserver sa terre, elle serait encore à lui. Et si le Blanc n’avait pas été destiné à s’emparer de ce nouveau monde, il ne le posséderait pas. » (p. 78)

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Les adaptations ciné/télé des textes de Stephen King

Avez-vous profité de la soirée d’Halloween pour regarder un film d’horreur ? Si oui, était-ce une adaptation d’une œuvre de Stephen King ?

Vous le savez, entre le King et moi, c’est une grande histoire d’amour ! J’ai découvert le bonhomme peu avant mes 30 ans et j’ai presque tout lu de lui en 4 ans. C’est vous dire la passion que j’ai pour cet auteur !

Hollywood a depuis longtemps compris tout le potentiel visuel et dynamique des textes de Stephen King. Les adaptations cinématographiques et télévisuelles des œuvres de cet auteur sont nombreuses. Il y a des merveilles, de bons gros nanars et des ratages complets.

Je vous propose donc un tour d’horizon des adaptations que j’ai vues, avec mon avis tout à fait personnel (normal puisque c’est le mien) en quelques mots, et je complèterai à mesure des nouvelles adaptations et de mes visionnages. Il y a bien des films, séries et téléfilms que je n’ai pas encore vus. Pour connaître mon avis sur le texte de Stephen King, cliquez sur le titre.

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ŒUVRES NON ADAPTÉES D’UN TEXTE DE STEPHEN KING

Creepshow – Ce n’est pas une adaptation d’un roman de Stephen King, mais d’un scénario écrit par l’auteur exclusivement pour devenir un film. Les cinq sketches s’inspirent des comics américains. Le film est réalisé en 1982 par George A. Romero et c’est une débauche hilarante et granguignolesque de sang, de fluides, de hurlements et de bestioles horribles. Kitsch autant qu’on peut l’être, mais tout à fait délicieux ! Surtout que Stephen King tient le rôle principal d’un des sketches, et son fils Joe apparaît dans le prologue et l’épisode du film.

Sleepwalkers – Ce film a été écrit par Stephen King, mais n’est pas fondé sur une de ses œuvres. Réalisé par Mick Garris, ce long métrage de 1992 offre quelques maquillages et effets spéciaux bien vintages, délicieusement kitschs sont je les aime. La distribution est des plus réjouissantes, avec Brian Krause (le beau Leo dans la série Charmed) ou encore le tout jeune Ron Perlmann. Et il faut noter plusieurs caméos tout à fait géniaux : le King lui-même et l’auteur Clive Barker, Mark Hamill et les réalisateurs John Landis, Joe Dante et Tobe Hooper. L’œuvre est de bonne facture, ni meilleure ni pire qu’un autre film d’horreur de la même époque.

Rose Red – Cette minisérie est scénarisée par Stephen King et réalisée par Craig R. Baxley. Les trois épisodes sont diffusés pour la première fois en 2002. Dans ce manoir hanté de Seattlle, une manque de personnes aux pouvoirs psis tentent d’entrer en contact avec les forces surnaturelles et les fantômes qui peuplent le bâtiment. C’est l’occasion de voir défiler une jolie brochette d’acteurs et actrices devenu·es plus ou moins célèbres par la suite. Évidemment, je me suis délectée du caméo de Stephen King en livreur de pizzas un peu benêt.

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Carrie – Il y a eu plusieurs adaptations du premier roman de Stephen King. Le titre du film de Brian de Palma est Carrie au bal du diable, avec Sissy Spacek dans le rôle titre. Le film a pas mal vieilli, mais il reste un chef d’œuvre d’horreur visuelle et d’épouvante sanglante.

Salem – Je n’ai pas vu la minisérie de 1979, mais celle de 2004. J’étais un peu réticente en raison de la présence de Rob Lowe dans le rôle principal. Finalement, c’est une adaptation honorable, plutôt bien rythmée. Mais visuellement, le niveau gaguesque explose tous les records. Et je vais prétendre que la fin n’est pas ce qu’elle est…

Gary Dauberman a produit une nouvelle adaptation, diffusée le 3 octobre 2024 sur Netflix. Bon… les crucifix qui s’allument comme des néons en présence des vampires, on a vu plus subtil… Mais je retiens surtout un plan dans une chambre d’enfants : Watership Down est sur la table de chevet. Le King + des lapins = combo gagnant !

Shining, l’enfant lumière – Le film de Stanley Kubrick n’est pas exactement fidèle au roman, mais il est une très bonne adaptation qui rend bien compte de l’ambiance terrifiante de l’Overlook. Jack Nicholson est un fou dangereux parfait et il a pour ainsi dire la tête de l’emploi.

RageIl n’existe pas d’adaptation de ce court roman bien dérangeant.

Le fléau – En 1994, sur un scénario de Stephen King (ouf !), Mick Garris a produit une mini-série télévisée en 4 épisodes. On y retrouve un Rob Lowe plus que poupin et étonnamment convaincant parce que sans dialogue (il joue le muet…) et un jeune Gary Sinise déjà très graouuu ! L’image a évidemment mal vieillie, mais l’adaptation est très fidèle au texte et vraiment plaisante à regarder ! Sauf l’acteur qui incarne Randall Flagg, plus bouffon que terrifiant, mais on ne peut pas tout avoir…

La série de 2020 réalisée par Josh Boone et Benjamin Cavell est une adaptation très réussie. Whoopi Goldberg campe une excellente Mère Abigaïl et Alexander Skarsgard est un Randall aussi troublant que vénéneux. Du pur plaisir pour une mise en images digne du texte de Stephen King ! Et si vous ouvrez l’œil, vous trouverez plein de surprises dissimulées dans les plans…

Dead Zone – J’ai peu de souvenirs du film de David Cronenberg avec Christopher Walken dans le rôle principal, en revanche je suis encore bien traumatisée par la série télévisée diffusée sur M6 à partir de 2003. Traumatisée parce que c’était vraiment très très mauvais !

Marche ou crève – Francis Lawrence a produit un film adapté du roman en 2025. Cooper Hoffmann incarne le protagoniste, Ray Garraty.

Charlie – Drew Barrymore dans l’un de ses premiers rôles. Et une brochette d’acteurs connus. Mais l’adaptation est à l’image du livre : poussive. Le petit truc qui sauve tout, c’est l’aspect 1980’s très marqué : un bon petit goût de nostalgie pas trop mal vieillie…

Le roman a été adapté en 2022 par Keith Thomas, avec Ryan Kiera Armstrong dans le rôle principal. Cette version est résolument plus moderne, mais n’apporte pas beaucoup plus à l’œuvre originale.

Cujo – L’adaptation de Lewis Teague est franchement moyenne. Elle respecte peu ou prou le roman, mais la réalisation est poussive. Cependant, prix d’interprétation pour le chien et son maquillage !

Une nouvelle adaptation a été annoncée en 2025. Affaire à suivre !

Chantier – Il n’existe pas encore d’adaptation de ce roman, mais Andrés Muschietti, déjà réalisateur de la dernière version en date de Ça, a annoncé un projet de film.

Running Man – L’adaptation de 1987, par Paul Michael Glaser et avec Arnold Schwarznegger, est très éloignée du texte : en gros, on a le même titre, les mêmes personnages, mais des motivations, une intrigue et une fin différentes. Mr Muscle fait son Mr Muscle et saille du biceps : c’est probablement la seule raison qui m’a fait finir le film.

Christine – Le film de John Carpenter prend pas mal de liberté avec le texte, notamment sur l’origine de la voiture, mais ça reste du bon film d’horreur bien flippant.

La peau sur les os – L’adaptation de Tom Holland, en 1996, se laisse regarder sans déplaisir. Et trop kiffant quand Stephen King apparaît à l’écran !

L’année du loup-garou – Sous le titre Silver Bullet, Daniel Attias a adapté le roman en 1985, selon un scénario de Stephen King lui-même ! À regarder ce film aujourd’hui, je me suis régalée de l’atmosphère délicieusement « eighties » et des acteur·ices tous·tes jeunes que l’on a revu·es dans d’autres productions par la suite.

Simetierre – Le film de 1989 réalisé par Mary Lambert est un modèle du genre gore/dégueu, mais il est tellement réjouissant.

