L’Astrée

Roman-fleuve d’Honoré d’Urfé.

Astrée et Céladon, deux bergers foréziens, s’aiment d’amour pur. Tout et tous concourent à détruire la perfection de leur union.

J’avoue, à ma grande honte, avoir cédé après 27 pages. Moi qui me targue de ne jamais abandonner un texte sans lui laisser cent pages pour me convaincre, j’ai capitulé devant l’ampleur de l’écrit et de la langue. Cela tient sans doute à l’édition que j’ai choisie (et qui n’est pas celle de l’illustration) et dont la langue est des plus désuètes. Pas grand-chose à dire de ce texte, puisque je ne l’ai pas vraiment lu… Un de moins dans ma LAL… À reprendre peut-être plus tard, dans une édition plus moderne.

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Au nom de la mère

Texte d’Erri De Luca.

Nul besoin de résumer l’histoire de Marie, la mère de Jésus. L’auteur ne prétend pas réinventer la Bible. Pendant quelques pages, très touchantes, il donne simplement la parole à cette femme. Elle raconte tout simplement ce  que c’est qu’être mère. Le fils de Dieu est un homme comme les autres, et la mère du Sauveur est avant tout une femme. « Je n’ai rien de spécial. Je suis ton récipient. C’est bon, tu leur ressembleras, tu auras la morve au nez et tu éternueras. » (p. 41)

C’est une histoire éternelle avant tout. « Au nom de la mère s’inaugure la vie. » (p. 12)

Je pourrais encore écrire des lignes de gnose inutile. Ce livre très court se lit très vite, et il dit simplement que si une religion a vu le jour, c’est tout simplement parce qu’une mère ne peut que croire en l’enfant qu’elle porte. Et ça donne envie de vivre la même chose qu’elle.

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L’homme que l’on prenait pour un autre

Roman de Joël Egloff.

Sans cesse dans la rue, on le prend pour quelqu’un d’autre. Fatigué de démentir tous ceux qui croient reconnaître en lui un proche, il assume les identités qu’on lui prête. Il est le mari adultère qui rentre chez lui, il est le camarade de galère, il est le pensionnaire de la maison de retraite, il est la tête de turc d’une bande de brutes. Le courrier qu’il reçoit ne lui est jamais adressé. Son existence lui échappe et il ne fait rien pour la retenir.

C’est avec délice que j’ai plongé dans cet univers absurde. Le personnage, sans nom, perd les contours de lui-même. « Je passe de longs moments face au miroir à essayer de comprendre d’où me vient ce sentiment. Je me dévisage, je me tâte du bout des doigts. Je tourne la tête, d’un côté et de l’autre, je m’observe du coin de l’œil. Et plus, je me regarde, moins je me reconnais. » (p. 51) Solitaire dans un monde qui lui refuse une place définitive, il ne maîtrise pas le développement paranoïaque de ses pensées. Tout est prétexte au délire de persécution. Dans sa solitude désabusée, il développe aussi des idées farfelues, absolument hilarantes. « J’ai pensé qu’en mettant bout à bout tous les lacets de son existence, que l’on nouerait ensemble de la première paire à la dernière, on devrait pouvoir mesurer la longueur de sa vie avec une certaine exactitude, en mètres, plutôt qu’en années, ce qui me semblait plus approprié. Et l’on serait sans doute bien étonné de voir combien ce long lacet, ainsi obtenu, serait court. Combien de mètres au juste pouvait-on espérer? En y réfléchissant davantage, j’ai bien été forcé d’admettre pourtant, que cette méthode avait ses limites et ne pouvait pas s’appliquer à tout le monde, et notamment à certains privilégiés qui possédaient, au cours de la même période, plusieurs paires de chaussures qu’ils portaient en alternance, selon les jours ou les saisons, au gré de leurs envies. En mettant bout à bout toutes leurs paires de lacets, cela donnerait à croire, du coup, qu’ils ont vécu bien plus longtemps que ceux qui ne possédaient qu’une seule paire de chaussures à la fois, ce qui évidemment est absurde. […] Tout au contraire, on pourrait déduire à tort, en examinant à la fin de ses jours le chapelet de lacets d’un unijambiste, que sa vie a été deux fois plus courte que celle de quelqu’un qui était en possession de ses deux jambes. Et l’on aurait vite fait de conclure que l’on vit deux fois moins longtemps avec une seule jambe qu’avec deux. Ce qui n’est évidemment pas le cas. Quoique… Je ne sais pas. Cela devient très compliqué. On ne s’en sort plus. Que penser alors du cas d’un unijambiste qui ne serait toujours chaussé que d’une pantoufle? Cela conduirait à croire qu’il n’a pas vécu, ce qui n’est pas défendable non plus. Sans parler du problème des femmes qui ne mettent que rarement des chaussures à lacets. Pourrait-on en déduire, pour autant, que les escarpins nuisent gravement à la santé? » (p. 35 et 36)

Bémol tout de même, la chute est trop précipitée. Ça finit en eau-de-boudin… Dix pages de plus n’auraient pas desservi l’intrigue. Le roman reste tout de même bien mené, à un bon rythme. Les chapitres s’enchaînent aisément, et les hiatus entre chacun sont des développement à eux seuls: cela témoigne bien du côté caméléon du personnage.

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Moi et toi

Roman de Yann Queffélec.

