Claude Seignolle

Romans et nouvelles de Claude Seignolle.

Le diable en sabots

Christophe, le forgeron, meurt en laissant place à un successeur inconnu, présent au village le soir de son trépas. Roc, le nouveau maître des forges, est entouré de légendes et de contes chimériques. Chacun voit en lui un sorcier. Rejetté par les habitants, il trouve la joie et l’amour auprès de Benette, une jeune fille un peu folle.

Désirée la Sangsue

Désirée est une femme au corps difforme. Son seul plaisir est le vin, qu’elle considère comme son sang nouveau. Et elle a bien besoin. Son gagne-pain consiste à revendre des sangsues qu’elle arrache de ses jambes après de longues stations dans la rivière.

Le gâloup

Un étrange gâloup sème la terreur dans un village. Il égorge et dévore chaque nuit les bêtes du troupeau d’un fermier du bourg, ne lui laissant que des carcasses. Les hommes se rassemblent et partent en chasse pour attraper ce gâloup. Mais personne ne sait à quoi il ressemble.

La Malvenue

Jeanne, dite la Malvenue en raison d’une étoile rouge qui marque son front, incendie le blé fauché et accuse un pauvre homme d’être responsable. Elle se confie à Lucas, un domestique qui rêve de la faire sienne. Jeanne fait collection de pierres prétendument dotées de pouvoir. Mais quel est le maléfice qui semble rendre ces pierres vivantes? Quelle est la tragédie qui a frappé le père de Jeanne? Et pourquoi cache-t-on à Jeanne toutes ces vérités?

Le hûpeur

Oiseau chimérique, le hûpeur peut prendre l’apparence de n’importe quel volatile. Ses cris attirent ses victimes dans un marais où ils s’enlisent et disparaissent. Sylvain, un domestique superstitieux, relate cette légende à l’hôte de son maître. Le hûpeur est-il légende ou réalité? Et surtout, apporte-t-il vraiment la mort?

J’aime les récits et légendes du terroir. L’écriture est profonde et rugueuse comme la vie dans les provinces du début du siècle. Pas besoin de partir à l’étranger pour être entouré de mystères et de contes fabuleux. Tous ces récits sont très bien écrits, comme ciselés. Les personnages sont impressionnants, même les moins charismatiques. J’en redemande !

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La couleur pourpre

Roman d’Alice Walker. Titre original: Cher Bon Dieu. Prix Pulitzer en 1984.

Célie et Nettie sont deux sœurs tendrement liées, dans l’Amérique du début du 19° siècle. Violée par son père, contrainte d’abandonner leurs enfants, Célie est donnée à un homme violent, qui la sépare de sa sœur. Célie commence à écrire au Bon Dieu pour parler de sa vie et de sa peine. Pendant des années, elle subit la brutalité de son époux et l’indifférence de son entourage. Elle trouve refuge et tendresse auprès de la maîtresse de son mari, la sulfureuse Shug Avery, croqueuse d’hommes et épicurienne. Peu à peu, Célie apprend le respect d’elle-même. Sa sœur Nettie lui manque toujours cruellement. Les années passant, elle s’est persuadée de sa mort. Jusqu’au jour où elle trouve toutes les lettres que sa sœur n’a jamais cessé de lui écrire et que son époux lui a dissimulé.

C’est une belle histoire. Mais j’ai très vite été agacée par le ton infantil’ de Célie. Elle n’a pas d’éducation, c’est certain, mais cette ingénuité constante est insupportable. Néanmoins, la construction du récit est bonne. L’échange de lettres qui se croisent et se répondent sans le savoir comble les lacunes et répond aux questions soulevées par l’avancée de l’histoire. On a le point de vue de deux femmes noires dans deux environnements où elles ne trouvent pas leur place: l’une en Amérique, l’autre en Afrique. Il me semble que le titre original, en anglais bien sûr, convenait mieux au texte.

J’ai été bouleversée par le film produit en 1985 (décidément une très bonne année!) par Steven Spielberg. Whoopi Goldberg signe une de ses plus belles interprétations, aux côtés de Danny Glover, épatant de méchanceté et d’étroitesse d’esprit, et d’Oprah Winfrey, superbe en passionaria afro-américaine. La chanson Miss Celie’s Blues, que Shug Avery dédie à Célie, me fait toujours autant vibrer d’émotion.

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Ma guerre dans la Gestapo

Récit autobiographique d’Hélène Moszkiewiez.

Hélène est une jeune femme juive aux origines russes. Ses parents tiennent un petit commerce. A seize ans, elle rencontre par hasard un officier belge de la Résistance, infiltré dans la Told allemande. Il lui demande de devenir une espionne travaillant pour Londres. Hélène accepte et endure les souffrances de la guerre: le veuvage, la faim et la peur deviennent son lot quotidien. Infiltrée dans la Gestapo, elle contribue, à sa mesure, au sauvetage de Juifs et de résistants.

Très belle histoire vraie, et pourtant incroyable. J’ai noté quelques lourdeurs dans le texte, mais qui sont très largement sauvées par la force du témoignage. Il n’y a pas grand-chose à dire, sinon que c’est un bel exemple de devoir de mémoire et de récit de guerre.

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Le Dieu fleuve et Le septième papyrus

Roman d’aventure en deux tomes de Wilbur Smith.