La version 2019 de Kevin Kölsch et Dennis Widmyer est ce que j’appelle un ratage complet. Le gore est remplacé par une esthétique zombie chic. Le film n’est pas fidèle au roman, et ce n’est pas un problème, mais la fin proposée est nazissime.

Les yeux du dragon – La seule adaptation est théâtrale.

Le talisman – Le projet de mini-série n’a jamais été mis en œuvre. Dommage.

Ça – Le téléfilm en trois partie de Tommy Lee Wallace est très fidèle au texte, mais l’interprétation est assez mauvaise. Et ça a plutôt mal vieilli !

En revanche, l’adaptation de 2017 d’Andy Muschietti est une totale réussite visuelle et d’ambiance. Comme j’aime le dire quand je suis vraiment effrayée : PIPI CULOTTE !!! Hâte de voir le chapitre 2 en 2019 !

Je modère mon enthousiasme avec le chapitre 2. Il n’y a que jumpscares en série et abus d’ombres, mais pas de véritable atmosphère viscéralement terrifiante. Et c’est un triste exploit de réussir à faire mal jouer Jessica Chastain et James McAvoy.

La tempête du siècle – J’ai vu la mini-série réalisée par Craig R. Baxley quand j’étais jeune, avant même de savoir que c’était un scénario de Stephen King. Colm Feroe est un excellent Linoge, mais je dois bien l’avouer, si j’aime autant cette adaptation, c’est aussi pour les souvenirs qui entourent son visionnage : moi et mon frère, seuls devant l’écran, avec la permission de minuit de nos parents, ce qui était assez rare.

Misery – L’adaptation de Rob Reiner est fabuleuse. Kathy Bates n’a pas volé son oscar pour son rôle d’Annie Wilkes, fan un peu trop enthousiaste, et c’est peu de le dire.

Les Tommyknockers – La mini-série produite en 1993 est l’exemple même du nanard et du kitsch. Les acteurs sont mauvais au possible, tout sonne faux et le carton-pâte crève l’écran. Vous me direz que ça a mal vieilli et que les effets spéciaux étaient certainement très chouettes pour l’époque. Sachant que cette adaptation est sortie la même année que Jurassic Park, je vous assure qu’elle est mauvaise !

La part des ténèbres – George Romero a produit une adaptation en 1992. Elle vieillit assez mal, mais c’est toujours un plaisir de plonger dans un film des 90’s !

La tour sombre – Énorme douleur et déception… Il était de toute façon impossible de faire un bon film, et certainement pas en 1h40. Le premier tome est résumé en une phrase. Le deuxième tome est inexistant. Le film se concentre plus ou moins sur le troisième tome, mais avec de nombreux raccourcis. Walter est un méchant bouffonesque (avec un col en V bien trop plongeant pour ne pas être ridicule !) dans son QG de méchant et sa bande de vilains sbires. Roland (OK, la belle gueule d’Idriss Elba sauve un peu le tout…) est mou, caricatural, peu convaincant. Apparemment, une suite est prévue. Misère… Maintenant, un zeste d’espoir subsiste avec le projet d’adaptation en série…

Bazaar – Réalisée en 1993 par Fraser Clarke Heston, cette adaptation, titrée Le bazaar de l’épouvante en français, est une très belle revisite du roman. Elle fleure bon l’esthétique des films un peu cheap des années 1990, mais on est loin du navet. Même si certains personnages restent caricaturaux (et je pense que la VF n’aide pas), l’ensemble est joliment horrifique, avec quelques scènes vraiment glaçantes et assez peu de gore facile. Évidemment, Ed Harris est un très bon atout du film !

Jessie – L’adaptation de Mike Flanagan, produite par Netflix, est une réussite, une merveille de malaise et d’angoisse ! Carla Gugino porte le film avec brio et c’est toujours un plaisir de voir Carel Struycken au cinéma !

Dolores Claiborne – Taylor Kackford a réalisé une belle adaptation de ce roman très émouvant. Kathy Bates (encore elle) est épatante dans le rôle-titre. Je vous mets au défi de ne pas chialer devant ce film !

Insomnie – Il n’existe pas d’adaptation de ce roman.

Rose Madder – Il n’existe pas d’adaptation de ce roman.

La ligne verte – Qui ne connaît pas la fabuleuse adaptation réalisée par Franck Darabont ? Tom Hanks est magistral, Michael Clarke Duncan incarne un personnage impossible à oublier. Je ne manque jamais une occasion de revoir ce film magnifique et très réussi. Si ça vous intéresse, regardez l’excellente analyse vidéo faite par LinksTheSun : ce mec est brillant et il dit tout, ou presque, de ce film génial.

Désolation – Pas mal… Pas terrible, mais pas mauvais non plus. Mais je dois avouer que la présence de Ron Perlman joue beaucoup dans ma complaisance : cet acteur a la gueule de l’emploi !

Les régulateurs – Il n’existe pas d’adaptation de ce roman.

Sac d’os – Le téléfilm porte le nom La maison sur le lac. Plutôt fidèle au texte et avec quelques très bons effets visuels et de réalisation, mais la présence de Pierce Brosnan a un peu douché un peu mon enthousiasme : le bonhomme m’exaspère dans tous ses rôles.

La petite fille qui aimait Tom Gordon – George Romero n’a jamais pu concrétiser son projet d’adaptation, par manque d’argent. Hélas, il ne pourra plus jamais le faire. Snif, snif, snif, surtout quand on sait l’admiration de Stephen King pour ce réalisateur et l’influence des œuvres de ce dernier dans les textes du roi de l’horreur.

Dreamcatcher – L’adaptation de Lawrence Kasdan est une montagne de rigolade, un nanar à côté duquel il ne faut pas passer. Morgan Freeman est ridicule à pleurer (de rire) en militaire entêté et bourrin. Les effets spéciaux dégoulinent de plastique fondu. À hurler de rire, donc, et parfois on n’en demande pas beaucoup plus à un film, d’autant plus que le livre est loin d’être le meilleur de Stephen King.

Territoires – Il n’existe pas d’adaptation de ce roman.

Roadmaster – Le projet d’adaptation de Tobe Hooper n’a jamais vu le jour. Dommage, car ce film a un potentiel visuel énorme.

Colorado Kid – Les 5 saisons de la série Les mystères de Haven, diffusée de 2010 à 2015 sur Syfy, reprend d’assez loin ce court roman. J’en retiens surtout les nombreuses allusions à d’autres titres de Stephen King.

Cellulaire – Tod Williams a adapté le film en 2016. John Cusack et Samuel L. Jackson tiennent les rôles titres d’un film qui s’avère moins nanardesque que le livre !

Extrait du film « Cell Phone »

Histoire de LiseyProduite par Pablo Larrain en 2021, la série offre de très grands rôles à Julianne Moore, Clive Owen et Dane DeHaan. J’ai redécouvert ce roman avec un immense plaisir.

BlazeIl n’existe pas d’adaptation de ce roman.

Duma KeyIl n’existe pas d’adaptation de ce roman.

DômeLes trois saisons de la série Under the Dome sont d’autant plus décevantes qu’elles ont été supervisées par Stephen King. En gros, on retrouve les mêmes noms de personnage, mais ils ont des caractères et/ou des histoires différentes. L’intrigue est rapidement très différente et la fin est un majeur tendu à la douce idée de respecter l’œuvre d’origine. Les acteurs sont… les acteurs sont, voilà. Le seul avantage de cette série est qu’elle donne envie de relire le roman qui est plutôt très bon.

22/11/63Comme quoi, il est possible de ne pas reproduire certaines erreurs… En travaillant avec J. J. Abrams sur le scénario de la mini-série, Stephen King a produit un chef-d’œuvre télévisuel. Tout est bon dans cette adaptation : les acteurs, le rythme, l’image, les clins d’œil aux autres textes du King (cherchez bien le « Redrum » dans la fabrique de papier…). Le roman était fabuleux : son adaptation est tout à fait à la hauteur.

JoylandIl n’existe pas d’adaptation de ce roman.

Docteur SleepMike Flanagan a adapté ce roman en 2019, avec Ewan McGregor dans le rôle de Danny Torrance adulte. La critique a été plutôt assassine avec ce film, mais j’ai trouvé ce dernier plutôt réussi, dynamique et bien joué. OK, je suis de parti pris quand Ewan est dans le coin, mais tout de même, ça reste une bonne adaptation d’un roman du King ! Et surtout, immense bravo à Rebecca Ferguson qui incarne Rose The Hat : elle est phénoménale !

