Harry Potter et l’enfant maudit (édition de poche)

Pièce de théâtre de John Tiffany et Jack Thorne, d’après une histoire originale de J. K. Rowling.

J’ai déjà lu cette pièce, peu après sa sortie, dans la magnifique édition brochée. C’est avec plaisir que je découvre l’édition de poche, tout aussi belle avec ses dorures et sa première de couverture qui joue avec les matières.

J’ai relu la pièce et le plaisir est le même qu’à la première lecture : l’impression de retrouver un univers connu dans lequel il est si bon de se laisser glisser ! L’édition de poche est d’autant plus précieuse qu’elle propose des bonus passionnants, comme l’arbre généalogique d’Harry Potter qui permet d’y voir un peu plus clair chez les Weasley… Une chronologie résume brièvement les événements marquants de la vie de

 ! Enfin, John Tiffany et Jack Thorne se répondent dans une interview à deux voix et ils parlent de cinéma, de théâtre et d’imagination. « C’est une des raisons pour lesquelles je suis si passionné par le théâtre. Le cinéma a ses images assistées par ordinateur, mais nous, nous avons l’imagination des spectateurs. Tous les deux ont un pouvoir exceptionnel. » (p. 448) Magie, vous avez dit magie ? Oui, sans aucun doute : cette édition de poche va vous donner envie de ressortir votre cape de sorcier et votre baguette ! Qui sait, il n’est peut-être pas trop tard pour recevoir une lettre d’admission à Poudlard…

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Lady Oracle

Roman de Margaret Atwood.

Joan Foster a été une enfant obèse, une jeune fille cherchant à échapper à sa mère, une épouse très dévouée et une auteure à succès de romans à l’eau de rose, sous un nom de plume. Depuis toujours, elle cherche à maîtriser ou transformer sa vie. En vain puisqu’elle ne satisfait jamais aux exigences des autres ni aux siennes. « Ma mère était un vortex, une sombre vacuité, jamais je ne serais capable de la rendre heureuse. Ni personne d’autre. Peut-être était-il temps que j’arrête d’essayer. » (p. 340) Joan décide donc de disparaître pour se réinventer. « J’avais planifié soigneusement ma mort ; pas comme ma vie, dont les méandres défiaient mes faibles tentatives de contrôle. » (p. 4) Mais il n’est pas si facile de se faire oublier et d’effacer la personne que l’on a été.

Le roman s’ouvre sur cet aveu de fuite, puis remonte à rebours l’existence de cette malheureuse Joan. Son surpoids morbide avait des airs de protection et de provocation à l’encontre de sa mère, femme dont elle a toujours douté de l’amour. Ce n’est qu’auprès de sa tante Lou qu’elle trouvait un peu de tendresse, mais aussi qu’elle a découvert l’ésotérisme et l’écriture automatique qui la conduira, adulte, à rédiger Lady Oracle, succès phénoménal dans le monde du féminisme et de l’occultisme. Quand elle quitte enfin le Canada, elle espère trouver un refuge sur le vieux continent. « Je cherchais une ville où déménager, où je serai libre de ne pas être moi-même. Je ne voulais rien de trop différent ni même d’étonnant. Je voulais juste m’intégrer quelque part sans être connue. » (p. 144) Mais elle tombe rapidement sous la coupe du comte polonais, puis sous celle d’Arthur, militant exalté qui ne sait rien de ses activités d’écrivain. Patiente et résignée, elle accepte de son mieux ce que la vie lui offre. « Si vous vous trouvez coincée dans une situation dont vous ne pourrez vous tirer gracieusement, autant prétendre que vous l’avez choisie. Sinon vous aurez l’air ridicule. » (p. 155) Joan est cependant hantée par des rêves et des visions de ce qu’elle est ou était et elle se perd dans les contours mouvants et mal définis de son identité. « D’accord, j’avais deux vies, mais certains jours de cafard, j’avais l’impression qu’aucune d’entre elles n’était totalement réelle. » (p. 224)

Un roman de Margaret Atwood, c’est toujours le gage d’une écriture fine et exigeante et d’un portrait de femme forte et complexe. Hélas, la toute fin de ce roman m’a vraiment déçue, faisant retomber toute la tension comme un soufflé. Envie de dire « Tout ça pour ça ? » Vraiment dommage, car ce roman était excellent jusqu’aux dernières pages. Ou peut-être n’ai-je pas compris le sens profond de ces dernières… Si vous avez lu ce roman, j’attends votre interprétation !