Le Dieu Fleuve

Quatre mille ans avant Jésus-Christ commence l’histoire de Taita, esclave au service de Lotris. Jeune fille indépendante, Lotris tombe amoureuse de Tanus, un guerrier. Mais Pharaon nuira à cette idylle en prenant Lotris pour épouse. Sous la régence, Lotris combat Hyksos, et elle découvre le char, le cheval et le fer. Elle met au monde trois enfants d’ascendance divine. Taita relate l’histoire de sa maîtresse, son combat pour l’Égypte et ses promesses faites aux défunts.

Le septième papyrus

Six mille ans après Taita et son récit, Duraid et Rajan Al Simma découvrent la tombe de la reine Lotris. Mais Duraid est assassiné et tous ses papiers sont dérobés. La jeune épouse Al Simma va chercher de l’aide auprès d’un Anglais, Sir Nicholas Quenton-Harper, collectionneur passionné. Ensemble, ils découvrent la tombe de Mamosé et ils traversent l’Éthiopie pour mettre à jour le fabuleux trésor du pharaon.

Voilà ce que j’appelle une bonne lecture estivale : ça se lit vite et bien, sans temps mort, ça occupe agréablement et ça détend. Ce n’est cependant pas le meilleur texte de Wilbur Smith puisqu’il ne me laissera pas un souvenir impérissable.

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Paris au XX° siècle

Roman d’anticipation de Jules Verne.

Michel est le dernier élève de rhétorique de France. Il remporte le premier prix de vers latins, distinction dérisoire en 1960 où seules comptent la technologies et les mathématiques. Plus de place pour l’art ou la littérature. Seul, Michel retrouve un vieil oncle. Il tombe amoureux de la fille de son maître de latin. Mais tous se rient de cette passion partagée.

Jules Verne ne cessera jamais de me séduire. J’aime son imagination visionnaire qui s’avère des plus pertinentes. La narration est toujours de qualité. Les descriptions sont intelligentes et intéressantes. Petit à petit, je lis toute l’œuvre de ce grand auteur qui n’est pas qu’un écrivain de littérature enfantine !

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Billy

Roman d’Albert French.

Billy Lee Turner est un jeune noir d’une dizaine d’années. Il partage son temps avec Gumpsy, son camarade de jeu. Un jour qu’ils se promènent près d’un étang appartenant à des blancs, ils sont agressés par deux jeunes blanches. Gumpsy s’enfuit, mais Billy se défend avec un couteau. Dès lors, c’est la chaise électrique qui attend Billy.

J’ai déjà lu ce livre plusieurs fois. Il était temps que je donne une petite critique. C’est une superbe fresque sur les racistes et leurs victimes. Mêlant le mode de l’enquête et celui de l’article, le texte se lit très bien. Je le conseille à tout le monde. Pas de discours ronflant sur le respect, mais des situations explicites. La narration est simple et touchante.

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Captive

Roman de Margaret Atwood.

Grace Marks a été condamnée à la perpétuité pour deux meurtres. Mais dix ans après son procès, les théories les plus diverses courent encore sur son compte: était-elle coupable, folle, amnésique, dissimulatrice? Le jeune docteur Simon Jordan, qui s’intéresse de très près aux maladies mentales, tente de faire parler Grace qui s’est murée dans le silence après son procès. Il lui fait raconter son arrivée au Canada, ses premières places de servante, sa rencontre avec Mary Whitney, et sa dernière place chez M. Kinnear. Entre crises de somnambulisme, accès de terreur et amnésie partielle, il cherche à démêler le vrai du faux dans cette histoire qui a passionné le pays.

L’idée est intéressante, mais le traitement qui en fait est très décevant. Il semblerait que le texte se refuse à assumer un genre. On passe du roman d’enquête au récit autobiographique, du roman épistolaire au rapport d’expertise médicale, avec des changements constants de narrateur. La narration se perd dans des détails inutiles qui rendent la lecture fastidieuse. Le personnage de Grace n’est absolument pas sympathique, pas davantage celui du docteur Jordan. Le livre se découpe en parties dont on se demande où est leur intérêt. Les citations de philosophes ou de poètes, telle Emily Dickinson, sont agréables à lire mais n’ont pas toujours un rapport évident avec le récit qui suit.

J’en garde une impression très mitigée, avec le sentiment désagréable d’avoir perdu mon temps.

EDIT 2019 – Toujours aussi peu convaincue par le forme du roman, mais j’ai davantage apprécié le fond avec cette relecture.

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La confession impudique

Roman de Junichiro Tanizaki.

Un professeur d’université et sa femme se livrent à un jeu pervers. Par journaux intimes interposés, ils disent tout – ou presque – de leur vie intime. À l’âge du démon de midi, le professeur est plus que jamais avide de plaisirs sensuels, mais il se heurte aux désirs exacerbés de son épouse, bien plus jeune que lui. Il découvre que la jalousie est un stimulant amoureux extraordinaire, et il jette sa femme dans les bras du fiancé de leur fille, ce qui a pour effet de décupler son désir. Insatiable, il se gave de potions et d’excitants pour satisfaire les exigences de son épouse. Jusqu’à l’issue fatale qui révèle comment sa femme a tout orchestré.