Mr MercedesLe livre a été adapté en série en 2017. Il constitue la première saison d’une série de 3 (pour les suites du roman que sont Carnets noirs et Fin de ronde). Brendan Gleeson incarne un parfait Bill Hodges et Harry Treadaway est un terrifiant Mr Mercedes ! Et petit plus délicieux, le King se paye le luxe d’apparaître dans le générique d’une des saisons !

RevivalIl n’existe pas d’adaptation de ce roman.

Carnets noirsLe roman, deuxième de la trilogie commencée avec Mr Mercedes, constitue la troisième saison de la série intitulée Mr Mercedes. Et c’est encore une grande réussite, une excellente adaptation du roman !

Fin de rondeLe roman constitue la saison 2 de Mr Mercedes ! Les acteurs sont excellents et j’ai une tendresse toute particulière pour Justine Lupe qui incarne Holly Gibney.

Sleeping beautiesIl n’existe pas d’adaptation de ce roman.

L’outsiderLa série produite par Richard Price est une très bonne adaptation, avec des acteurs peu connus, mais foutrement convaincants ! Gros coup de cœur pour Cynthia Erivo qui incarne la brillante, mais tourmentée Holly Gibney. Les libertés prises avec le texte ont du sens et ne dénaturent pas l’œuvre littéraire. Un vrai plaisir de sériphile ! Un immense bravo pour la réalisation qui ne montre jamais le monstre, ce qui n’empêche pas de bien frissonner devant l’écran.

L’institutLe roman a été adapté en série de 8 épisodes par Jack Bender. Ben Barnes incarne le jeune garçon, Tim.

Après – Pas d’adaptation annoncée pour le moment.

Gwendy et la boîte à boutons – Pas d’adaptation annoncée pour le moment.

Billy Summers – Pas d’adaptation annoncée pour le moment.

Conte de fées – Pas d’adaptation annoncée pour le moment.

La dernière mission de Gwendy – Pas d’adaptation annoncée pour le moment.

Holly – Pas d’adaptation annoncée pour le moment.

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Stephen King a publié de nombreux recueils de nouvelles. Certaines ont été adaptées.

Danse macabre – Plusieurs nouvelles ont été adaptées. J’en ai vu certaines.

  • Celui qui garde le ver – La nouvelle a été adaptée en minisérie sous le titre « Chapelwaite » en 2021. Adrien Brody tient le rôle de Charles Boone. Cette adaptation est visuellement très réussie. Elle s’écarte du texte, mais propose une histoire de vampires tout à fait digne de Stephen King.
  • Poste de nuit – La nouvelle est adaptée par Ralph S. Singleton en 1990, sous le titre de La créature du cimetière. Il y a des scènes tout à fait dignes du King, et surtout une caractérisation des personnages aux petits oignons, avec des acteurs qui n’ont pas peur d’en faire des caisses.
  • Une sale grippe – La nouvelle n’a pas été adaptée, mais elle a servi de base au Fléau.
  • Comme une passerelle – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • La presseuse – Le film a été réalisé en 1995 par Tobe Hooper. Un navet comme on les aime ! En France, le film est sorti directement en vidéo sous le titre La presseuse diabolique.
  • Le croque-mitaine – La nouvelle a été adaptée en 1982 sous forme de court-métrage par Jeff Schiro.

En 2023, Rob Savage a produit une nouvelle adaptation. Rien de très subtil, un méchant vilain pas beau et une fin franchement couillonne, mais l’histoire de reconstruction familiale est assez jolie.

  • Matière grise – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Petits soldats – Premier épisode de la série Rêves et cauchemars, cette nouvelle est adaptée par Brian Henson en 2006 pour la chaîne TNT. Particularité à signaler, l’épisode ne contient aucun dialogue.
  • Poids lourd – Sous le titre Maximum Overdrive, Stephen King a écrit l’adaptation cinématographique de sa nouvelle. Sorti en 1986, le film est au nombre des gros nanars que l’auteur compte dans les adaptations filmées de ses textes. Mais ça se laisse regarder sans déplaisir, avec un second degré au garde à vous !
  • Cours, Jimmy, cours – Le téléfilm réalisé par Tom McLoughline en 1991 fleure bon, comme on s’en doute, les années 90. C’est pour cette seule et unique raison que j’ai regardé l’adaptation jusqu’au bout. Parce que les acteurs jouent comme des savates et le doublage est franchement atroce.
  • Le printemps des baies – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • La pastorale – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Désintox Inc / La corniche – Ces deux nouvelles ont été adaptées dans le film à sketches Cat’s Eye, sorti en 1985. Trois histoires indépendantes (dont une écrite spécialement pour le film) sont reliées par les errances d’un chat, hanté par les visions d’une petite fille qui demande son aide. Et la petite fille est interprétée par la toute jeune Drew Barrymore, déjà vue dans une adaptation d’un roman du maître, Charlie.
  • L’homme qu’il vous faut – Le texte est adapté en 2005 par Shawn S. Lealos sous forme de court-métrage.
  • Les enfants du maïs – Le nombre d’adaptations de cette nouvelle est plutôt impressionnant ! J’ai vu celle de Kurt Wimmer, tournée en 2020 pendant la pandémie de Covid-19. Pas de doute, on n’a aucune envie de croiser ces gamins au détour d’un champ de maïs !
  • Le dernier barreau de l’échelle – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • L’homme qui aimait les fleurs – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Un dernier pour la route –Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Chambre 312 –La nouvelle a fait l’objet de deux adaptations. La première est un court-métrage réalisé en 1983 par Frank Darabont sous le titre The Woman in the Room.

La seconde adaptation est réalisé en 2005 par Damien Maric.

Différentes saisons – Trois nouvelles sur les quatre ont été adaptées.

  • Le corps – La nouvelle est adaptée en 1987 sous le titre Stand By Me et est une très chouette histoire d’amitié entre gamins.
  • Rita Hayworth et la Rédemption de Shawshank – Vous connaissez sans doute le film The Shawshank Redemption (Les évadés en France) avec Tim Robbins et Morgan Freeman dans les rôles principaux. Paru en 1994, il a été nommé à plusieurs récompenses aux oscars, et il aurait mérité de recevoir toutes les statuettes.
  • Un élève doué – Cette adaptation de Bryan Singer sortie en 1998 donne des rôles très mineurs à David Schwimmer (Ross dans Friends) et Joshua Jackson (Pacey dans Dawson) et, rien que pour ça, elle vaut le détour. Mais je retiens surtout l’interprétation glaçante du jeune Brad Renfro face à l’iconique Ian McKellen. Et purée, la scène du chat et du four (je n’en dis pas plus…), QUELLE HORREUR !!!
  • La méthode respiratoire – Il n’existe pas d’adaptation pour le moment.

Brume – Plusieurs nouvelles de ce recueil ont été adaptées.

  • Brume – Je n’ai pas vu l’adaptation cinématographique de 2007, mais j’ai vu la série The Mist produite par la plateforme Netflix. Elle souffre du même syndrome que Dôme : des acteurs trop nombreux et insipides, et un matériau d’origine passé à la moulinette et recraché en un magma immonde. Fort heureusement, il n’y aura pas de deuxième saison et la fin très décevante de la première est à oublier au plus vite. Et je vais chercher le film de 2007 : il ne peut pas être pire !
  • En ce lieu, des tigres – Stephen King a écrit le scénario d’un court métrage d’animation d’horreur, intitulé Lily, pour la série Dark Corners. La série est pensée pour les enfants, mais elle est tout à fait terrifiante !
  • Le singe – La nouvelle a fait l’objet d’une adaptation non officielle, puisque le nom de Stephen King n’est pas mentionné, par Kenneth J. Berton, sous le titre Le singe du diable, en 1984. Elle est officiellement adaptée en 2025 par Osgood Perkinks qui se délecte de nous envoyer des hectolitres d’hémoglobine au visage ! C’est gentiment nanardesque et franchement drôle à plusieurs reprises.
  • La révolte de Caïn – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Le raccourci de Mme Todd – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • L’excursion – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Le gala de noces – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Paranoïa :  une mélopée – Il s’agit d’un poème.
  • Le radeau – En 1987, Michael Gornick réalise Creepshow 2, film à sketches adaptés de nouvelles de Stephen King, donc « Le radeau ». L’ensemble se regarde sans déplaisir, mais le fil conducteur, sous forme d’animé, est vraiment pauvre. Petit détail qui relève le tout, le caméo de Stephen King !
  • Machine divine à traitement de texte – La nouvelle est adaptée à la télévision par Michael Gornick en 1984, dans le cadre d’un épisode de la série Tales from the Darkside. C’est délicieusement kitsch, surtout l’ordinateur qui semble en carton…
  • L’homme qui refusait de serrer la main – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Sables – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • L’image de la faucheuse 
  • Nona – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Le goût de vivreLa nouvelle a été adaptée plusieurs fois en court métrage, notamment Survivor Type en 2012 par Billy Hanson.
  • Le camion d’oncle OttoIl n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Livraisons matinales (Laitier n°1)Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Grandes roues : où l’on lave son linge sale en familleIl n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • MéméLa nouvelle a fait l’objet de plusieurs adaptations.
  • La ballade de la balle élastiqueIl n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Le chenalIl n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.