De Margaret Atwood, je vous recommande chaudement La servante écarlate ou C’est le coeur qui lâche en dernier.

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Potins #4

Charlotte Brontë est une autrice anglaise née en 1816 et décédée en 1855.

POTIN – Elle a longtemps tenu tête à son père afin d’obtenir la permission d’épouser Arthur Bell Nicholls.

Lisez : Jane Eyre, Le professeur, Shirley.

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Kenilworth

Roman de Walter Scott.

Résumé – Robert Dudley, favori d’Élisabeth Ire, est partagé entre une ambition dévorante et son amour pour Amy Robsart. Il épouse en secret cette dernière. Mais la jeune femme supporte mal d’être tenue recluse dans un manoir. Elle s’enfuit. Elle gagne le château de Kenilworth, où son mari s’apprête à recevoir la reine.

Pas de quatrième de couverture, mais un résumé trouvé sur Wikipedia qui ne semble pas trop déflorer l’histoire. Et je signe avec ce roman mon premier abandon de l’année. J’ai commencé à lire ce roman en décembre. J’ai essayé et réessayé. J’ai fait des pauses, j’ai pris d’autres romans. Mais il a bien fallu que je me rende à l’évidence : je n’ai pas accroché. Et pourtant, l’histoire était séduisante. Mais la mise en place est longue comme un jour sans fromage (oui, j’adapte les expressions selon mes goûts) ! Je ne sais pas si cela tient à la traduction que j’avais, mais j’ai trouvé le style lourd et indigeste. Je suis certaine qu’il est possible de traduire un roman du 19e siècle dans une langue fluide et agréable et sans perdre la densité du texte original.

Bref, tant pis, je retenterai peut-être une autre traduction de ce roman, ou un autre texte de l’auteur. Et j’ai tout de même très envie d’aller visiter Kenilworth et son château !

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Potins #3

Yann Le Pennetier est un scénariste français de bande dessinée né en 1954.

POTIN – Il n’apprécie pas les interviews, en donne très peu et, quand il consent à répondre à des questions, il ne cache jamais à quel point cela l’ennuie et l’agace.

Lisez : La série consacrée à Odilon Verjus.

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Madeleine Project

Texte de Clara Beaudoux.

Quatrième de couverture – « Elle s’appelait Madeleine, elle aurait eu 100 ans en 2015. Je m’appelle Clara, j’ai 31 ans. Nous ne nous sommes jamais connues pourtant nous partageons le même appartement, ou du moins l’avons-nous partagé à différentes époques. Madeleine y avait vécu vingt ans. Elle est morte un an avant que je ne m’y installe, l’appartement avait été entre-temps refait à neuf. Interstice préservé de l’oubli, la cave avait été abandonnée en l’état. J’y ai découvert, après en avoir scié le verrou, rangée, empaquetée dans des cartons, la vie de Madeleine, objets, photographies, lettres. Je m’y suis plongée. » Clara décide alors de mener l’enquête et de la partager sur Twitter. Qui était Madeleine ? Comment a-t-elle vécu ? Qui a-t-elle aimé ? Roman du réel, reportage photo, ce livre 2.0 réunit les quatre saisons du Madeleine Project.

Twitter est-il un format qui se prête à la création ? Est-ce un format littéraire ? Il semble bien que oui. En 140 caractères (oui, nous sommes avant la mise à jour et le passage à 280 caractères), avec ou sans photo, vidéo ou lien, Clara Beaudoux propose un texte étrange, hybride, à cheval entre le récit de voyage, la biographie, le documentaire historique, l’exhumation d’archives et l’enquête journalistique. « J’ai compris qu’une contrainte formelle peut pousser non seulement au mot juste, mais aussi à la créativité. Comment la contrainte de 140 signes est une contrainte stylistique comme une autre. » (p. 256) Plongée jusqu’aux coudes dans un bazar qui semble infini, elle recompose patiemment le puzzle d’une identité qui n’existe plus que dans des lettres, quelques photos et une montagne de choses abandonnées. « À la recherche (non pas du temps perdu) mais d’un temps vécu, de fragments d’une mémoire traversée par l’Histoire. » (p. 6) Face à l’intimité d’une existence offerte, il est difficile de trouver sa place ou le ton à employer. Le respect doit-il l’emporter sur la curiosité ? L’émotion doit-elle primer sur l’enthousiasme ? « N’y avait-il pas quelque chose de paradoxal à tenter de sauvegarder une mémoire avec un outil si volatil ? » (p. 458)