Excellent ! La construction du récit est fameuse. Tantôt on lit le journal de l’époux, tantôt celui de l’épouse, avec deux langages et deux points de vue différents. Tout n’est que fausse dissimulation et vraie traitrise. Impossible pour le lecteur de ne pas pressentir l’issue. J’ai particulièrement apprécié la finesse avec laquelle les jeux érotiques sont décrits: pas de mots grossiers, tout n’est que suggestion et image. Le huis clos est imperceptiblement bâti, mais il est omniprésent. Les nombreuses sorties des protagonistes ne sont que des leurres, ils sont cloîtrés dans leurs névroses respectives. Voilà un livre d’une grande finesse, mais aussi d’une profonde perversité. Rien n’est clairement exposé. Pourtant les narrateurs ne dissimulent rien. Du grand art !

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Vénus Erotica

Recueil de nouvelles d’Anaïs Nin.

D’une nouvelle à l’autre, on retrouve des personnages dont les aventures amoureuses et érotiques vont de plaisirs en déconvenues. Toutes les pratiques et tous les vices sont passés en revue.

Me voilà désappointée… Sur les recommandations d’une camarade de prépa, il y a des années, j’avais noté ce titre sur ma LAL. Selon les dires de la susdite préparationnaire, le texte devait être une réécriture moderne du mythe de Pygmalion dans lequel Galatée se rebellait contre son créateur. Après trois pages de lecture, j’ai vite compris que ma camarade ne connaissait pas le texte ou qu’elle l’a confondu avec un autre… La première surprise passée, j’ai essayé de m’intéresser au texte. Mais les écrits érotiques ne sont vraiment pas ma tasse de thé…  Quand j’en ai lu un, je les ai tous lus. J’ai poussé la lecture jusqu’au milieu du recueil, jusqu’à saturation.

Un grand merci à ma cousine Sandrine qui m’a offert ce livre. J’espère que le second que j’ai reçu, Zorba le Grec, me plaira davantage.

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Mes nuits sont plus belles que vos jours

Roman de Raphaële Billetdoux. Prix Renaudot 1985 (une très bonne année !)

Lucas et Blanche sont deux êtres solitaires et esseulés. Leur rencontre est faite de violence, d’incompréhension et de recommencement. Trois jours suffisent pour faire de cette union une tragédie. Les deux solitudes en mouvement ne savent pas se retenir, s’apaiser et s’harmoniser.

C’est un texte intéressant. La narration ne ménage aucun temps mort et c’est mieux ainsi. L’intensité de l’histoire ne peut se traduire que par l’urgence et la concision. Mais j’ai trouvé le sujet un peu banal. À vouloir trop rendre la violence des sentiments, il me semble que l’auteure a fait preuve d’un peu de grossièreté sur certains passages. Néanmoins, c’est un texte qui se lit vite et qui occupe agréablement une pause repas.

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Tayaout, fils d’Agaguk

Roman d’Yves Thierault.

Tayaout, premier fils d’Agaguk, part seul vers le Sommet de la Terre, à l’âge de quinze ans. Il y affronte l’ours blanc, le grand représentant des Esprits. Agaguk et sa femme ont retrouvé leur village. Iriook rêve de son fils et prie les Esprits pour qu’il revienne. Et Tayaout revient, avec la pierre magique.

Deuxième partie d’une histoire familiale, ce texte s’essouffle dès les premières pages.

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Agaguk

Roman de Yves Thierault.

Agaguk est inuit. Voulant échapper au contrôle de son père, il part dans la toundra avec sa femme Iriook. Ils vivront plusieurs années à l’écart des leurs, dans l’angoisse des Blancs. Pour se défendre, Agaguk tue Brown, un trafiquant d’alcool. Entre peur et quotidien, Agaguk se bat aussi contre lui-même.

Peu de choses à dire. Je n’ai pas été touchée par le personnage. La description des paysages est intéressante, mais elle suscite peu d’émotions.

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Heathcliff revient à Hurlevent

Tous les lecteurs des Hauts des Hurlevent se demandent ce qu’Heathcliff a fait pendant ses trois ans d’absence. Trois années qui ont fait du valet de ferme un gentleman. L’auteure mêle plusieurs œuvres des soeurs Brontë avec une habileté peu commune. Elle recrée la langue d’Emily pour broder un destin fabuleux. Voilà un texte qui ne manque pas d’intérêt et qui offre, pourquoi pas, des clés de lecture pour relire le chef-d’œuvre original.

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Les Hauts de Hurlevent

Roman d’Emily Brontë.

Les Earnshaw, propriétaires terriens réputés, ont deux enfants, Hindley et Catherine. M. Earnshaw recueille un pauvre garçon qu’il prénomme Heathcliff. Une folle passion unit l’enfant trouvé et Catherine. Le temps passe et la jeune fille épouse un autre homme. Heathcliff disparaît pendant trois ans. Quand il revient, il épouse la soeur du mari de Catherine. A la mort de celle-ci, il cherchera à se venger de ceux qui l’ont séparé de son grand amour.