Minuit 2 – Les deux novellas de ce recueil ont été adaptées.

  • Les Langoliers – En 1995, Tom Holland a commis une adaptation pour la télévision. C’est avec ce téléfilm, gamine, que j’ai découvert le concept de nanar. Mon frère et moi en avons ri pendant des semaines. En fait, on en ri encore.
  • Vue imprenable sur jardin secret – Nouvelle adaptée sous le titre Fenêtre secrète. Il me semble que j’ai vu l’adaptation avec Johnny Depp et John Turturo, mais je n’en ai aucun souvenir. C’est dire si ça devait être bon mauvais…

Minuit 4 – Aucune des deux nouvelles n’a été adaptée.

Rêves et cauchemars (tome 1, tome 2) – Je n’ai vu que certaines des adaptations.

  • La cadillac de Dolan – Jeff Beesley a adapté la nouvelle en 2009 avec un direct-to-video (généralement, ça veut dire que le film est trop mauvais pour mériter une diffusion sur grand écran). Wes Bentley et Christian Slater proposent pourtant une performance assez réussie, bien que caricaturale ! La bagnole est en outre très bien filmée.
  • Le grand bazar : finale – Quatrième épisode de la série Rêves et cauchemars, cette adaptation réalisée par Mikael Salomon est plutôt efficace, portée par le ressort narratif de la confession face caméra. Pas mal, mais pas inoubliable.
  • Laissez venir à moi les petits enfants – Bernardo Villela a réalisé un court-métrage en 2006.
  • Le rapace nocturne – Le film de 1997 réalisé par Mark Pavia est un chef-d’œuvre de nanar. Tout est prévisible, mais ça n’en rend pas le visionnage agaçant. Au contraire, c’est confortable : on sait qu’on aura gentiment peur et qu’on oubliera tout très vite. Mention spéciale pour la scène où le vampire utilise un urinoir et pisse du sang. Ça, pour le coup, ce n’était pas attendu !
  • Popsy – La nouvelle a été adaptée deux fois en court-métrages, en 2012 par John Lerchen et en 2016 par Julien Homsy.
  • Ça vous pousse dessus – Cette nouvelle n’a pas fait l’objet d’une adaptation.
  • Le dentier claqueur – La nouvelle est adaptée dans un des sketchs du téléfilm Quicksilver Highway, réalisée par Mick Garris. Christopher Llyod y joue un hôte des plus inquiétants.
  • Dédicaces – Cette nouvelle n’a pas fait l’objet d’une adaptation.
  • Le doigt télescopique – La nouvelle a été adaptée dans un épisode de la série Monsters. C’est gentiment nanardesque, avec un air de blague potache.
  • Pompes de basket – Cette nouvelle n’a pas fait l’objet d’une adaptation.
  • Un groupe d’enfer – Dernier épisode de la série Rêves et cauchemars, cette adaptation réalisée par April Smith est une réussite visuelle, avec une esthétique joliment pop et rétro.
  • Accouchement à domicile – La nouvelle a fait l’objet d’un dessin animé très court réalisé par Elio Quiroga en 2005.
  • La saison des pluies – Cette nouvelle n’a pas fait l’objet d’une adaptation.
  • Mon joli poney – Cette nouvelle n’a pas fait l’objet d’une adaptation.
  • Désolé, bon numéro – Cette nouvelle a été adaptée dans le cadre d’un épisode de la série Tales from the Darkside. Elle se tient étonnamment bien, même si les acteur·ices n’ont pas le jeu le plus subtil qui existe…
  • La tribu des dix plombes – Tom Holland a écrit un scénario, mais le projet de film semble avoir été abandonné.
  • Crouch End – Pur hommage à Lovecraft, cette nouvelle est adaptée dans le deuxième épisode de la série Rêves et cauchemars. Réalisé par Mark Haber en 2006 pour la chaîne TNT, cet épisode est un concentré d’effets spéciaux kitschissimes, et ça regarde avec une immense délectation.
  • La maison de Maple Street – Cette nouvelle n’a pas fait l’objet d’une adaptation.
  • Le cinquième quart – Adaptée dans le sixième épisode de la série Rêves et cauchemars par Rob Bowman, cette nouvelle propose une jolie variation de la chasse au trésor.
  • Le docteur résout l’énigme – James Douglas et Leonard Pearl ont adapté la nouvelle au cinéma en 2018.
  • La dernière affaire d’Umney – Réalisée par Rob Bowman pour la série Rêves et cauchemars, cette adaptation est un plaisir d’ambiance, hommage aux auteurs de romans noirs américains. Avec une bonne dose de cynisme, l’épisode reprend à merveille une des obsessions de Stephen King, à savoir l’auteur et ses personnages, différentes faces d’un même dé avec lequel il ne faut pas parier.
  • Le mendiant et le diamant – Cette nouvelle n’a pas fait l’objet d’une adaptation.

Cœurs perdus en Atlantide – En 2001, Scott Hicks adapte en regroupant plusieurs des textes de ce recueil, sous le titre Coeurs perdus en Atlantide. Anthony Hopkins est, comme dans presque tous ses films, extraordinairement bon.

Tout est fatal – Plusieurs nouvelles ont été adaptées dans la série Rêves et cauchemars, d’autres de manière indépendantes.

  • Salle d’autopsie 4 – Septième épisode la série Rêves et cauchemars produite en 2009, cette nouvelle adaptée par Mikael Salomon est une réussite en termes d’angoisse.
  • L’homme au costume noirCette nouvelle n’a pas fait l’objet d’une adaptation.
  • Tout ce que vous aimez sera emporté Cette nouvelle n’a pas fait l’objet d’une adaptation.
  • La mort de Jack HamiltonCette nouvelle n’a pas fait l’objet d’une adaptation.
  • Salle d’exécutionCette nouvelle n’a pas fait l’objet d’une adaptation.
  • Les petites sœurs d’ÉluriaCette nouvelle n’a pas fait l’objet d’une adaptation.
  • Tout est fatal – La nouvelle a été adaptée au cinéma par J. P. Scott en 2009, mais le film n’a pas trouvé de distributeur et reste inédit du public.
  • L. T. et sa théorie des A. F. – Cette nouvelle n’a pas fait l’objet d’une adaptation.
  • Quand l’auto-virus met cap au nord – La nouvelle est adaptée par Sergio Mimica-Gezzan dans la série Rêves et cauchemars. L’épisode est un monument de mauvais effets spéciaux et d’affreux jeu d’acteurs. C’en est presque bon !
  • Cette impression qui n’a de nom qu’en françaisCette nouvelle n’a pas fait l’objet d’une adaptation.
  • 1408 – En 200, Mikaël Hafström propose à John Cusack un film où il est quasiment le seul personnage. Dans ce huis-clos terrifiant, j’ai retrouvé tout le frisson du texte. La confrontation liminaire avec Samuel L. Jackson est un véritable plaisir ! À noter que ces deux acteurs ont joué dans d’autres adaptations de textes du King.
  • Un tour sur le bolid’ – En 2004, Mick Garris a adapté ce court roman du King, avec Jonathan Jackson et David Arquette dans les rôles titres. Ce film de 2004 porte une étrange – mais délicieusement nostalgique – atmosphère des années 1990.