Julia et Michel s’aiment et se déchirent depuis vingt ans. Michel refuse d’avouer ce que sa fille Madeline a surpris. En refusant cet aveu à sa femme, il entraîne son couple au fond de l’abîme. Julia le pousse à bout, sans cesse méprisante, à la fois câline et cruelle, obsédée par cette femme inconnue. Les vacances de la petite famille à Toulon sont loin d’être ce qu’elles avaient promis.

Je suis toujours impressionnée par le talent que Queffélec possède. Il a un véritable don pour écrire la violence et la haine. Les mots ne sont pas porteurs de ces deux sentiments, ils sont ces sentiments. La narration est le reflet parfait de ce qui anime les personnages. Seul petit bémol, j’ai l’impression que l’auteur écrit toujours sur le même thème, à savoir la rivalité, sous toutes ses formes. A terme, pour le lecteur, les histoires se confondent, les couvertures s’estompent et toutes les pages deviennent une seule grande histoire. Pas totalement déplaisant, mais je me demande si lire un de ses livres, ce n’est pas les lire tous… Il faudra que je chronique Les noces barbares, le premier de ses livres que j’ai lus. Il m’a laissé un souvenir impérissable.

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Quelqu’un d’autre

Roman de Tonino Benacquista.

Thierry Blin et Nicolas Gredzinsky se rencontrent sur un match de tennis. A l’issue d’une partie redoutable, le premier engage le second dans un défi étrange: devenir un autre pour échapper à leurs existences étriquées. Chacun a trois ans pour réaliser l’impossible. Pour Thierry, il s’agit de changer d’identité, de profession et de vie. Pour Nicolas, il faut cesser d’avoir peur. Pour ce faire, il plonge dans la boisson. Trois ans après ce défi lancé à l’irrationnel, les deux hommes se retrouvent, mais qui sait s’ils se reconnaîtront eux-mêmes.

Excellent ! C’est le premier mot qui me vient à l’esprit. Pas le « Excellent ! » que se lancent les jeunes de nos jours à propos de tout et surtout de n’importe quoi… Le « Excellent » de l’excellence, de la course à la perfection. C’est un peu ça qui anime les deux protagonistes, avec un petit air de Ad augusta per angusta (que je traduis grossièrement après des années de latin par « Vers les plus hauts sommets par les voies les plus étroites », devise odieuse des prépas littéraires…). Les chemins de la perfection ne sont pas simples à arpenter, mais sous la plume de Benacquista, la narration se déroule avec légèreté et finesse. Il y a de l’excellence dans la matière de traiter ce sujet, de l’excellence dans la façon de passer d’une histoire à l’autre, de l’excellence dans la leçon qui émane du texte, de l’excellence surtout parce que chacun fait bien ce qu’il veut de la leçon donnée.

J’ai passé un très bon moment de lecture, et je conseille ce livre à tout le monde.

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Le monde de Sophie – Le mystère de la patience

Romans de Jostein Gaarder.

Le monde de Sophie

Sophie est une adolescente rêveuse très curieuse. Elle aime se réfugier avec son chat dans un buisson où elle laisse libre cours à ses jeunes réflexions. Un matin, Sophie reçoit une enveloppe. A l’intérieur, des cours de philosophie que lui adresse un mystérieux professeur. A la veille de ses quinze ans, elle est plongée dans un univers de découvertes et d’idées. Peu à peu, elle apprivoise ce monde fascinant. Sophie reçoit aussi de curieuses lettres, adressées à Hilde par un major de l’ONU. De nombreuses questions apparaissent: qui sont Hilde, le professeur, et même, qui est Sophie ?

Le mystère de la patience

Hans-Thomas part en Grèce avec son père pour retrouver Anita, sa maman. Durant le voyage, un nain offre à Hans-Thomas une loupe. Plus loin, un vieux boulanger lui offre un livre. Ce dernier contient toute l’histoire des ancêtres du petit garçon. Hans-Thomas découvre le secret des poissons rouge et de la limonade pourpre, le secret du jeu du Joker et la vérité sur son passé. Il comprend que la vie n’est qu’un grand jeu de patience où chacun à un rôle à tenir. Et il apprend qu’il y aura toujours un Joker pour réveiller les esprits et poser des questions sur le monde.

J’ai découvert Jostein Gaarder au lycée. Depuis j’ai relu ces deux livres plusieurs fois. Je suis à chaque fois touchée par la douce sagesse qui émane de ces lignes. Et ma fibre littéraire se nourrit des mises en abîme que l’auteur sait utiliser avec légèreté et intelligence. Je sais gré aux traducteurs de rendre le texte si accessible. Quand je pense aux heures de souffrance intellectuelle vécues en cours de philosophie pendant mes deux ans de prépa, je me rappelle que Jostein Gaarder est le premier à m’avoir fait aimer la discipline, et à raison.

À ceux qui n’aiment pas la philosophie ou qui gardent un vilain souvenir des cours du lycée, je conseille ces romans et leur approche toute en finesse d’une discipline qui peut faire peur.

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La répudiée

Roman d’Éliette Abécassis.

Rachel et Nathan sont mariés depuis une dizaine d’années. Malheureusement pour ce couple juif très respectueux des traditions, aucun enfant n’est venu bénir leur union. Nathan est en droit de répudier sa femme. Profondément attaché à Rachel, il met longtemps à se résoudre à cette extrémité. Après la répudiation, Rachel ne peut s’empêcher de croire en sa responsabilité dans l’échec de son mariage. Quand elle apprend que la stérilité qui accablait son couple était le fait de son mari, le chagrin fait place à la révolte.