Clara Beaudoux rencontre les anciens voisins, quelques membres de la famille de Madeleine et d’anciens collègues ou élèves. Cela l’aide à comprendre ce qu’elle trouve dans la cave, à comprendre Madeleine. « J’ai pu combler certains vides, sur ta vie, laissant de moins en moins place à la fiction. » (p. 630) Le #MadeleineProject devient international, fort d’un succès inattendu. C’est une histoire un peu folle, une aventure humaine et sociale, une très belle rencontre. « Voilà mon seul regret : ne pouvoir échanger avec toi autour d’un thé, pour savoir ce que tu aurais pensé de tout cela. » (p. 632)

J’avais vaguement suivi le #MadeleineProject sur Twitter. J’ai donc découvert avec intérêt la publication en un ouvrage des quatre saisons de ce projet innovant et insolite. Si vous aimez l’histoire, mais aussi les portraits des petites gens, ou encore les réflexions sur l’écriture, le passage du temps, l’amour et la solitude, n’hésitez pas, ce livre est fait pour vous.

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Un amour d’espion

Roman de Clément Bénech.

Pour aider son amie Augusta, le narrateur accepte de passer plusieurs mois à New-York pour filer Dragan, l’ex petit ami roumain de la jeune femme. « Figure-toi que j’ai des raisons de croire que c’est un assassin. » (p. 15) Il y a en effet un internaute sous pseudo qui accuse Dragan de ce crime terrible sous tous les articles que ce dernier publie dans les revues d’art pour lesquelles il travaille. Pendant plusieurs mois, dans la ville tentaculaire, le narrateur tente de percer le mystère de Dragan. « Mon rôle était simple. Je devais découvrir s’il avait tué quelqu’un, et le cas échéant qui et comment. » (p. 114) Il remonte diverses histoires amoureuses et personnelles et convoque le spectre du régime de Ceaucescu.

C’est avec un talent infini que le jeune auteur explore la littérature et la réinvente à l’aune des usages de la société contemporaine. Les échanges sur Facebook sont une nouvelle forme de dialogue, très dynamique, qui tient à la fois de l’échange informel et de la réplique théâtrale. Quant aux photographies – portraits ou paysages –, elles remplacent les descriptions et sont la forme moderne du réalisme : pas d’approximation ou de périphrases quand ce qui doit être vu est donné à voir. La rencontre amoureuse – événement ô combien codifié – a eu lieu sur Tinder. Et le coup de foudre, autre incontournable du registre romantique, est en fait un « match » obtenu par deux coups de pouce dans le même sens. Le romantisme est-il mort ? Non, il s’est modernisé, numérisé et même digitalisé puisque le premier contact est désormais tactile, et qu’importe s’il se fait par écran interposé. Le poncif romanesque des amours contrariées qui finissent bien est ici dépoussiéré, pulvérisé et remis à neuf.

Clément Bénech pratique avec bonheur l’exercice souvent périlleux des récits enchâssés. Le récit/futur roman du narrateur contient le récit d’Augusta qui contient celui de Dragan, et l’on passe d’un niveau à l’autre sans rupture ni décrochage brutal. En outre, l’auteur pratique un humour moderne, preuve qu’il a compris son époque et s’en moque avec bienveillance. « Donc toi, quand tu fais mariner un peu un mec sur Tinder, il quitte sa copine pour toi. / Pas toujours. / Tu me rassures. » (p. 57) Mêlant formes classiques et formes modernes, l’auteur impulse un souffle neuf bienvenu dans la littérature du 21° siècle. Brillante trouvaille que cette liste de spams et autres fenêtres pop-up qui envahissent l’espace de lecture numérique ! Elle est aussi fascinante qu’agaçante parce qu’elle est terriblement pertinente : ces réclames tonitruantes ne sont-elles pas autant d’intrusions dans nos vies, surtout si elles sont ciblées et semblent tout connaître de nos goûts et dégoûts ? Ces publicités intempestives constituent une nouvelle forme de discours très codifiée et pourtant si facile à décliner dans un exercice calligrammatique ou de style à la Raymond Queneau. Il faut sans aucun doute l’enseigner dans les ateliers d’écriture !