Juste avant le crépuscule – Quelques adaptations télévisuelles ou cinématographique.

  • Willa – Un film a été réalisé par Christopher Birk en 2012. Peu de choses à en dire, sinon qu’il est bleu. Très bleu.
  • La fille pain d’épice – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Le rêve d’Harvey – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Aire de repos – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Vélo d’appart – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Laissés pour compte – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Fête de diplôme – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • N. – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Un chat d’enfer – La nouvelle est adaptée par George A. Romero en 1990, dans le film à sketches orchestré par John Harrison. J’y ai retrouvé l’extraordinaire Mark Margolis, mais je retiens surtout la marionnette de chat maléfique qui terrorise tout le monde.
  • Le New York Times a un prix spécial – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Muet – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.
  • Ayana – En 2014, il est annoncé que Chris Sparling écrit une adaptation pour la télévision, mais celle-ci ne s’est pas concrétisée.
  • Un très petit coin – Il n’existe pas d’adaptation de cette nouvelle.

Nuits noires, étoiles mortes 

  • Bon ménageL’adaptation de Peter Askin, parue en 2014 sous le titre Couple modèle, manque du kitsch qu’on aime tant dans les films tirés des livres du King ! Les acteur·ices, sans être résolument mauvais·es, n’échappent pas à une tendance au surjeu et à la caricature.
  • À la dure – Cette nouvelle n’a pas fait l’objet d’une adaptation.
  • Extension claire – Cette nouvelle n’a pas fait l’objet d’une adaptation.
  • Grand chauffeur Le téléfilm de Mikael Salomon, produit en 2014, est très réussi et retranscrit à merveille la violence de la nouvelle, mais aussi la détermination de la femme qui se venge.
  • 1922 – Cette nouvelle m’avait terrifiée à la lecture : il faut dire que je ne suis pas spécialement fan des rats… L’adaptation produite par Netflix est particulièrement réussie : elle reprend la forme de la confession et, visuellement… des rats partout !

Le bazar des mauvais rêves Aucune nouvelle de ce recueil n’a été adaptée pour le moment.

  • Mile 81 – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Premium Harmony – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Batman et Robin ont un accrochage – Pas d’adaptation pour le moment.
  • La dune – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Sale gosse – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Une mort – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Église d’ossements – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Morale – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Après-vie – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Ur – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Herman Wouk est toujours en vie – Pas d’adaptation pour le moment.
  • À la dure – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Billy Barrage – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Mister Yummy – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Tommy – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Le petit dieu vert de l’agonie – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Ce bus est un autre monde – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Nécro – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Feux d’artifice imbibés – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Le tonnerre en été – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Cookie Jar – Pas d’adaptation pour le moment.

Laurie – Pas d’adaptation pour le moment.

Élévation – Pas d’adaptation pour le moment.

Si ça saigne – Plusieurs adaptations.

  • Le téléphone de M. Harrigan – Sans aucun doute ma nouvelle préférée de ce recueil ! Elle a été adaptée par John Lee Hancock, en  2022. Donald Sutherland incarne à merveille le vieil homme, face au jeune Jaeden Martell, révélé dans la série Stranger Things. Le film est aussi poignant et terrifiant que la nouvelle.
  • La vie de Chuck – En 2025, Mike Flanagan a réalisé une adaptation de cette nouvelle avec Tom Hiddleston (hiiiiiiii !) dans le rôle titre. Et c’est une totale réussite, pleine de sensibilité et d’émotions.
  • Si ça saigne – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Rat – Pas d’adaptation pour le moment.

Plus noir que noir

  • Deux crapules – Pas d’adaptation pour le moment.
  • La cinquième étape – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Willie le tordu – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Le mauvais rêve de Danny Coughlin – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Finn – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Slide In Road – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Écran rouge – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Le spécialiste des turbulences – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Laurie – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Serpent à sonnette – Pas d’adaptation pour le moment.
  • Les rêveurs – Pas d’adaptation pour le moment.
  • L’homme aux réponses – Pas d’adaptation pour le moment.

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Stephen King et J. J. Abrams ont produit la série Castle Rock qui se trouve à la croisée des différents texte du Stephen King Universe. Castle Rock est la ville créée par le King, située dans le Maine et théâtre de très nombreux romans.

Saison 1 – Un jeune homme est retrouvé dans une cage, dans les sous-sols de la prison de Shawshank. Le Kid, comme on l’appelle, ne veut voir que l’avocat Henry Deaver. Il est joué par Bill Skarsgard, interprète flippant du tout récent Pennywise…

Saison 2 – On imagine ici la jeunesse d’Annie Wilkes, la terrible protagoniste de Misery. Elle est ici mère d’une jeune fille, en fuite constante et sujette à de terribles bouffées paranoïaques héritées d’un passé douloureux. Lizzy Caplan est épatante dans ce rôle borderline ! Et le final de la saison est fabuleux !

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Oh boy !

Roman de Marie-Aude Murail.

Siméon, Morgane et Venise Morlevent ont respectivement 14, 8 et 5 ans. Leur père a disparu un matin et leur mère vient de mourir. Les petits Morlevent sont seuls au monde. Leur assistante sociale et la juge des tutelles trouvent la trace de Josiane et Barthélemy Morlevent : la première a été adoptée par le père des enfants et le second est leur demi-frère. Josiane est mariée depuis des années et désespère de tomber enceinte. Barthélemy a 26 ans, aucun métier et un mode de vie plutôt erratique. Les petits Morlevent ont juré de ne pas se séparer et de rester ensemble coûte que coûte. Mais ce plan tourne court : Siméon est malade et il est bien difficile de confier la garde de 3 enfants à une même personne. « C’était drôle ce cadeau que la vie lui avait fait, cette fratrie un instant offerte sur un plateau et qui, maintenant, lui passait sous le nez. » (p. 105)

Court et attachant, ce roman m’a beaucoup rappelé Simple où un jeune garçon fait son possible pour ne pas être séparé de son frère et finit par se construire sa propre famille. Marie-Aude Murail use du même ton tendre, goguenard et amusé, profond quand il le faut et cocasse quand un grand sourire est nécessaire. Les quiproquos s’enchaînent et donnent le tournis. Tout est bien qui finit bien dans un monde qui n’est pas celui des bisounours et où les malheurs ne sont pas simplement balayés sous le tapis, mais vécus à plein et intégrés dans le fil des jours.

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Billevesée #305

Dans la basse-cour, vous trouvez les poulets, les cochons, les chèvres et autres petits animaux d’élevage ne nécessitant pas de pâturage.

Cette joyeuse foule animale est forcément bruyante et odorante. Au Moyen-Âge, à l’époque des châteaux forts, on gardait tout ça loin  – autant que possible – des narines du seigneur des lieux. Donc, loin du donjon et des appartements. Et donc, dans la basse-cour, zone proche de la palissade.

Alors, billevesée ?

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Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban

Roman de J. K Rowling, illustré par Jim Kay.

J’ai déjà lu tous les tomes de la saga Harry Potter. Avec un plaisir immense. Et j’ai vu tous les films, plusieurs fois. Là aussi, avec un plaisir immense. Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban et Harry Potter et la coupe de feu sont mes tomes préférés de la série. Aussi, imaginez ma joie quand j’ai reçu ce tome superbement illustré par Jim Kay.

Croutard et Hedwige

Ce livre-album est un très bel objet, lourd et précieux, avec une couverture épaisse, douce et lumineuse. Les illustrations sont très belles et collent parfaitement au texte. Vous avez peut-être en tête l’imaginaire développé par les films : il est réussi et parfaitement immersif. Mais j’ai lu les livres avant de voir les films et les images personnelles que j’avais de ces histoires n’ont jamais collé aux adaptations cinématographiques. À l’inverse, elles sont très proches de ce que propose Jim Kay. Ses illustrations balancent entre délicatesse un peu désuète et noirceur très avant-gardiste.

Le professeur Trelawney et le professeur Rogue

Chaque page est une nouvelle merveille. Jim Kay ne s’est pas contenté de disséminer quelques images dans le roman : il a fait de chaque feuillet une illustration complète.

Et il suffit parfois d’une simple tâche de café pour nous plonger dans l’histoire encore plus profondément. Parce que, tout simplement, on veut attraper une tasse de boisson chaude, s’enfoncer un peu plus dans son fauteuil et poursuivre sa lecture.