Ce témoignage touchant d’une femme rejetée est parfaitement mis en valeur par la narration. Le texte est fluide, sans pathos larmoyant. Les scènes du quotidien traitées au coup par coup entrent en résonance avec l’histoire éternelle – celle d’une femme rejetée, pour quelque raison que ce soit -, ce qui donne au récit une proximité émouvante. Pas grand-chose de très original à dire sur ce petit roman, si ce n’est qu’il m’a beaucoup émue et qu’il me laissera un très bon souvenir.

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Shanna

Roman de Kathleen E. Woodiwiss.

Shanna est la fille du Lord Trahern, propriétaire du magnifique domaine de Los Camellos. Ce dernier exige de sa fille qu’elle se choisisse un époux, sans quoi il accomplira lui-même cette tâche. Pour se débarrasser de cette obligation sans perdre sa liberté, Shanna choisit un condamné à mort destiné à la potence quelques heures après leur mariage. Se croyant veuve, Shanna peut enfin profiter de l’existence sans plus de soucier des exigences de son père. Mais le mari n’est pas mort et il revient exercer ses droits d’époux sur la fière Shanna.

Adolescente, j’ai trouvé ce livre dans la bibliothèque familiale, édité par France Loisirs. Et je l’ai lu une demi-douzaine de fois, en quelques heures à peine. Kathleen E. Woodiwiss, c’est une autre Barbara Cartland. Et j’adore ! J’ai encore d’autres merveilleux romans d’amouuuuuuuur de cette auteure à vous faire découvrir, mais pas tout de suite, je ne lis pas que ça tout de même… Pour faire court, la femme est superbement belle, l’homme est merveilleusement viril et protecteur, les méchants sont punis et l’amour est au beau fixe. Et avouez que la couverture est alléchante ! Il fait envie le beau mâle enchaîné en arrière-plan, non

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Les bourgeois de Minerve

Roman historique de Maryse Rouy.

Dans le petit village de Minerve, le corps sans vie d’un frère dominicain est retrouvé à côté du puits. Cet évènement macabre n’est pas sans inquiéter les Minervois qui voient d’un mauvais oeil l’Inquisition s’installer dans leur quotidien. Minerve était autrefois un refuge cathare et son passé de cité hérétique n’est pas effacé. L’Inquisition est là qui rôde, à l’affût de tous les secrets, en quête de réponses sur la disparition du second frère dominicain qui accompagnait celui qui est mort. Gaillarde, l’unique prostituée de Minerve, est la confidente de tous les hommes du village et elle détient la clé de bien des secrets.

J’étais de ces enfants qui traînent des pieds quand les parents proposent une sortie instructive. C’était des grognements et de la mauvaise volonté apparente. Mais toutes les balades en pays périgourdin et les visites de Carcassonne et autres cités cathares ont marqué mon esprit d’enfant butée. Sous un masque de bouderie très travaillé, je me suis émerveillée devant ces citadelles éternelles et à l’écoute de cette histoire tragique, terrifiante comme un film d’horreur pour l’enfant que j’étais. Surtout qu’au catéchisme, on avait très largement simplifié comme suit: les hérétiques étaient méchants, ils ont été punis, on les a brûlés. Alors tenir ce livre, c’est revivre les frissons délicieux d’une enfance de rêve. L’intrigue est très bien ficelée, les personnages sont écrits avec ce qu’il faut de psychologie pour qu’ils ne soient pas caricaturaux. Je conseille ce roman aux amateurs de récits gothiques et à ceux que l’Histoire n’effraient pas. Mélusine et Nathalie, je parle de vous !

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Pourquoi j’ai mangé mon père

Roman de Roy Lewis.

Édouard veut évoluer, c’est-à-dire descendre de l’arbre du haut duquel son père entend tout régenter. Fini les arbres et les légumes. Vive les grottes, l’eau courante, le feu et la viande. Au grand dam d’une certaine partie de sa famille, Édouard bouleverse le système vital de sa horde. Décidé à acquérir de nouvelles compétences grâce à de nouvelles expériences, il apprend entre autres choses que le feu n’est pas toujours un bon ami. Édouard a très à cœur de partager ses découvertes, au risque de se faire de nombreux ennemis.

Relu avec délices, ce livre est un récit initiatique à sa manière, et pourquoi pas un récit freudien, puisque le fils tue symboliquement le père. Avec de l’humour à chaque mot, les pages se dévorent à toute vitesse. Inutile de chercher des éléments véridiques ou de quelconques indices de la vie des hommes préhistoriques. Tout n’est que bouffonnerie et absurdité sur fond de conte philosophique.

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La comtesse de Ségur

Voici une auteure dont j’ai trop longtemps négligé la présentation. Vous me direz que ce n’est pas la trouvaille du siècle et que tout le monde la connait. Mais j’aime enfoncer les portes ouvertes. Et ça me permet de rappeler à certains (qui se reconnaîtront mais que j’aime quand même!) qu’il n’y a pas que J. K. Rowling et son Harry Potter dans les catalogues de littérature pour la jeunesse. La Comtesse de Ségur a fait les belles heures de mon enfance avec Les petites filles modèles ou Les malheurs de Sophie. Mais ce sont d’autres textes que j’ai choisis de présenter dans ce billet.

Un bon petit diable

Orphelin, Charles est recueilli par Madame Mac’Miche, une tante avare et cruelle qui n’a de cesse de le tourmenter. Insolent et effronté, Charles se rebelle contre cette autorité malveillante, et s’ingénie à inventer des tours plus pendables les uns que les autres. Il trouve réconfort auprès de Betty, la servante de la maison qui le défend comme elle peut. C’est auprès de la douce Juliette, sa cousine aveugle, qu’il trouve la tendresse qui manque à son cœur d’enfant.