Au détour d’une photographie apparaît soudain Ina Mihalache, alias Solange sur YouTube, amie de l’auteur IRL. Et voilà que s’impose plus que jamais une question : ce roman est-il une histoire vraie ? Beaucoup d’indices le laissent supposer, comme la passion commune du narrateur et de l’auteur pour le basket. Et quiconque suit le Tumblr de Clément Bénech sait qu’il a passé plusieurs mois à New-York récemment. Alors, récit autobiographique ou fiction ? Je ne m’attarde jamais longtemps à démêler cette énigme quand elle se présente dans mes lectures. Sans doute parce que depuis ma lecture adolescente des Confessions, j’ai compris que tout récit autobiographique n’est qu’une reconstruction largement infidèle du réel, mais aussi parce que toute fiction se nourrit du réel à défaut de l’imiter parfaitement. S’il fallait vraiment le catégoriser, je dirais qu’Un amour d’espion est un roman d’amour, un roman d’espionnage et un roman social. Et si c’est encore trop flou pour vous, lisez ce livre et vous verrez qu’il est bien plus que cela.

J’avais beaucoup apprécié le premier roman de Clément Bénech, L’été slovène, et je vais sans attendre me procurer Lève-toi et charme, son deuxième opus. Parce qu’il est hors de question de passer à côté de la moindre manifestation de cet auteur bourré de talent !

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Potins #2

Enid Blyton est une autrice anglaise née en 1897 et décédée en 1968.

POTIN – Ses relations avec ses parents étaient détestables et elle n’a assisté aux funérailles d’aucun des deux.

Lisez : Félicie la souris et TOUTE la série consacrée à Jojo Lapin ! Jojo Lapin et la carotte magique, Les bons trucs de Jojo Lapin, Jojo Lapin joue à cache-cache, Jojo Lapin chez Maître Renard et Jojo Lapin se rebiffe.

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Je m’appelle Lucy Barton

Roman d’Elizabeth Strout.

Lucy Barton est hospitalisée pour une maladie que personne ne parvient à identifier. Loin de son époux et de ses filles, elle s’ennuie et craint de ne jamais guérir. L’arrivée de sa mère dans sa chambre d’hôpital change beaucoup de choses. Alors que les deux femmes avaient presque perdu tout contact, elles renouent une relation mère-fille et retrouvent une façon de communiquer, de se parler et de se comprendre. Peu à peu, des souvenirs refont surface : l’enfance pauvre dans l’Illinois, l’émancipation euphorique à New York, le mariage et la maternité, les débuts d’écrivain. À cela s’ajoutent le terrible spectre du SIDA et un profond sentiment de solitude, part intégrante de son identité. Lucy Barton sait aussi reconnaître les personnes qui l’ont aidée à grandir, voire à survivre : un médecin compatissant, une infirmière efficace, un artiste qui a reconnu son travail, etc. Au fil de son récit, nourri de détails et d’anecdotes qui font tout le sel d’une existence, Lucy Barton dresse son portrait intime et révèle ses fragilités.

Elizabeth Strout est l’auteure d’Olive Kitteridge dont l’adaptation en minisérie, avec Frances McDormand dans le rôle-titre, m’avait émue aux larmes. Ici, avec ce nouveau portrait de femme, elle n’a pas su me toucher. Je n’ai éprouvé aucune empathie pour Lucy Barton que j’ai souvent trouvée geignarde. Le rythme lénifiant n’aide pas et c’est donc un ennui vague et un peu coupable que j’ai éprouvé tout au long de ma lecture. Je retiens cependant une phrase qui m’a percutée. « Je m’intéresse à la façon dont on peut se sentir supérieur à quelqu’un d’autre ou à un autre groupe de gens. Ça arrive partout, tout le temps. Quel que soit le nom qu’on donne à ce besoin de trouver quelqu’un à rabaisser, je le considère comme ce qu’il y a de plus vil en nous. » (p. 108)

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Le crime du comte Neville

Roman d’Amélie Nothomb.