Ce livre a bouleversé mon adolescence. Je l’ai redécouvert ces derniers jours. La langue est rugueuse, violente et hostile comme la lande où se déroule la romance. Le personnage d’Heathcliff est brillamment écrit. Encore une fois, j’ai frissonné devant les déclarations passionnées des deux amants, devant le tragique de leur amour. Il y a des histoires d’amour qui marquent les petits coeurs des lecteurs…

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Chaleur de sang

Roman d’Irène Némirovsky.

Sylvio, vieil homme solitaire, observe avec détachement et indifférence le ballet des vies et des sentiments de son entourage. Sa cousine Hélène et son époux François sont tellement heureux et sereins quand leur fille Colette épouse le gentil Jean. Après la noyade de celui-ci, les apparences se fragilisent. Le bonheur parfait et sans ombrage des parents Erard cache quelques secrets honteux. Au milieu de la campagne française, il est difficile de parler des erreurs. Tout le monde sait, mais personne ne parle. Et finalement, celui qu’on croyait éloigné des tourments du cœur se souvient…

La langue est fluide, la narration coule avec aisance. Pas de temps morts: on passe d’évènements en rebondissements en évitant les lieux communs superflus. Les périodes heureuses sont passées sous silence afin de maintenir le texte sous la tension dramatique. Chaque personnage a son rôle à jouer dans le drame familial. J’ai apprécié cette rapidité des enchaînements. Je suis toutefois agacée par l’artifice du narrateur omniprésent, qui assiste à toutes les péripéties. C’est bien entendu nécessaire pour que le lecteur ait connaissance de l’histoire, mais l’introduction du narrateur est parfois un peu lourde. Cela dit, ce roman reste une réussite, et je le conseille en lecture estivale. Il se lit rapidement et avec plaisir.

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Le vol des cigognes

Roman de Jean-Christophe Grangé.

1991, Paris, Louis Antioche achève une thèse de mille pages sur le concept de culture chez Oswald Spengler. Après des études largement financées par ses parents adoptifs, il se retrouve oisif et sans projet. Sur recommandation de Neilly, sa mère adoptive, il rejoint l’ornithologue Max Böhm en Suisse. Il accepte une mission sur la route des cigognes. Une grande partie d’entre elles n’est pas revenue de la dernière migration, et Max Böhm veut découvrir pourquoi. Quelques jours avant le début de son périple, Louis trouve Max dans un nid de cigognes, mort d’une crise cardiaque. Pour Louis, un mystère se cache derrière l’existence de l’ornithologue. Seul, il entreprend le voyage à la suite des oiseaux migrateurs. De Paris à Sofia et jusqu’en Centrafrique, Louis va marcher sur la trace des cigognes et partir à la découverte d’un odieux trafic qui va le mener à ses propres origines et au mystère de ses mains mutilées.

Je ne suis pas friande des romans d’enquête, d’autant moins si le sujet du texte verse dans le macabre et le sanguinolant. Et c’est ce que je reproche à ce roman: une surabondance de détails crus et funestes. Voici un texte qui se prêterait sans aucun doute au jeu de l’adaptation cinématographique: il y a des images à exploiter pour réaliser un honorable film « gore », dans la veine de L’empire des loups de Chris Nahon, adapté d’un autre livre de Grangé. A mesure que je progressais dans la lecture, j’ai compris que l’affaire des cigognes n’était que le prétexte à une autre histoire bien plus noire. Mais j’ai également senti que l’enquête en général n’est qu’un prétexte à des scènes violentes, sanglantes ou faussement érotiques, d’un mauvais goût notoire.

Toutefois, il n’y a pas que du mauvais. L’intrigue est plutôt bien ficelée. La course du personnage à travers les continents tient en haleine. L’auteur sait ménager ses effets. C’en est même frustrant. Trop peu d’indices! Un des plaisirs de la lecture de romans d’enquête, c’est de tenter de percer le mystère avant les dernières lignes. Là, il faut attendre les ultimes pages pour saisir toute l’étendue de la narration. Je passe sur l’ignominie familiale que découvre le protagoniste. C’est un « gros » pour moi. Un bon point pour les premières pages, in medias res: j’aime qu’un livre m’emporte immédiatement. Une autre réussite est la rédaction des fax que l’inspecteur Hervé Dumaz envoie à Louis Antioche. Ces quelques pages sont des morceaux d’exception, très bien ciselés, sur le mode du journalisme d’investigation.

L’impression finale est la déception. Encore un roman d’enquête qui n’a pas su me séduire ni me réconcilier avec le genre.

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Le grand chemin

Roman de Jean-Loup Hubert.

Dans les années 50, Louis, un jeune parisien, est envoyé à la campagne par sa mère. Il est accueilli par des amis de celle-ci. Au sein du couple, il règne une discorde qui grandit avec l’arrivée de Louis. L’enfant cherche à percer leur secret. Il partage aussi les facéties de Martine, sa petite voisine.

C’est frais et très touchant. On m’a dit beaucoup de bien du film avec Richard Borhinger. Affaire à suivre.

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N’oublie pas d’être heureuse

Roman de Christine Orban.

Fédala, petit village de l’autre côté de l’Atlantique, bien loin de Paris. C’est là que grandit la narratrice, entre sa cousine Sofia, sa mère sur laquelle tout semble glisser, et sa tante Fifi qui débarque une fois par an de Paris. Le jeune fille sait qu’un jour elle partira. Pour elle, le bonheur n’est pas là, pas maintenant. Il y a un ailleurs qui donnera du sens à sa vie. Arrivée à Paris, hébergée par Fifi, la vie n’est pas plus rose. Elle n’est chez elle nulle part. Paris la renvoie à sa condition de provinciale et à ses aspirations démesurées.