Mémoires d’un âne

Câdichon est un âne qui connait bien des aventures, à mesure que se succèdent ses propriétaires. Il est l’ami de beaucoup d’enfants qui apprécient sa douceur. Souvent malmené, Câdichon raconte les malheurs et les bonheurs de son existence.

Ces deux nouvelles, ou contes, sont de vraies leçons d’éducation, comme le sont les deux autres ouvrages cités plus haut. Mais en matière d’éducation, je ne suis pas convaincue que les préceptes de la Comtesse de Ségur s’appliquent aux enfants d’aujourd’hui. Ses conseils sont un tantinet dépassés, mais c’est délicieusement désuet. À mettre entre toutes les mains, on ne sait jamais, ça peut en apprendre à certains !

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Ne compte pas les heures

Roman de Joy Fielding.

À trente-six ans, Mattie apprend qu’elle va mourir. À cette nouvelle, son mari, pourtant décidé à divorcer, quitte sa maîtresse et rentre à la maison. Durant les quelques mois qui les séparent de la mort de Mattie, ils reforment tous les deux un vrai couple. Jack redevient un mari aimant et incarne l’idéal de Mattie. Ensemble, ils cheminent vers l’inéluctable, avec amour et respect.

Ce livre aurait pu être une insupportable guimauve avec des relents d’hôpitaux. Il n’en est rien. C’est une belle romance, très mélancolique certes, et pourtant remplie d’espoir. L’évocation de la maladie est faite avec pudeur. On assiste à une agonie toute en délicatesse. Il y a quelques paroles sages à retenir. Ça se lit très bien, un très bon roman pour l’été et la détente.

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Shining, l’enfant lumière

Roman de Stephen King.

Jack et Wendy ont la garde, pour tout l’hiver, d’un hôtel de luxe en montagne. Très vite isolés par la neige, ils voient s’écouler les jours et sont les témoins d’évènements étranges. Leur fils Danny détient un pouvoir particulier: il a le don de voir les crimes commis dans le passé. Très vite, l’hôtel révèle des secrets macabres. Jack se laisse posséder par l’esprit maléfique des lieux et devient une menace pour sa famille.

Aucun résumé ne peut rendre l’atmosphère du livre. Le film avec Nicholson est terrifiant, mais j’ose affirmer que le livre l’est bien davantage. Toute l’horreur vit grâce aux mots. J’ai bien hésité avant de faire une critique de ce livre, car il ne ressemble pas à mes lectures habituelles. Mais comme dit le proverbe, l’ennui s’acquiert de la monotonie. J’aime relire les ouvrages qui m’ont plu. Mais celui-ci fera exception à la règle! Une fois, ça suffit! C’est le seul ouvrage que j’ai lu de Stephen King, et je ne suis pas persuadée d’en lire d’autres.

Édit du 28 mai 2024, alors que je fais un grand ravalement de façade sur ce blog – J’ai « un peu » changé d’avis sur Stephen King, chouchou parmi les chouchous !

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Pour l’amour de l’Inde

Roman de Catherine Clément.

Lady Edwina Mountbatten est l’épouse du vice-roi des Indes, Lord Mountbatten. C’est à lui que revient d’orchestrer la décolonisation de l’Inde. Il œuvre avec Jawarharlal Nehru, le bras droit de Ghandi, pour que tout se passe sans heurt et sans haine. Entre Edwina et Nehru se noue un amour impossible. Elle appartient au passé de l’Inde. Nehru en est l’avenir prometteur.

Sur fond d’indépendance et de conflits religieux, ce double biopic (celui d’Edwina et celui de Nehru) très romancé se lit sans déplaisir. Il y a parfois des longueurs, des considérations dont on se demande où elles mènent. Les personnages sont très bien écrits, trop bien peut-être. C’est toujours un peu agaçant de tout connaître des protagonistes, pensées, envies, passé, actions, etc. Le roman est tout de même un bel hommage à l’Inde, poétique et nostalgique.

Je me rappelle avoir placé le titre du livre dans une composition d’histoire sur la décolonisation et dans une composition de littérature sur la biographie en prépa. Et je me rappelle les trois points d’interrogation écarlates et soulignés (???) dont mes professeurs avaient maculé mes feuilles. Et moi de penser « Bandes d’ignares, il n’y a pas que Montherlant et Saint-Simon dans la vie ! » Mais bon, j’aurais peut-être dû mieux lire Montherlant et Saint-Simon…

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L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde

Roman de Robert Louis Stevenson.

Le docteur Jekyll est un éminent scientifique, renommé pour ses recherches. Il étudie le comportement agressif des animaux. Pour ce faire, il injecte à ses cobayes une potion de sa fabrication, qui a pour effet de modifier le caractère. Les bestioles les plus douces deviennent alors des monstres de férocité. Avide d’étendre ses recherches, il s’injecte la potion. Le bon docteur Jekyll se transforme en un sinistre personnage, guidé par des instincts brutaux et sauvages. Il devient M. Hyde le temps que dure l’effet de la potion. A force d’en ingérer, le très déplaisant caractère de M. Hyde prend le pas sur la bonne éducation du docteur Jekyll.