Depuis qu’une voyante lui a annoncé qu’il tuerait un de ses invités lors de sa fameuse garden-party annuelle, le comte Neville a perdu le sommeil. « Pourquoi a-t-on inventé l’enfer alors qu’il existe l’insomnie ? » (p. 47) À cela s’ajoutent les frasques de sa benjamine, Sérieuse, qui lui fait une étrange demande, mais également la ruine qui menace le château familial. « T’habiter, ce n’est pas vivre, c’est te défendre : te défendre comme des assiégés défendent une citadelle. » (p. 50) Neville sait que la garden-party qu’il organise sera la dernière, d’une part parce qu’il est sur le point de perdre son château, d’autre part parce que ça ne se fait pas de tuer un invité. Mais qu’à cela ne tienne, si cette fête doit être l’ultime et s’achever dans le sang, qu’elle soit grandiose !

Fulgurant, éclatant, drôle et grinçant ! J’ai vraiment apprécié cette lecture et la fin primesautière et délicieuse y est pour beaucoup ! Et quel plaisir de trouver des références à Oscar Wilde, Anton Tchekhov, à la Bible ou encore à la mythologie grecque !

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Potins #1

Philippe Claudel est un auteur français né en 1962.

Si j’apprécie son œuvre ? L’un des premiers articles de ce blog porte sur un de ses romans…

POTIN – Il n’est en rien apparenté à l’auteur Paul Claudel ou à l’artiste Camille Claudel.

Lisez : Le rapport de Brodeck, Les âmes grises, De quelques amoureux des livres, J’abandonne, L’enquête, Le monde sans les enfants, Le paquet, La petite fille de Monsieur Linh, Meuse l’oubli, Parfums, Jean-Bark, Le bruit des trousseaux, Petite fabrique des rêves et des réalités, Le café de l’Excelsior, Au revoir Monsieur Friant, Quelques-uns des cent regrets, Parle-moi d’amour, L’arbre du pays Toraja, Le lieu essentiel (entretien avec Fabrice Lardreau), Inhumaines, L’archipel du chien, Compromis, Trois nuits au palais Farnese, Les petites mécaniques, Barrios Flores, petite chronique des oubliés, Fantaisie allemande, Nos si proches orientsCrépuscule, Trois petites histoires de jouets, Rature, Wanted et tous les autres textes de l’auteur !

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Potins #0

Je vous l’ai annoncé la semaine passée : j’arrête les billevesées.

(Rangez vos mouchoirs, ça n’en vaut pas la peine. Sauf si vous êtes enrhumés. Dans ce cas-là, mouchez-vous. Mais ne chouinez pas.)

Ce n’est pas peut-être pas définitif. J’ai encore tant de choses inutiles à vous raconter.

Mais j’ai envie d’autre chose pour le moment.

Et réjouissez-vous, dans un sens, les potins auront quelque chose de la billevesée.

Chaque dimanche, je vous raconterai un fait plus ou moins insolite sur un auteur ou une auteure.

(Oui, on va parler de littérature sur ce blog, étonnant ?)

Je ne parlerai que d’auteurs et auteures déjà lu(e)s sur mon blog. Comme ça, mine de rien, je pourrai glisser un ou deux liens vers des articles déjà rédigés… (Un peu d’auto-référencement ne fait jamais de mal…)

Enfin, je pratiquerai la parité la plus stricte : femme et homme seront également représentés, dans une alternance parfaite.

En espérant retrouver beaucoup d’entre vous, je vous donne rendez-vous dimanche à la même heure pour le premier potin !

Le potin n’est pas seulement une information plus ou moins vérifiée transmise par le bouche à oreille, c’est aussi le nom donné à différents alliages de métaux : la couleur du potin indique les métaux dont il est composé. (Alors, billevesée ?)

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Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens

Essai de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois.

« Manipulation, le mot peut faire peur. » (p. 5) Ou comment amener une personne ou un groupe de personnes à faire exactement ce qu’on attend d’elle ou de lui… « Il n’est guère, en effet, que deux façons efficaces d’obtenir de quelqu’un qu’il fasse ce qu’on voudrait le voir faire : l’exercice du pouvoir (ou des rapports de force) et la manipulation. » (p. 8) Les auteurs nous présentent une certaine Madame O. à qui il arrive des mésaventures qui toutes s’expliquent en examinant différentes techniques de manipulation, subies ou autoappliquées. Tout repose sur le principe d’engagement, qui dans un sens s’apparente à celui de l’engrenage : une fois que l’on est engagé, il est très difficile d’arrêter la machine. Et la manipulation fonctionne à merveille ! « L’émission en toute liberté d’un acte peu coûteux rend plus probable l’émission ultérieure d’actes plus coûteux qui s’inscrivent dans sa continuité. » (p. 65) Sans le savoir, nous nous manipulons nous-mêmes, ou plutôt nous manipulons notre perception des choses et des situations pour que cela colle à ce que nous souhaitons voir ou accepter.