Bof. C’est très verbeux. Beaucoup trop de considérations oiseuses sur le sens de la vie. Ce livre que les critiques ont tant vanté ne m’a pas séduite. Pourtant, le titre était alléchant, de même que la quatrième de couverture, qui est un extrait du livre: « Ma mère disait: « N’oublie pas ton chapeau. » Mon père disait: « N’oublie pas d’être heureuse. » Comme s’ils pressentaient à quels dangers je pourrais m’exposer. » Le texte se lit vite et, je pense, s’oublie tout aussi rapidement…

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La zone du Dehors

Roman d’Alain Damasio.

2083, sur Cerclon, un astéroïde qui fait face aux anneaux et satellites de Saturne, la grande majorité des Terriens a trouvé un refuge après une succession de guerres atomiques et de menaces. Ici, les individus sont soumis au Clastre, un organe de contrôle qui procède, entre autres choses, à l’établissement d’un fichier de prévention contre le crime selon les prédispositions de chacun. Tous les individus sont marqués et hiérarchisés. Plus de nom, mais des suites de lettres qui désignent la place de chacun dans la société. Cerclon est le monde du mérite rationalisé. Quelques personnes refusent de se soumettre. Ils sont la Volte, un groupuscule de citoyens éclairés qui tentent de se faire entendre. Fermement refoulées par le pouvoir, leurs opérations rebelles passent au yeux de la foule pour des actes de terrorisme, menés par des désabusés. La tension s’accumule. Le pouvoir sait qu’il ne pourra plus contenir longtemps Captp, leader charismatique, et le reste des voltés.

Voici un livre qui demande de la patience, de l’endurance et de la concentration. Impossible de le lire dans le bus (et j’ai essayé plusieurs fois…). Parfois affreusement verbeux, le texte est pesant. Et soudainement, la narration s’envole, la syntaxe s’allège et le fil des mots vous emporte. Les théories sociales, humaines et politiques sont très travaillées. Il y a de l’ironie dans chaque joute verbale. Bien qu’écrit dans les années 1990, le texte aborde des questions étonnement actuelles: les lois sur les libertés numériques, le contrôle permanent, la surveillance accrue dans les lieux publics, l’affecting dans la publicité, etc. A tous ceux qui veulent un peu de réflexion sur la démocratie et la liberté au XXI° siècle, je conseille la lecture de ce roman, et je leur souhaite aussi bon courage. Il y a des passages opaques.

Et voici un passage pour convaincre ceux voudraient en savoir plus: « Plus un pays progresse vers la démocratie, plus la liberté accordée à chaque individu menace la société d’éclatement. Plus, par conséquent, le pouvoir doit s’exercer haut et profondément. » (p.277)

Ou encore: « Pour moi, le peuple a le pouvoir qu’il mérite et n’a pas d’excuses. » dixit A, le président de Cerclon. (p.280)

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La grande aventure de la langue française

Essai de Julie Barlow et Jean-Benoît Nadeau.

Tous les deux québécois ayant vécu à Paris, les auteurs ont visité beaucoup de pays de la francophonie. Dans ce livre, ils s’interrogent sur la lutte que mène le français contre l’anglais et contre des langues bien plus inattendues. Nourri d’histoire et d’exemple, ce texte retrace avec intelligence et précision l’évolution et les transformations de la langue de Molière, Senghor et Trudeau.

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Des livres pour Haïti, la suite

J’avais encore quelques livres à envoyer pour grandir la Tour de Babel(io).

I have a dream… Quand on sait qu’Haïti est le troisième état le plus corrompu du monde, je me dis que, peut-être, tous les livres que nous envoyons là-bas seront lus par le futur dirigeant du pays, et que cet homme sera un personnage éclairé… Wait and see…

Et en photo, ma modeste contribution à cette belle œuvre caritative. J’avais une souris dans ma bibliothèque et elle aime le feu des projecteurs…

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Le lièvre de Vatanen

Roman d’Arto Paasilinna.

Vatanen est journaliste. Un soir, il percute un lièvre sur la route. L’animal est blessé. Vatanen le soigne et s’enfonce avec lui dans la forêt. Il renonce à sa vie citadine, monotone et désabusée pour retrouver le vrai goût de l’existence, fait d’efforts dans le respect de la nature. Toujours accompagné de son lièvre fétiche, Vatanen traverse la Finlande et va jusqu’à l’URSS, dans un voyage initiatique mêlé de rencontres insolites.

Ce conte initiatique des temps modernes est remarquablement écrit. La légèreté du propos n’entame pas la profondeur de la réflexion humaine et écologique. Il me manque de voir le film où Christophe Lambert interprète Vatanen pour découvrir les paysages de la Finlande.

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La traversée du continent

Roman de Michel Tremblay.

Rhéauna doit quitter son village de la Saskatchan pour retrouver sa mère, une femme qu’elle ne connait pas, à Montréal. Se séparer de ses sœurs et de ses grands-parents lui coûte, mais à dix ans, Rhéauna est déjà fière et courageuse. Dans le train qui traverse le pays et dans les villes où elle fait étape, elle rencontre des êtres nouveaux qui cachent tous une blessure sous des dehors austères ou volubiles.