Les films gores qui dégoulinent d’hémoglobine peuvent aller se rhabiller ! Il y a de la sublime horreur dans ce texte ! Ce n’est pas la première fois que je le relis, mais je suis toujours assurée d’un bon cauchemar ! Pour l’avoir lu en langue originale, je peux assurer que le livre est encore plus effrayant en anglais. À savourer le soir, dans la pénombre !

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Le Rouge et le Noir

Roman en deux tomes de Stendhal.

Julien Sorel est le fils d’un charpentier. Refusant de suivre les traces de son père, il se fait engager comme précepteur chez M. et Mme de Rénal, un couple de bourgeois provinciaux. Entre le jeune Julien et la très belle Mme de Rénal se noue une folle passion. M. de Rénal conçoit très rapidement des soupçons. Mais ce qui menace vraiment le couple d’amants, ce sont les ambitions de Julien qui l’entraînent vers la capitale. A Paris, Julien devient le secrétaire du marquis de La Mole, et s’éprend de sa fille Mathilde. Les deux jeunes gens vivent une histoire houleuse où la haine et l’amour se mêlent au mépris et aux promesses d’éternité. Après bien des tensions, Julien épouse Mathilde. C’est sans compter Mme de Rénal et sa peine d’amour.

De la passion, de la fougue, des promesses ! Mon cœur chavire à chaque relecture. L’adolescente que je suis encore redécouvre chaque fois avec le même éblouissement ce classique de la littérature française. Je n’en dirai pas des tonnes sur le style. D’autres que moi l’ont déjà fait, et bien mieux. Il me reste de cette histoire des souvenirs éternels, des échos romantiques qui résonnent longtemps.

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Jane Eyre

Roman de Charlotte Brontë.

Après une enfance dans un pensionnat très strict et des années auprès d’une tante méprisante et tyrannique, Jane Eyre est une femme gauche et effacée. Elle trouve une place de gouvernante dans la maison de M. Rochester, auprès de la protégée de celui-ci. La relation entre Jane et son employeur est d’abord faite de méprises et de propos rudes. Mais Jane est endurante, et elle s’attache à sa jeune élève. Peu à peu, M. Rochester s’adoucit, et il se noue une tendre complicité entre les deux personnes, jusqu’à leur mariage. Mais de sombres secrets se glissent entre eux, et le passé qui ressurgit n’augure rien de bon.

Qu’il est difficile de ne pas trop en dire! La romance n’est pas l’essentiel de ce roman magistral. Le plus intéressant reste le côté sombre du texte et ses accents de roman noir gothique qui a connu ses belles heures au XIX° siècle en Angleterre. Les mystères qui entourent le passé de M. Rochester sont propices au développement d’une imagerie macabre, à la limite du fantastique. J’ai lu ce texte en français quand j’étais jeune. Quand mon anglais est devenu suffisamment solide, je me suis fait un plaisir de le relire dans la langue de Charlotte, et j’ai découvert un monde de subtilités littéraires. Je conseille même ce livre aux amateurs de polars, car il y a matière à cogiter.

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Le Dicomoche

Qu’est-ce que le Dicomoche ? C’est un site qui rassemble avec humour les mauvais usages de la langue, à opposer au Grévisse en somme !

Un régal pour les yeux et les zygomatiques !

Et un exemple de ce qu’on peut y trouver !

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Anna Karénine

Roman de Léon Tolstoï.

Anna Karénine est mariée. Elle appartient la haute aristocratie russe. Son mari, plus âgé qu’elle, est un homme comblé par cette épouse aimante et respectueuse. Anna brille dans les salons où on l’invite. Les mères de famille la citent en exemple. Le jour où Anna rencontre le bel officier Alexis Vronski, elle fait voler en éclat le morne équilibre de son existence. Le déshonneur la guette. A cette passion destructrice s’oppose la calme et sage romance qui unit lentement Lévine et Kitty dans un bonheur durable et raisonné.

Un des romans qui m’a émerveillée quand j’étais adolescente. Lu et relu, ce livre m’accompagne depuis des années. La construction de l’intrigue est impeccable. D’un chapitre à l’autre, on passe des tourments d’Anna aux misères amoureuses de Lévine, pour revenir à Saint-Pétersbourg et repartir dans la campagne russe. Le talent de Tolstoï, c’est de dépeindre sans lourdeur la vie mondaine de l’élite russe, et avec autant de finesse la vie rustique du pays. Anna Karénine est en outre une figure féminine d’une puissance incroyable. Pas de doute, et au même titre que Madame Bovary de Flaubert, voici un livre que je ne me lasserai jamais de relire.

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La chatte

Roman de Colette.

Alain quitte son univers douillet de fils unique. Dans la maison de son enfance, il laisse Saha, la chatte qui l’accompagne depuis des années. Fraîchement mariée avec Camille, jeune femme vive et exigeante, Alain ne peut que comparer la finesse de l’animal adoré à la vulgarité insupportable de l’épouse. Entre la femme et la bête s’engage un combat sournois et implacable, pour gagner l’amour de l’homme. Tous les coups sont permis, et Alain est faible.

Court roman mais quelle richesse ! Les pages regorgent de finesse. Il y a une réelle densité des sentiments, une touffeur émotionnelle qui saisit le cœur. On a envie que la femme gagne, mais on se dit que ça ne serait que justice que le chat l’emporte. J’ai aussi eu envie de secouer Alain. Le personnage masculin est d’une fadeur délicieuse : sans lui, la femme et le félin paraîtraient bien ternes. Ce petit texte est exquis, et il se dévore !

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Vingt-quatre heures de la vie d’une femme

Roman de Stefan Zweig.