Nombreux sont les phénomènes à l’œuvre sans que nous en ayons conscience, au niveau personnel, politique, international. Les auteurs présentent les techniques du pied-dans-la-porte, de la porte-au-nez, du pied-dans-la-bouche ou encore du pied-dans-la-mémoire. Tout cela semble très barbare, mais c’est finalement très simple à comprendre et, en tant que lecteur, il est facile de trouver des dizaines d’exemples dans notre propre vie pour illustrer ces techniques. Et comprendre que nous avons été manipulés ! Mais concrètement, cette manipulation s’est-elle faite à notre désavantage ? Avons-nous été véritablement lésés, trompés, volés ? Pas si sûr… « Oui, sauf à être perçue comme telle, la manipulation satisfait tout le monde ! » (p. 10) Existerait-il donc des vertus à la manipulation ? Pour le savoir, lisez cet essai dont la version augmentée offre une réflexion approfondie, mais toujours très accessible. Et je suis certaine que vous retiendrez deux ou trois « trucs » pour manipuler votre entourage, en tout bien tout honneur, cela s’entend !

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Billevesée #314

Là encore, je prends de l’avance, mais c’est moi qui décide.

BONNE ANNÉE 2018 !

Ou Hoppy New Year, comme disent les lapinous !

Et je glisse en vitesse comme ça, l’air de rien, que ceci est ma dernière billevesée…

Il se peut que je vous propose autre chose dimanche prochain…

Alors, billevesée ?

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Point cardinal

Roman de Léonor de Récondo.

Au fond de Laurent, il y a Mathilda. Une femme. La femme qu’il se sait être depuis toujours. Depuis peu, il trouve le courage de devenir Mathilda, le temps d’une heure, loin des regards de ceux qui partagent sa vie. Mais il lui faut toujours revenir à sa vie. « Révolté d’avoir arraché ses habits de lumière, Laurent retourne à l’ombre. […] Lui restera le mensonge. » (p. 11) Solange, Thomas et Claire, son épouse et ses enfants, ne savent rien de tout cela. Et Laurent mène une vie apparemment normale, classique, voire banale. « Laurent n’a jamais évoqué Mathilda. Ce problème – car cette femme en lui en est un – est le sien, et uniquement le sien. » (p. 26) Jusqu’au jour où Mathilda s’impose et réclame la place qui lui est due. Tout change alors : Laurent doit faire face à ses proches, affronter leur incompréhension, voire leur dégoût. Et il bataille avec lui-même pour comprendre sa propre identité. « Comment réunir ma peau d’homme avec la femme que suis à l’intérieur, ses formes, son esprit, ses désirs ? » (p. 61) Il sait que pour être complètement honnête avec lui-même, il devra en passer par la transformation ultime, celle qui fera de son corps le véritable véhicule de son identité. « Un jour, il faudra que je me ressemble. » (p. 61)

Ce court roman est très beau et très délicat. S’il expose avec franchise un sujet complexe, il ne verse pas dans le voyeurisme. La question de l’identité est centrale et renvoie finalement à la construction intrinsèque de tout personnage de roman. Le manichéisme et la dichotomie ne sont pas de mise : être n’est jamais simple et chaque portrait peut se voir sous des angles différents. « Si je ne me suis jamais senti homme, je me suis toujours senti père. » (p. 66) Si le cheminement intérieur de Laurent est troublant et touchant, j’aurais préféré qu’on s’attarde auprès de Solange et des enfants, car le destin de Laurent est finalement tout entier compris dans les premières pages. C’est moins évident pour ses proches qui doivent reconstruire leur propre identité et retrouver leur place dans la famille à l’aune du changement qui touche un de ses piliers. « Que reste-t-il de moi alors qu’il devient quelqu’un d’autre ? » (p. 91) Ce roman m’a beaucoup rappelé le très beau film Laurence Anyways que je ne peux que vous conseiller. Et je vous laisse avec cette dernière phrase, à méditer. « Doit-on être ce que voient les autres, être tel qu’on nous a aimés ? » (p. 114)

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La chatte sur un toit brûlant

Pièce de théâtre en trois actes de Tennessee Williams.