Très beau roman de voyage. La narration est dynamique, rythmée par l’avancée du train. Le personnage de Rhéauna est très bien construit, solide et attachant. Ce texte, qui s’inscrit dans un ensemble plus grand, se lit très bien pour lui-même.

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Des livres pour Haïti

Guillaume Teisseire, de Babelio, m’a contactée pour une généreuse opération: offrir des livres pour les bibliothèques haïtiennes. L’ONG Bibliothèques sans Frontières et les éditeurs de La Martinière Groupe aident ainsi  les bibliothèques les plus défavorisées à remplir leurs rayonnages. Pour en savoir plus, c’est par là ! Ils vous en parleront bien mieux que moi!

J’ai des livres plein mes placards, plein mes étagères, sous mon lit, sur mes tables, et dans d’autres endroits improbables. Des livres que je ne lis plus, mais que je garde. Pour une fois, je vais faire quelque chose de doublement utile: offrir du bonheur à des lecteurs à l’autre bout du monde, et faire de la place dans mes bibliothèques (pour y ranger bientôt de nouveaux livres…)

L’idée, c’est de créer une Tour de Babel(-io) avec tous les livres récoltés. La mienne est bien petite, mais c’est l’intention qui compte! Et comme le printemps bat son plein, je lui ai emprunté quelques fleurs pour embellir ma tour(-ette).

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Impuretés

Roman de Philippe Djian.

Lisa est retrouvée noyée dans le lac. Toute la colline soupçonne son frère Evy. Le mutisme de celui-ci ne plaide pas en sa faveur. Entre son père, ancien junkie, et sa mère, actrice dépressive sur le retour, tout semble rendre son existence cauchemardesque. Initié trop tôt aux drogues et au sexe, Evy sombre lentement dans un gouffre. Et tombent avec lui les proches de Lisa et tous ceux qui ne prennent pas garde à la force d’une jeunesse désabusée.

L’auteur a un don dérangeant, celui de mettre des mots sur le malaise, sur cette frontière ténue entre le moral et l’immoral. Les mots collent à la peau, visqueux et lourds. La narration, entre ellipses et faux-semblants, se traîne de page en page. C’est trop glauque pour moi…

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Jésus sans Jésus, la christianisation de l’Empire romain

Essai de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur

L’Antiquité a été ébranlée par l’irruption d’une nouvelle croyance: le christianisme, en rupture marquante avec le judaïsme, a mis plus de cinq siècles à s’imposer comme la religion officielle du grand Empire romain, de chaque côté de la Méditerranée, renversant le paganisme et le polythéisme. Un homme, Jésus de Nazareth, suivi de ses disciples, a mis en branle une formidable machine à penser et à régner.

Les auteurs, avec talent et perspicacité, mènent un travail minutieux sur le développement du christianisme. Certains chapitres sont légèrement obscurs, mais l’ensemble est cohérent et bien documenté. Ils retracent habilement les retournements et les dérives qui ont transformé le judaïsme en christianisme. Jésus était venu proclamer l’avènement du Royaume d’Israël, au sein duquel les enfants d’Israël – c’est-à-dire les Juifs – rejoindraient le Seigneur dans sa gloire. La réalité et la suite des choses ont prouvé que le Royaume d’Israël, supposé advenir à la fin des temps, s’est installé au sein de l’Empire romain, et ceux qui y étaient destinés, toujours les Juifs, en ont été exclus, au nom d’un antisémitisme ironique. Le christianisme s’est en fait développé sans Jésus Christ, juif convaincu.

J’ai vraiment apprécié ce voyage dans l’histoire, la façon qu’ont les auteurs de rétablir les vérités, le vrai sens des mots et des choses. Cet ouvrage a nourri ma culture et ma foi de catholique tout en éclairant ma lanterne sur bien des points.

Je ne résiste pas à citer un long passage de cet ouvrage (pages 229 à 231). C’est une synthèse très claire de la construction du christianisme, de sa rupture avec le judaïsme et de sa transformation en religion unique, officielle voire obligatoire. Ces lignes devraient donner le goût aux lecteurs intéressés de s’aventurer plus avant dans le texte.

Supposons un instant que Jésus revienne sur terre. Il n’est pas besoin de faire preuve de beaucoup d’imagination pour comprendre qu’il serait stupéfait. […] Mais il l’aurait été tout autant s’il était réapparu au V° ou au VI° siècle, lorsque le christianisme est devenu la religion officielle et unique de l’État romain, tandis que le judaïsme, vaguement toléré, étroitement borné, soigneusement isolé, n’avait plus aucun espoir de devenir un jour la religion de l’humanité toute entière.

Premièrement : sans doute, vers 450-500, Jésus serait-il abasourdi de voir que le monde existe toujours, que la Fin des temps qu’il a annoncée sans relâche ne s’est pas produite, que le Royaume de Dieu ne s’est pas rétabli avec puissance.

Deuxièmement : il serait tout aussi attristé de constater que la restauration du royaume d’Israël n’a pas eu lieu et que Rome, plus que jamais domine la Palestine.