Après la fuite scandaleuse de Madame Henriette avec un jeune inconnu, tous les clients d’une pension cossue de la Côte-d’Azur blâment cette conduite indigne d’une femme respectable. Seul le narrateur, et l’énigmatique Madame C*** affichent de la sympathie envers cette pauvre femme. Le narrateur et la vieille dame anglaise sympathisent, et Madame C*** livre un secret qu’elle porte depuis plus de vingt ans, sa folle journée de passion pour un jeune homme inconnu.

L’histoire est de celles qui me séduisent, avec des personnages qui luttent contre un destin inexorable. Mais la langue est de celles que j’abhorre, ampoulée et lourde en bouche. Est-ce parce que le sujet est précieux que le texte se fait pompeux ? Le texte est court et ne s’embarrasse pas de longueurs. L’intrigue suit sa course précipitée. Quel dommage que la fin soit si abrupte. Le récit de Madame C*** s’achève, et rideau. C’est un peu court, jeune homme, comme dirait l’autre. Je reste sur ma faim. Une petite conclusion n’aurait pas été malvenue. J’ai, sans aucune comparaison, préféré Le joueur d’échec.

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Message de Philippe Carrese

À la suite de mon billet sur son livre Enclave et de la publication de ma critique sur le site des Chroniques de la rentrée littéraire, j’ai reçu un message de la part de Philippe Carrese. Et je suis toute émue, comme à chaque fois qu’un auteur me laisse un petit mot.

« Bonjour
Juste un petit mail pour vous remercier pour cette lecture éclairée de mon roman. Vos commentaires me vont droit au cœur, et c’est toujours réconfortant de voir que ce qu’on écrit peut avoir un écho aussi juste chez le lecteur. Encore merci, et bravo pour votre blog.
Amicalement
Philippe Carrese »

J’apparais en outre sur son site, avec un lien vers mon blog. C’est à mon tour de le remercier pour cette attention. Il ne me reste qu’à lire le reste de son œuvre, car un grand intérêt est né après la lecture d’Enclave.

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L’obéissance

Roman de Suzanne Jacob.

D’abord, il y a eu Hubert et Florence. Mariés à toute vitesse, parents tout aussi rapidement pour échapper à la solitude du couple. Alors sont venus Rémi, garçon un peu attardé, et sa petite sœur Alice, bien trop intelligente. Florence ne trouve de satisfaction en aucun de ses enfants. Elle veut leur apprendre l’obéissance, mais se heurte sans cesse au quotidien, où rien ne va comme il faudrait. Puis viennent Marie et Jean qui ne savent pas vraiment s’aimer, qui ont besoin d’autres horizons pour faire durer leur couple. Marie a assuré la défense de Florence lors de son procès. Et elle ne s’en remet pas. Deux époques, deux couples, deux femmes qui se télescopent.

J’en ai lu des purges, mais celle-ci décroche la palme haut la main! Un premier chapitre incompréhensible, que j’ai zappé après sept pages de laborieuse concentration et de vaine relecture. L’écriture se fait plus « accessible » ensuite, mais on passe d’un personnage à l’autre sans aucune fluidité. D’abord Florence, puis Alice, puis Marie, puis Julie, puis Jean, puis re-Julie. Il faut attendre bien trop longtemps pour comprendre ce qui unit Marie et Florence, pour comprendre le parallèle entre l’existence de Florence et l’enfance de Marie. Et même après 240 pages d’attente, ça reste nébuleux, largement imprégné d’une psychologie de bazar à deux sous. Il y a quelques passages émouvants. Sur quelques lignes, j’ai saisi une fragilité, une beauté terrible. Mais toute la narration est trop brouillonne. L’auteure passe, à plaisir ou en toute inconscience (mystère…), d’un style à l’autre. Il n’y a aucune cohérence dans le récit en général. Tout est décousu, lacunaire, voire lapidaire. Je suis partisane du travail du lecteur: il n’y a aucun mal, et même plutôt pas mal de plaisir, à remplir les blancs laissés par l’auteur. Mais il ne faut pas prendre le lecteur pour un nègre!

On pourrait se demander pourquoi j’ai fini le livre. C’est par conscience « bloguesque ». C’est trop facile de finir mon Challenge ABC 2009 si je ne lis que la moitié des livres… Mais je veux qu’on reconnaisse mon héroïsme ! Et je saute sans attendre sur un autre livre qui, je l’espère, me fera oublier celui-ci… Tout de même, avant de finir ce billet, je donne le résumé du livre, tel qu’il apparaît en tête du livre. Cela n’avait pas l’air si mauvais.

« Ils ont tout: maison, télé, congélateur. Il ne leur reste plus qu’à faire un enfant pour qu’il les sauve du temps qui ouvre ses gouffres autour de leur table et de leurs chaises, et en plein milieu de leur salon. C’est Réli. Puis Alice. Mais déjà une formidable, mortelle et imparable machine s’est mise en route. Il n’y aura pas qu’une victime, car la même histoire court toujours d’une histoire à l’autre. Pour faire le deuil de toutes ces morts, Julie rompt le pacte du silence qui la liait à son amie Marie et raconte comment l’issue du procès qui innocente la mère infanticide a fait basculer les certitudes de Marie, l’avocate. »

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Enclave

Roman de Philippe Carrese.