Oh les beaux hippogriffes !

Ces livres illustrés sont de ceux que l’on ne peut que collectionner tant ils sont beaux et riches d’imaginaire. Je connaissais déjà Jim Kay pour son travail sur Quelques minutes avant minuit de Patrick Ness. Ici, on assiste à la rencontre réussie de deux univers – un littéraire et un graphique – et à la naissance d’une nouvelle œuvre complète et magique.

Magnifiques ouvertures de chapitre !

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Pétronille

Roman d’Amélie Nothomb.

« Boire en évitant l’ivresse est aussi déshonorant que d’écouter de la musique sacrée en se protégeant contre le sentiment du sublime. » (p. 3) Amélie Nothomb apprécie le champagne, et elle apprécie de le partager avec un bon camarade de soûlerie. Lors de ses dédicaces, elle part en chasse du compagnon parfait pour ce faire : elle le trouve en Pétronille Fanto avec qui elle avait échangé quelques lettres. Entre les deux femmes, une amitié étrange prend forme, faite d’urgences et de cuites au champagne. Pétronille a des allures adolescentes de garçon des rues, voire de mauvais garçon. Sa personnalité atypique lui fait refuser les conventions, la facilité et la banalité. « Si Pétronille s’était mise, se mettait à nouveau à ce point en danger, c’était pour connaître cette exaltation suprême, cette dilatation extatique du sentiment d’exister. » (p. 84)

Bon, venons-en au fait… je n’aime pas le champagne, du tout du tout du tout (Servez-moi plutôt une Guinness !) Mais pour une fois, j’ai apprécié un roman d’Amélie Nothomb de bout en bout. Pas de frustration ou de sentiment d’inachevé. La fin tonitruante du texte y est pour beaucoup. Et la dernière phrase rappelle que tout est roman. « J’ai beau savoir qu’écrire est dangereux et qu’on y risque sa vie, je m’y laisse toujours prendre. » (p. 86) Pétronille est inspirée de Stéphanie Hochet, écrivaine que j’apprécie beaucoup et avec laquelle j’ai eu la chance de partager un verre (de soda : ça pétille aussi !) Mais se demander si Pétronille est Stéphanie Hochet, foutaises ! Pétronille est un personnage et un roman, tous deux très réussis !

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Viol, une histoire d’amour

Roman de Joyce Carol Oates.

« Cette femme. C’était couru. Elle le cherchait, cette garce. Habillée comme une pute. Sa parole contre la leur. Qui sait ce qui se passait dans ce parc en pleine nuit ?! » (p. 51) Voilà ce que tout le monde, à Niagara Falls, après le viol de Tina Maguire. Le drame s’est passé sous les yeux de sa fille de 12 ans, Bethie. Mais avec ses cheveux, son sourire, son maquillage, son allure, c’est certain, Tina n’a eu que ce qu’elle méritait. Brisée, recluse, elle se laisse dériver. Bethie aussi est meurtrie, traumatisée. « L’enfance appartenait à avant, maintenant que tu en étais venue à vivre après. » (p. 37) Paradoxalement, le procès des agresseurs devient le lynchage médiatique et social des victimes. Bethie cherche à trouver un sens à tout cela. « Tu te demandais si à leur façon malsaine ils n’aimaient pas Tina Maguire. S’ils n’aimaient pas la façon dont ils l’avaient brisée, dont ils l’avaient faite leur. » (p. 103) Seul le policier Dromoor éprouve une compassion sincère et profonde envers Tina, et le cours de la justice le révolte.

Très court et fulgurant, ce roman est un fameux exemple du style et du talent de Joyce Carol Oates. Oui, c’est malsain. Oui, c’est écœurant. Mais ce n’est pas jamais racoleur ou exagéré. L’auteure fustige une certaine Amérique puritaine et hypocrite. Une Amérique qui a follement besoin de justiciers et de superhéros.

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Billevesée #304

Petit rappel typographique.

Ne pas confondre – et _.

Ça vous paraît trois fois rien ?

Déformation professionnelle : avec mon œil de rédactrice/correctrice/relectrice, je vois IMMÉDIATEMENT la différence/confusion/erreur.

Débrouillez-vous pour vous en souvenir et arrêtez de confondre, OKAY ???

Alors, billevesée ?

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Chroniques martiennes

Recueil de nouvelles de Ray Bradbury.

« Il est bon de renouveler les sources d’émerveillements, dit le philosophe. Les voyages interstellaires ont refait de nous des enfants. » (p. 9) En 1999, la Terre envoie sa première exploration vers Mars. Suivent plusieurs autres missions qui toutes disparaissent. Que se passent-ils sur Mars ? Les Martiens sont-ils vraiment hostiles ? « Croyez-vous qu’ils savent que nous sommes ici ? / Une présence ancienne ne sent-elle pas toujours l’arrivée d’une nouvelle ? » (p. 83) Derrière l’espoir d’une vie meilleure sur Mars, il y a la nostalgie de la Terre et le chagrin face aux souffrances de la vieille planète.

Les nouvelles s’enchaînent et se répondent comme les chapitres d’un roman pour former un tout cohérent. On y trouve des robots et des autodafés qui annoncent certains thèmes de Fahrenheit 451. Publié en 1955, ce recueil est un incontournable de la science-fiction martienne.

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Transport

Roman d’Yves Flank.

Un wagon plein d’hommes et de femmes. Un enfant isolé. Un narrateur qui raconte tout ce qu’il voit. Une femme rousse qui évoque le puissant souvenir de son amant. Un homme brun qui n’a jamais porté l’étoile. Des plaintes en yiddish. Des injures en allemand. Des odeurs atroces. Des cadavres. Un voyage vers l’oubli. « Je sais maintenant qu’on ne reviendra pas, il faudrait un miracle pour retourner là-bas, se réveiller du cauchemar, l’indicible se rapproche, nous avons été projetés dans un autre monde, fait de nuit de soif et de froid, on ne saura plus rien de nous. » (p. 24 & 25)

Le chant d’amour de la femme rousse est bouleversant. Il capte des bribes de la tragédie environnante et n’en devient que plus puissant. « Sors-moi de cet enfer, aide-moi, souviens-toi, mon amour. » (p. 44) La frénésie sensuelle qui s’empare de sa mémoire se heurte à l’abjection qui roule vers l’Allemagne. Le souvenir de la jouissance est désespéré. La polysémie du titre est troublante : transport vers la mort et transport amoureux. La rencontre d’Éros et Thanatos est un combat de titans. « Mon amour, mon amour, je t’aimerai dans les retraites secrètes où te conduiront la haine et la désillusion, l’injustice, l’ignorance, je t’aimerai dans la tourbe, la boue, le sang, la vermine, la pestilence. » (p. 87) Dans ce cantique d’amour délirant de sensualité et de terreur, il y a la certitude de la disparition et de l’inéluctable. Avec eux viennent les regrets et naissent des rêves qui ne fleuriront jamais.

J’ai lu des dizaines de textes sur la Shoah, écrits par des survivants, des descendants ou des artistes. Transport est une merveille du genre, si tant est que l’on puisse se réjouir de la constitution d’un genre pour cette littérature née de la destruction et de l’urgence. Il n’y a pas d’accusation, pas de dénonciation, juste la capture sur le vif d’une humanité en souffrance et en mouvement vers nulle part. Son désespoir et son anéantissement donnent la mesure de ce qui attend l’homme. « Qu’allaient-ils faire de nous ? Qu’allaient-ils faire d’eux ? » (p 104) Le premier roman d’Yves Flank se lit dans un souffle suspendu, retenu, bloqué. Parce qu’expirer, c’est déjà lâcher la main de ceux qui sont montés dans ce wagon.

Si vous êtes sensible à cette littérature et à cette tranche d’histoire, je vous recommande l’époustouflant À pas aveugles de par le monde de Leïb Rochman.

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Jumelles

Roman de Saskia Sarginson.