Troisièmement : quant à Jérusalem, il n’y reconnaîtrait rien, tant la ville a été transformée par les Romains, qui sont allés jusqu’à créer un parcours de pèlerinage « touristique » sur les lieux où il a été torturé et exécuté, désormais baptisés « lieux saints ».

Quatrièmement : même s’il pouvait être honoré de l’attention portée à sa personne, lui qui n’avait vécu que dans le judaïsme et pour le judaïsme, il enragerait vraisemblablement de voir les chrétiens se réclamer de lui, se proclamer « véritable Israël », tout en stigmatisant les juifs comme fils du Diable (Jn 8,44)

Cinquièmement : son étonnement serait aussi grand à la lecture de l’évangile, où ses actes et ses paroles sont rapportés par des témoins qu’il n’a jamais rencontrés, qui ne l’ont jamais vu, jamais connu.

Sixièmement : il ne comprendrait pas non plus pourquoi apparaissent sur sa bouche des phrases qu’il n’a jamais prononcées, comme ses dialogues avec Pilate ou, au sommet, l’ineffable formule « mon royaume n’est pas de ce monde » (Jn 18,36)

Septièmement : ne parlant ni le grec, ni le latin, Jésus aurait par ailleurs beaucoup de mal à lire ces textes qui lui sont consacrés – comme à dialoguer avec les chrétiens qui le vénèrent.

Huitièmement : il n’accepterait certainement pas que son livre, la Bible hébraïque, soit reléguée à l’arrière-plan, périmé comme un « Ancien Testament ».

Neuvièmement : plus incroyable serait d’apprendre que, pour les fidèles du christianisme, il n’est pas un prophète comme ses collègues prophètes de l’Antiquité, mais un dieu, le Fils de Dieu, voire Dieu lui-même, de « même substance » que son « Père ».

Dixièmement : qu’il ait pu ressusciter avant le Jugement dernier, revenir seul d’entre les morts, lui paraîtrait de toute façon une hypothèse abracadabrante.

Onzièmement : alors qu’il n’avait aucun lieu où poser sa tête, comment pourrait-il songer à s’abriter dans les basiliques ou les églises, qui désormais attirent tous les regards, étalent leurs ors et leurs marbres et ornent les murs de son effigie (peut-être penserait-il qu’il s’agit de sa caricature), l’exposant « glorieux », mais supplicié sur le bois du malheur?

Douzièmement : alors qu’il n’avait cessé de vitupérer les riches et les puissants, le pouvoir des autorités, qu’elles soient romaines ou juives, comment accepterait-il que, si le royaume des cieux est toujours promis dans l’au-delà à ceux qui m’ont rien ici-bas, les riches et les puissants se dispensent de passer par le chas de l’aiguille et continuent à jouir des plaisirs de la vie sans vergogne?

Treizièmement : crucifié par les Romains sous le chef d’accusation « roi des Juifs », ne s’insurgerait-il pas de voir son disciple Pierre [Shimon] trôner chez les ennemis des juifs, à côté de Paul, nouveaux Romulus et Remus de la légende romaine du christianisme?

Quatorzièmement : et ce Paul, qui se disait le dernier des apôtres, comment Jésus admettrait-il que, se réclamant de son enseignement, il ait pu proclamer que « la force du péché, c’est la Loi » (Co, 15,56), que par elle abonde la faute et qu’elle s’avère incapable d’apporter la perfection aux hommes?

Quinzièmement : ne serait-il pas horriblement choqué de voir que l’instrument de son supplice par les Romains, la croix, est devenue sur la bannière chrétienne le symbole même de la mainmise de Rome?

Seizièmement : comme nous, ne se poserait-il pas la question, toujours la même et lancinante question, qui ne vaut que parce qu’elle est question, éternelle, sempiternelle, qui se dérobe dès qu’on s’approche trop près du feu de la réponse: pourquoi? comment? Ou, en d’autres termes, comment expliquer le succès du christianisme?

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Le cœur cousu

Roman de Carole Martinez. Prix Renaudot des lycéens 2007.

Dans la famille Carasco, au terme d’une initiation longue et mystérieuse, les femmes se transmettent de génération en génération un coffret qui recèle leur don. Quand Frasquita ouvre le coffret, les secrets de la broderie se révèlent à elle. Son talent la fait connaître au-delà des limites de Santavela, son petit village d’Andalousie. Un peu sorcière, Frasquita sait aussi recoudre les hommes. Jouée et perdue par son époux lors d’un combat de coq, Frasquita est cédée à un homme qui abuse d’elle. Accusée d’adultère, elle doit quitter le village. Commence une longue errance dans laquelle elle entraîne ses six enfants. Chacun d’eux possède un don extraordinaire. L’aînée muette, Anita, est une conteuse qui sait les choses sans les avoir vues ni entendues. Angela, que d’étranges plumes accompagnent, possède une voix assassine et affolante. Pedro el rojo est une force de la nature dont la seule passion est de dessiner. Martirio a le don de la mort au bout des lèvres. Clara ne vit que de lumière et de soleil. Par-delà la mer, les robes de noces que tisse Frasquita sont l’ultime indice qui permettra à son époux de la retrouver. Et c’est Soledad, la dernière enfant, qui écrit l’histoire de sa famille.