En janvier 1945, c’est la débâcle dans les rangs de l’armée du Reich et du parti nazi. Les Allemands abandonnent la scierie de Medved’ en Slovaquie, au nord des Carpates. Le camp de travail n’est pas vide. Les détenus, cent cinquante hommes et une vingtaine de femmes ont été abandonnés, livrés à leur sort au cœur de la forêt slovaque et de l’hiver meurtrier. Mais il faut survivre, prouver à l’ennemi que son départ n’est pas la fin. La communauté se réorganise avec, à sa tête, Dankso. Tous attendent un chef pour réapprendre ce qu’est la liberté. Dans un premier temps, les prisonniers veulent échapper à l’enceinte du camp, fuir les mois de souffrance derrière les barbelés. Mais le lieu est une enclave, coincé entre les flots impétueux de la Strigina Bystrina et les infranchissables monts Tatras. Acculés, les survivants réinvestissent le camp. Dankso met en place la république démocratique de Medved’. Le jeune Matthias se voit confier une mission : écrire, raconter la vie de son peuple. Et sous sa plume, on constate l’avènement d’une nouvelle dictature, menée par un homme qui se laisse dominer par l’avidité et le goût du pouvoir. Matthias écrit pour que cette page d’histoire suspendue et ignorée ne soit pas perdue. Mais une question se pose : écrire permet-il de sauver du désastre ?

Philippe Carrese réussit une impressionnante performance : traiter un sujet lourd de mémoire et de « déjà-dit » dans une prose simple et libre d’emphase. Avec discernement, il évite les poncifs et les écueils de la littérature concentrationnaire ou post-Shoah. Non pas que cette littérature est mauvaise. Mais un énième récit dans la veine de ceux de David Rousset ou Jorge Semprun n’aurait rien apporté d’essentiel à la connaissance et à l’appréhension de cet épisode historique. La phrase inaugurale, « Ils sont partis ce matin. », répétée dans les premières pages, est riche de tout ce que le texte n’a pas eu besoin de dire : les tortures, l’horreur, les détails de la vie concentrationnaire. Cette simple phrase marque la fin d’une époque, la transition entre l’avant et l’après. Elle permet au lecteur d’investir le texte sans repasser par les récits que l’on connaît déjà.

Bien que d’une facture simple, le texte est riche d’échos littéraires. J’y ai trouvé des teintes mythiques, tout particulièrement présentes autour de la Strygina Bystrina. Cette rivière a tout d’un Styx des temps modernes : elle empêche les morts de rejoindre le monde des vivants. Et les détenus de Medved’ sont bien morts aux yeux du monde. Ils sont les laissés-pour-compte d’un conflit qui s’achève sans eux.

Un épisode, très court, permet de reconnecter le récit avec la réalité : l’arrivée de deux échappés des marches de la mort, anciens prisonniers d’Oswiecim (Auschwitz). Medved’ n’est pas un cas isolé, si jamais on en doutait. L’évocation, en quelques paragraphes, de l’immense usine de la mort polonaise, comble les blancs de la narration. Là encore, l’auteur a su ménager le lecteur en ne lui répétant pas ce qu’il avait déjà lu.

Le récit se déploie dans un premier temps sur trois jours, puis sur un dernier jour, et enfin vient l’après, bien plus tard. L’ellipse de plusieurs mois entre la première et la seconde partie a fait naître chez moi une avidité de lecture. Les analepses dévoilent avec finesse et pudeur un quotidien redevenu trop banalement barbare pour être décrit. Philippe Carrese nous épargne une relecture fastidieuse des systèmes totalitaires.

Dès le début, quand Anja confie à son fils, le jeune Matthias, la mission d’écrire l’histoire du peuple des survivants, j’ai entendu les échos d’une lecture qui a laissé en moi une marque profonde, Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel. J’ai craint que Philippe Carrese n’emprunte la même voie que Claudel. Heureusement, le compte rendu est tout autre, et sa tenue elle-même est différente. Mais un point commun relie ces deux romans : le rapport est un texte qui angoisse, qui suscite les dissensions. L’écriture est une arme, je ne fais que reprendre un thème bien ancien. Le texte de Carrese en est une illustration  réussie.

J’adresse donc un grand bravo à l’auteur et lui souhaite bonne chance dans la course aux prix littéraires de la rentrée 2009 !

*****

L’opération « Chroniques de la rentrée littéraire » a été montée à l’initiative du Social Media Club France, qui s’est chargé de récolter les romans de la rentrée littéraire 2009 auprès des éditeurs pour les faire critiquer en avant première par les blogueurs. Le SMC s’est associé à trois communautés, Babelio, Ulike et Chermedia, pour diffuser ces livres aux blogueurs. En m’inscrivant sur Babelio, comme pour une opération « Masse critique » classique, j’ai eu la chance de recevoir le livre de Philippe Carrese. L’ensemble des critiques des blogueurs est lisible sur le site Chroniques de la rentrée littéraire et ma critique est visible , sur le site. 

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L’enfant

Récit autobiographique de Jules Vallès.

Jules Vallès raconte son enfance au Puy et à Saint-Étienne. Son père est professeur et sa mère est issue d’une famille de paysans. Jules, dit Jacques, n’est pas heureux. Il n’est pas un enfant qu’on câline et qu’on cajole. Il est un enfant battu. « Il faut que les enfants s’habituent à tout », dit sa mère. Et tous les prétextes sont bons pour que Jacques « s’habitue ». Il voit autour de lui les familles et les enfants heureux. Il observe aussi les drames. Tout lui est bon pour comparer son sort à celui du monde.