Viola et Isolte grandissent avec leur mère au fond des bois, après avoir quitté une communauté hippie. « Nous n’avons pas toujours été jumelles. Au début, nous ne faisions qu’une. » (p. 9) Les jumelles sont inséparables, fusionnelles, même si Isolte semble plus indépendante et plus forte. Elles rencontrent John et Michael, également jumeaux, qui sont presque des enfants sauvages. Les quatre gamins forment désormais une bande qui hante la forêt. Survient le drame dont les conséquences sont sans fin. Des années plus tard, Isolte mène une vie plutôt réussie tandis que Viola s’étiole dans l’anorexie. Quel est donc le lourd secret qui lie les jumelles et les jumeaux et qui les a séparés ? « Qu’avions-nous fait ? Qu’avions-nous vu ? Quand et où ? Ils pensaient que nous étions mauvaises, voyez-vous. Que nous avions commis un acte impardonnable. » (p. 14 & 15)

Le thème de la gémellité me touche au cœur et fait vibrer tout un faisceau de cordes sensibles chez moi. La relation amie/ennemie de Viola et Isolte est parfaitement crédible et très bien représentée. Sur ce sujet, je ne peux que vous recommander Les météores de Michel Tournier, ou comment trouver sa voie en tant qu’individu et comment rester jumeau/jumelle sans être le simple reflet de l’autre. Seul gros bémol de ce roman : il y a vraiment beaucoup trop de lapins morts dans ce texte !!!

Ce thriller est très construit et c’est sans doute toute sa force. On saute sans cesse du présent au passé, de la narration en vue subjective à la narration omnisciente. Ce changement de focale, parfois brusque, attire l’attention sur des détails infimes et permet de reconstruire l’intrigue. J’ai très vite discerné les contours du secret qui hante l’existence des jumelles, mais j’ai lu sans déplaisir, voire avec une certaine impatience, la résolution du mystère. Moi qui suis très peu friande de thrillers, je reconnais à celui-là de nombreuses qualités !

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Billevesée #303

Dans les administrations anglo-saxonnes, une personne non identifiée (morte ou vivante) n’est pas appelée Monsieur X ou Madame Unetelle, comme nous le faisons en France, mais John Doe (pour les messieurs) et Jane Doe (pour les dames).

J’ai toujours trouvé cette dénomination très poétique. Ne me demandez pas pourquoi, c’est comme ça ! 🙂

Alors, billevesée ?

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Inhumaines – Roman des mœurs contemporaines.

Texte de Philippe Claudel.

Acheter des hommes, épouser des ourses, perdre son sexe, attaquer des véhicules, oublier le prénom et le sexe de son enfant, torturer le père Noël, congeler des bébés, se suicider en bonne compagnie, etc. Tout cela vous semble atroce, barbare, inhumain ? C’est pourtant à cela que se livre le narrateur. Ici, on tue sans vergogne, par hygiène, voire par amour. La cruauté est goguenarde et décomplexée, à moins qu’elle ne soit lasse et désabusée. Férocité jouisseuse ou désespoir hilare ? À vous de juger !

Dans cette brève succession de chapitres fulgurants, par une narration linéaire qui n’introduit aucune rupture entre le récit et les dialogues, Philippe Claudel imagine le pire de ce que peut commettre l’homme et tourne en dérision des faits divers hélas trop communs, avec cynisme et mélancolie. Ce texte ne ressemble en rien à ceux qui me touchent tant, notamment ceux qui parlent du deuil, mais il est formidablement percutant. Dérangeant, sans aucun doute, mais salutaire en un sens. Et la plume de Philippe Claudel est de celle dont je ne veux perdre aucune manifestation.

Quelques morceaux choisis pour vous mettre en appétit.

« Nous traitons de l’extermination des Juifs. Encore. Ma femme et moi avons dit le mot en même temps. Oui. Encore. Tous les ans, c’est la même chose. Oui. Ce n’est plus une extermination. C’est un refrain. » (p. 23)

« L’annonce était formulée ainsi. Vends Dieu. Deux mille ans. État correct. Prix à débattre. » (p. 36)

« Que serait notre bref passage sur terre si nous ne consacrions pas un peu de temps et d’amour à nos semblables. » (p. 52)

« Mes chers compatriotes, j’aimerais vous dire d’aller vous faire foutre, mais la tradition m’oblige à vous présenter mes vœux pour la nouvelle année qui commence. » (p. 65)

« La vie devient supportable quand on la feinte. Enfin presque. » (p. 88)

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Double diabolique

Roman de Joyce Carol Oates, publié sous son pseudonyme Rosamund Smith.

Ancienne mannequin. Danseuse exotique. Très belle femme. Claire d’Étoile ne laisse pas les hommes indifférents. Et elle le sait. « Toujours l’espoir qu’un admirateur sérieux l’aimerait pour elle-même et désirerait l’épouser. » (p. 39) Un jour, sa naïveté vole en éclats et elle comprend qu’elle ne sera jamais qu’un jouet soumis au désir des hommes. « Les hommes sont le masque de Satan. Ils ne regrettent jamais rien. Ils sont infoutus de bander à moins de faire mal aux femmes. » (p. 60) Claire d’Étoile s’institue alors vengeresse et bras armé de Dieu. Désormais, tous les hommes sont coupables et tous les hommes sont des porcs. « Dieu a des projets pour moi : Il est décidé à ne pas me laisser en repos mais à faire de Claire d’Étoile Son fléau contre le péché, le mal… les suppôts de Satan. Pour qu’il me pardonne d’avoir été méchante dans ma jeunesse. » (p. 113) Car avant d’être la tueuse à l’étoile, elle était Sharon Donner. Elle a laissé derrière elle une sœur jumelle au cœur tendre et une fille qu’elle n’a pas voulu connaître. Après 15 ans de séparation et de silence, Sharon peut-elle retrouver sa place auprès de sa sœur sans causer plus de dégâts ? « Lily était sûre de ne pas éprouver de jalousie. Car qu’était Sharon, si ce n’est une Lily blonde, une Lily plus belle et plus mystérieuse. » (p. 125)

Si je n’avais pas su que ce roman était écrit sous pseudonyme, j’aurais tout de même fait le rapprochement avec Joyce Carol Oates. Le style et l’ambiance sont inimitables et reconnaissables entre tous ! Dans ce roman, elle explore la fragilité du lien mère-fille et du lien entre sœurs. La première partie est intense et angoissante, mais la suite fait retomber cette ambiance vers quelque chose d’un peu mou. Certains effets d’annonce ne me semblent pas suffisamment exploités et la fin est plutôt abrupte. Cependant, ce roman m’a beaucoup fait penser au très bon film Monster qui reprend la vie d’Aileen Wuornos, prostituée et tueuse en série. Je ne vous conseille pas vraiment le livre de Joyce Carol Oates, mais plutôt le film !

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Dans la forêt

Roman de Jean Hegland.

Nell et Eva sont orphelines et vivent seules dans leur maison au fond des bois. Depuis des mois, l’électricité est coupée et le monde est ravagé par des épidémies. « Ici au moins nous étions protégées des obsessions, de la cupidité et des microbes des autres. » (p. 21) Loin de tout, les deux sœurs vivent sur les réserves constituées par leurs parents et attendent un retour à la normale. « Nous arrivons ainsi à faire un seul sachet par semaine, et peut-être que compter les sachets de thé nous en dit plus que n’importe quel calendrier sur le temps qui passe. » (p. 50) Mais à mesure que les jours s’écoulent, l’espoir se fait plus maigre et les rêves sont plus évanescents : Eva n’entrera jamais dans le corps de ballet de San Francisco et Nell ne fera jamais sa rentrée à Harvard. Il n’est plus temps d’attendre le rétablissement de l’ancienne vie : il leur faut embrasser pleinement l’existence nouvelle qui s’offre à elles. « Même se disputer est un luxe qu’on ne peut pas se permettre quand sa vie entière a été réduite à une seule personne. » (p. 104) Le désespoir n’est pas permis et l’attente doit faire place à l’action et la survie. Autour de Nell et Eva, la forêt est à la fois dangereuse et protectrice, inconnue et nourricière.

Écrit en 1996, ce roman survivaliste et postapocalyptique n’a pas pris une ride. Il est glaçant de constater que rien n’a changé – sinon en pire – dans nos modes de consommation depuis la fin des années 1990 et que les alertes déjà lancées n’ont pas été entendues. La grande réussite de ce roman est de construire un huis clos à ciel ouvert : la forêt étouffe autant qu’elle exalte. Les sœurs ne cherchent pas à en sortir et les dangers qu’elle compte sont moins inquiétants que ceux qui viennent de l’autre côté de la lisière. Haletant et très bien écrit, ce premier roman m’a captivée pendant deux belles heures de lecture. Je suis ravie que les excellentes éditions Gallmeister en aient assuré la traduction et la publication en France !