La première partie m’a laissée perplexe. Plus d’un épisode est largement inspirée de Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Le cadre-même de cette fable est fort ressemblant. L’action se déroule dans un village perdu d’Andalousie, à une époque bien nébuleuse. Seule une furtive allusion à Louis Pasteur permet de situer les évènements. Il y a dans chaque personnage une dimension merveilleuse, de magique et de folle qui donne au texte une puissance de conte. Les règles du temps sont mises à mal. Les enfants assistent au mariage de leurs neveux alors même que les parents de ceux-ci ne sont encore que des enfants. J’ai beaucoup aimé la mythologie familiale qui inscrit la filiation dans un passé immémorial et légendaire. La langue est soutenue, travaillée, vraiment poétique. Seul regret : le titre ne reprend qu’un court épisode du livre. Il est bien trop réducteur.

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La rose des vents

Roman de Dominique Marny.

Solange Favier, jeune veuve d’une trentaine d’année, a fait de sa demeure un hôtel de charme sur les bords de la Méditerranée. Chaque été, les vacanciers se retrouvent pour goûter la douceur du climat et la qualité de l’accueil que Solange a su créer. Avec sa filleule Marianne, elle s’attache à faire du séjour de ses clients un moment béni. La quiétude des lieux ne résiste hélas pas aux troubles qui précédent la seconde guerre. La petite communauté d’intellectuels allemands qui a fui le Troisième Reich n’est plus en sécurité à Sanary. Les habitants se montrent hostiles et la menace se fait plus pressante. La Rose des Vents vit ses dernières heures de paix.

Peu de choses à dire sur ce roman. Une énième variation sur une figure féminine qui résiste. Toutes ne peuvent certes pas être des Lucie Aubrac, mais celle-ci manque sérieusement d’étoffe. La guerre n’est qu’un prétexte aux romances amoureuses qui se nouent. Sans grand intérêt.

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L’éternel mari

Roman de Fédor Dostoievski. Traduction de Boris de Schloezer.

Veltchaninov est un ancien mondain que son hypocondriaquie et ses angoisses ont éloigné de la société. Un jour, il aperçoit un homme qui porte un crêpe à son chapeau. Cette rencontre l’impressionne vivement. A plusieurs reprises, il croise la route de ce personnage étrange. Un soir, l’homme se présente à sa porte. Veltchaninov reconnaît enfin une vieille connaissance, Pavel Pavlovitch. Neuf ans auparavant, il avait été l’amant de son épouse. Veltchaninov pressent que les desseins de son ancien ami sont troubles, et peu pacifiques à son égard.

La traduction est mauvaise! Des répétitions et des lourdeurs rendent ce texte très pénible à lire, bien que le sujet soit très intéressant. Dommage.

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Hélène de Champlain

Roman historique en trois tomes de Nicole Fyfe-Martel.

Tome 1 – Manchon et dentelle

Hélène Boullé a douze ans quand son père la marie à Samuel de Champlain, explorateur au service du roi de France. Objet d’échange, Hélène sait qu’elle est condamnée à subir les volontés de sa famille et de son époux. Mais sa nature rebelle s’y refuse. Elle brave les règles et les convenances pour vivre pleinement son amour avec Ludovic Ferras, un jeune pelletier.

Tome 2 – L’érable rouge

Hélène de Champlain est revenue en France après six ans à Québec. Sa santé est fragile et sa mémoire lui fait défaut. Séparée de Ludovic, elle n’a aucun souvenir de ses derniers moments en Nouvelle-France. Elle sait qu’on lui cache des choses au sujet de son amant, mais tout le monde garde le silence. Pour retrouver la paix, elle entreprend d’écrire ses souvenirs et de reconstituer le fil de son existence en Nouvelle-France.

Le premier tome est abrutissant de mièvrerie ! Dans « roman historique », il y a « historique ». J’attendais des données concrètes sur l’existence de cette femme qui a marqué les débuts de la Nouvelle-France. Au lieu de cela, il n’y a que bécottements entre amoureux, disputes et réconciliations. Les tractations du Sieur de Champlain préparant l’installation d’une colonie française à Kébék sont réduites au minimum, et c’est bien dommage. L’histoire du Québec m’intéresse, et je trouve regrettable qu’elle ne soit qu’un prétexte à peine évoqué pour une romance dégoulinante. Je ne suis pas allergique aux romans sentimentaux dans lesquels les amoureux se promettent la lune sous les étoiles, bien au contraire, mais ce roman n’a d’historique que le nom! Le personnage d’Hélène est mal écrit, entre féministe avant-gardiste et midinette frivole. C’est bien dommage, d’autant que ce premier tome comporte plus de 1000 pages dans l’édition que j’ai choisie: c’est trop lourd à porter pour si peu à découvrir!

Le deuxième tome gagne en qualité sur le point de la construction. Les flash-backs sous forme de réminiscence sont assez maladroitement amenés, mais ça donne du souffle à ce tome qui n’apporte, somme toute, rien de bien neuf. Il s’achève sur une révélation qui, pour ma part, n’a rien de fracassant. C’est à se demander si la lecture de ce deuxième tome était indispensable… Et je regrette les TROP nombreuses coquilles dans l’édition que j’ai choisie. Le troisième tome va retourner sous ma pile de livres…

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