‘ai lu ce texte pour la première fois à 13 ans. Et je peux affirmer sans me tromper que c’est un des livres qui m’a aiguillée sur la voie des études littéraire et dans la volonté d’écrire. L’auteur, tout en racontant son histoire, décrit sans concession le lot des enfants au XIX° siècle. La violence et la cruauté vont de pair pour faire des jeunes existences un enfer. Je n’ai pa lu la suite de son autobiographie, Le bachelier et L’insurgé, mais je garde de ce texte un souvenir impérissable, comme si un peu de son histoire avait marqué la mienne.

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Tous les matins du monde

Roman de Pascal Quignard.

Monsieur de Sainte-Colombe ne se remet pas de la mort de son épouse bien-aimée. Retiré dans son modeste domaine avec ses deux filles, Madeleine et Toinette, il laisse s’écouler les jours au rythme de sa peine. Plusieurs fois par semaine, il reçoit ses élèves. Monsieur de Sainte-Colombe enseigne la viole. Compositeur de génie, ses œuvres sont le reflet de sa douleur. Un matin, Marin Marais, ancien chantre de l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois, se présente chez lui pour apprendre la viole. Le jeune loup entre dans la bergerie.

Je suis sous le charme! J’avais vu le film d’Alain Corneau, et j’avais en mémoire les excellentes prestations des Depardieu Père et Fils, et de Jean-Pierre Marielle. Le texte est au-delà de tout ça. Les personnages sont sublimes, au sens classique du terme. La langue est précieuse, travaillée, et solide, mais aussi mélodieuse et très musicale, comme une portée qui se déroule. Les considérations sur l’essence de la musique auraient pu être oiseuses, mais elles se révèlent poétiques et délicates. Le livre se lit vite et il laisse un beau souvenir.

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L’amour et autres surprises matinales

Recueil de nouvelles d’Elliot Perlman.

Neuf histoires où l’amour est le moteur de toutes choses. Il y a cet amant qui sait que sa maîtresse ne divorcera jamais. Il y a cet étudiant trop sensible qui n’arrive pas à combler son manque affectif. Il y a ce poète qui devient fermier, sans l’avoir vraiment décidé. Il y a cette femme qui assiste au procès de l’assassin de son époux. Il y a ce détective sans client, sans but. Il y a ce petit garçon qui utilise les canettes de bière vidées par son père pour construire un dinosaure. Il y a cet homme après la première nuit avec une inconnue. Il y a cette émigrée qui cherche son frère, entre souvenirs et temps présent. Tous ces destins évoluent dans l’Australie du XXI° siècle, à Melbourne, grande ville sans visage.

Mouais mouais mouais… Après avoir entendu des kilomètres de louanges sur ce livre, j’ai été très déçue. Je ne sais pas si la traduction est responsable de la déplorable qualité du texte, mais mon sentiment au sortir de cette lecture est très négatif. Il y a des passages fabuleux: pendant quelques paragraphes, j’étais prise dans une envolée superbe de sentiments. Puis le désastre, une narration plombée, une langue barbante et des personnages beaucoup trop caricaturaux pour être attachants. Une seule nouvelle se détache un peu du lot, La doctrine de la Hong Kong Fir. Co. Le questionnement sur l’amour et ses raisons est très bien construit, et j’y ai retrouvé certaines de mes interrogations. Moi qui suis tellement friande de nouvelles, je reste frustrée par celles de cet auteur dont on m’avait dit tant de bien.

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Silène

Roman de Jéromine Pasteur.

Silène est la fille de Kavan et de Marija. Dans la Bretagne des Celtes, elle est l’élève d’Yguerne, une femme-druide qui lui transmet son savoir ancestral et mystérieux.

Je ne peux pas en dire davantage ! Je ne veux pas priver les blogueurs de passage de la richesse de l’intrigue. Moi qui suis particulièrement attirée par les légendes celtes et la civilisation romaine, j’ai été servie !

Mélusine, je te le conseille !

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Pas ce soir, je dîne avec mon père

Chroniques de Marion Ruggieri.

Marion à la trentaine. Elle est très proche de son père, un cinquantenaire qui refuse de vieillir et qui multiplie les conquêtes avec plus ou moins de bon goût. Marion jette un regard critique sur cette génération de parents qui se veut plus jeune que ses enfants. Elle passe aussi au crible ses aventures amoureuses et ses échecs relationnels.

Pouah ! Je ne suis pas contre un peu de vulgarité quand c’est justifié. Mais là, y a de l’abus ! Tout n’est que turpitude et grivoiserie ! Et la finesse a été bien ouvertement abandonnée au profit du sensationnel et de la psychologie de bas étage ! Pouah pouah pouah !

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Le chamane du bout du monde

Roman de Jean Courtin.

Roud et Léti visitent la caverne de la Panthère et provoque un éboulis qui tue le chamane Arkham. Mais la faute la plus terrible est tout autre: Léti est une femme. Et les grottes sacrées sont interdites aux femmes. Roud et Léti sont bannis du clan et font étapes dans d’autres communautés, plus ou moins hospitalières. Ils traversent la Grande Eau Amère. Ils atteignent la terre alors que le soleil se voile. Roud devient alors le chamane du bout du monde.

J’aime beaucoup les romans d’aventure préhistoriques. C’est un moyen original et peu contraignant de découvrir cette période. Cependant, ce roman m’a un peu déçue. Le sujet est intéressant et les personnages sont bien écrits, mais tout cela est bien peu réaliste. Néanmoins, c’est un bon texte, divertissant et palpitant. A ne pas lire au pied de la lettre…

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