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Billevesée #302

Savoir si un livre est bon, ça repose sur des critères propres à chacun : la qualité du style, le rythme, les personnages attachants, la cohérence de l’intrigue, etc.

J’ai mon petit critère tout à fait personnel. Je l’appelle le test du lapin.

Si un roman comprend le mot « lapin », il gagne des points.

POUR DE VRAI !

Et aussi surprenant que cela paraisse, près de 70 % des romans passent ce test avec succès !

Essayez, c’est marrant (si, c’est marrant !) : choisissez un mot que vous aimez et voyez s’il apparaît dans vos lectures !

Alors, billevesée ?

Et voici un autre test : lapin ou canard ?

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Vous rencontrez Stephen King dans un bar, et ?

Pendant l’été, j’ai participé à un challenge d’écriture dont le thème était Vous rencontrez Stephen King dans un bar, et ?

Vous imaginez bien que ma passion et mon admiration pour le bonhomme m’ont empêchée de passer à côté de ce sujet très tentant. Voici ma modeste contribution, sous forme de pastiche.


Mais qu’est-ce qu’il fout là ? Je croyais qu’il était abstinent depuis des années. Sevré brutalement après l’accident de bagnole où il a failli crever, un soir de brume. Rencontrer Stephen King dans ce bar miteux, pour sûr que c’est une surprise ! Je pourrais lui demander un autographe, mais j’enfreindrais le règlement tacite des poivrots : tu peux causer avec un type, mais tu ne le connais pas, surtout s’il est célèbre. Derrière son verre, n’importe quel alcoolo est seulement un pauvre mec. L’identité, mon pote, tu la laisses à l’entrée, avec ta dignité, tes scrupules, tes insomnies et ta rage. Si tu entres dans un bar, si tu t’assois, si tu commandes un verre, t’es juste un gars qui fait un brin de causette avec la Fée éthanol. T’es personne. Juste un morceau de la grande désolation.

N’empêche que c’est une foutue surprise de le croiser ici. J’ai lu tous ses livres. Je les aime parce que le héros est toujours un mec qui aurait bien aimé continuer sa petite vie peinarde, mais qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment, ou qui rencontre le mauvais gars. Et ça après ça dégénère sérieux ! Je suis pas peureux, mais y a 2 ou 3 de ses bouquins qui m’ont fait mouiller mes culottes, comme disait ma mère. Décidément, je m’en remets pas. Stephen King, ici, dans mon bar. À tel point que je ne peux plus bouger. Tétanisé par le bonhomme. Et par autre chose ? Il se passe un truc pas net ici. Depuis que je suis entré, c’est bizarre, c’est comme si je ne reconnaissais rien. C’est toujours mon bar, mais en différent. Dans les bouteilles, le whisky n’a pas cette couleur chaude et dorée comme le baiser d’une femme. Il est jaune, presque vert, comme du pus. Ah, putain, ça coupe la soif de voir ça ! Et on dirait que le barman a pris 20 ans dans la tronche. Déjà qu’on ne sait pas son âge, vu qu’il a toujours été là… Mais là, son œil gauche, c’est comme s’il coulait sur sa joue, pour faire un tour du côté du menton, si jamais il y avait un meilleur angle de vue. Et sa barbe grise, on dirait qu’elle vibre de milliers de petits fils de fer agités par la tempête du siècle.

Les mecs assis au bar ou aux tables ne bougent pas, sauf pour avaler leur verre. Ils ont des gestes flippants : des putains d’automates déglingués, des sacs d’os. Leur sourire sont figés : on dirait des foutues poupées de porcelaine, mais avec des nez cirrhosés et des yeux vides. Un petit coup de remontoir et je suis sûr qu’ils se jetteraient les uns sur les autres pour se défoncer la gueule, dans une sale danse macabre. Bizarre, d’habitude, on ne s’entend pas penser ici. Ils racontent tous leur histoire, en boucle, sans s’écouter. Toujours à remâcher leur malheur et à justifier leur abandon face à l’alcool. Je suis comme eux. Mais ce soir, pas un mot. On n’entend que le vieux juke-box qui ne sait jouer que 3 chansons. Je voudrais aller l’éteindre : je n’en supporte plus le son ébréché comme une sonnerie de cellulaire. Mais mes foutues jambes ne répondent pas. Je suis un putain de bloc de béton posé devant la porte. Sauf que non, je ne suis pas en béton. J’ai soudainement douloureusement conscience que mon corps est mou. N’importe quoi pourrait me blesser. Marche ou crève, mon pote. Je vais crever !

OK, il se passe un truc louche ce soir. Je sens une peur bleue dévaler de mon gosier à mon estomac, avec des longs relents acides. Oh, merde, King se tourne vers moi. Il a dû se rendre compte qu’un truc ne tourne pas rond. Nom de Dieu, mais qu’est-ce qui se passe ici ? Le King est pourri ! Littéralement pourri ! Comme dans les films de Romero, il a la peau grise par endroits, avec des lambeaux de chair qui se détachent dans un petit bruit écœurant. Dans sa bouche, ça grouille. Oh putain putain putain, il a des cafards plein le gosier ! Il tend ses mains vers moi, il veut m’attraper. Mes pieds sont vissés au sol. Je vois ses ongles cassés, sales, qui se rapprochent de ma gorge. Une araignée énorme, aux yeux vert métallique, lui descend le long du bras. Sur ses crochets, il y a un liquide visqueux, brillant. Oh non, pas ça, elle va me mordre. J’ai toujours eu peur des araignées. Et je suis toujours figé !

Étrangement, j’éprouve un bref soulagement. Je me suis pissé dessus ! C’est quoi la réplique du film, déjà ? « Ceux qui font dans leur froc n’ont pas chaud très longtemps. » C’est ça, c’est carrément ça ! J’ai des frissons terribles. Mes dents claquent si fort qu’elles vont se briser les unes sur les autres. Et je sens ma queue qui se recroqueville comme un escargot malade. Je vais claquer là, debout comme un con, dans un bar dégueulasse, un samedi soir, bouffé par Stephen King. Fin de ronde pour le poivrot ! Je cligne des yeux comme un fou. Cette vision d’horreur va disparaître. Je vais me réveiller dans mon vieux canapé ou dans ma caisse. Je ne peux pas crever comme ça ! Est-ce qu’il est trop tard pour une promesse d’ivrogne, juste avant le crépuscule ? Sainte Charlie, Sainte Christine, Sainte Misery, Sainte Jessie et Sainte Dolores, si je m’en sors, je jure que je ne toucherai plus jamais à un verre d’alcool !

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Acide sulfurique

Roman d’Amélie Nothomb.

Le nouvel engouement de la population, c’est Concentration, une émission de téléréalité qui reproduit la vie dans un camp de la mort. Il y a des prisonniers et il y a des kapos. D’un côté, la douce Pannonique, sous le matricule CKZ 114, qui emporte l’affection du public et le respect des autres détenus. De l’autre, la stupide Zdena, matonne qui développe une passion malsaine pour la première. « Je la déteste aussi, et pourtant beaucoup moins que le public. Je préfère celle qui me frappe à ceux qui me regardent recevoir sa hargne. Elle n’est pas hypocrite, elle joue ouvertement un rôle infâme. Il y a une hiérarchie dans le mal et ce n’est pas la kapo Zdena qui occupe la place la plus répugnante. » (p. 31) Pannonique survivra-t-elle au camp ? Comment le jeu prendra-t-il fin ?

En décortiquant les rouages d’un appareil médiatique pervers, Amélie Nothomb dénonce l’horreur mise au service du sacrosaint divertissement. Son roman m’a beaucoup rappelé Marche ou crève et Running Man de Stephen King, mais je n’y ai pas trouvé la même puissance. Il y a certes une belle profondeur philosophique, mais j’ai trouvé la fin abrupte et décevante. Ne pensez pas que je sois assoiffée de sang et de mort, loin de là, mais la résolution de cette situation si terrible est assez fade à mon sens. J’ai malheureusement toujours le même sentiment quand je referme un roman d’Amélie Nothomb : celui d’un potentiel très intéressant un peu gâché, bâclé. Bref, dommage.

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