Brick en veut à son épouse Margaret : pour lui, elle est responsable de la mort de Skipper, son meilleur ami. Mais la jeune femme refuse cette accusation et veut retrouver l’amour de son mari. « On est plus solitaire avec un homme qu’on aime et qui ne vous aime pas que si l’on vit toute seule. » (p. 99) Elle veut aussi faire barrage à son beau-frère et à son épouse qui, avec leur tripotée de marmots, voudraient faire main basse sur la fortune du Grand-Père. Le vieil homme est persuadé d’avoir échappé au cancer, mais regrette de ne pas avoir mieux profité de la vie.

Attention, soirée explosive ! Venez assister au bal des hypocrites, des indiscrets, des aigris, des jaloux, des rancuniers, des avides et des tristes ! Les portes claquent, les mots blessent et personne ne se gêne pour annoncer tout haut ce qu’il attend vraiment. Au moment de la répartition finale, reste à savoir qui obtiendra quoi.

On est ici très loin de la comédie de boulevard à la française. Ici, c’est plutôt drame antique dans la chaleur étouffante du Sud américain. Ce n’est pas de tout repos, ni pour les nerfs ni pour les oreilles. Âmes sensibles, pensez à prendre un éventail et un tonique !

De Tennessee Williams, j’avais déjà vu et lu et adoré Un tramway nommé désirSi les romances mièvres vous laissent froid, jetez un oeil du côté de cet auteur sulfureux !

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Billevesée #313

Cette billevesée est facile facile facile ! Pas besoin de réfléchir !

(Oui, je sais, c’est demain, mais bon, ça tombe bien et pis c’est les vacances et j’ai des gâteaux à faire cuire, alors je prends de l’avance…)

JOYEUX NOËL !

Bon, OK, pour la forme…

Alors, billevesée ?

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Éclats de sel

Roman de Sylvie Germain.

Ludvik vient de quitter son ancien professeur, Joachym Brum, un entêté qui a décidé du jour de sa mort. Auprès de cet homme, Ludvik a appris bien des choses, mais depuis longtemps il traîne une indifférence morne : il ne voit plus le mystère des choses. « Il manquait à Ludvik cet élan, cette inépuisable générosité que seul octroie l’oubli de soi. Plus l’oubli est profond, plus le cœur est prodigue. Ludvik était simplement las de lui-même, et donc de tout et de tous. » (p. 21) Le lecteur découvre peu à peu la vie de cet individu : il est revenu dans son pays après 11 ans d’exil volontaire, d’une part pour vivre le renouveau de sa patrie, mais surtout pour échapper à la blessure d’un amour malheureux. « Il montait en chute libre dans le désert de l’amour même. » (p. 29) Il effectue donc un exil à rebours : il quitte la femme perdue pour le pays retrouvé, mais il n’est en rien un enfant prodigue, ne retrouvant pas sa place et ne se sentant pas accueilli avec chaleur. « Il était repu de liberté, mais infirme d’idéaux, et amèrement insatisfait de l’être. » (p. 27) Rien ne l’intéresse désormais que la traduction d’un ouvrage hanté par la figure de Rabbi Loew. Mais alors qu’il croise d’étranges personnages au gré de ses pérégrinations et qu’il écoute leurs récits abscons et douloureux, il retrouve en lui une étincelle qui n’est autre que le goût, le sens et la conscience de la vie en tant que chose à expérimenter et à savourer, pas seulement en tant que matière à penser.

Le sel est ici la valeur de la vie, sa saveur et son éclat. « Le sel ! Feu délivré des eaux, grain de pure lumière extrait des antres de la terre. » (p. 62) En cristaux, en grains, en fleurs ou en larmes, le sel a une dimension mythique, biblique. Elle transfigure celui qui en consomme et celui qui en offre. Cet or cristallin se mérite et Sylvie Germain en fait une nouvelle offrande christique. Je ne me lasse pas de la puissance et de l’émotion qui se dégagent du style de cette auteure. Elle parle du chagrin avec la voix de ceux qui l’ont éprouvé au fond d’eux et le portent comme une part d’eux-mêmes. « Que savons-nous d’ailleurs des pleurs cachés des uns et des autres ? Rien ! Et des larmes des anges qui boitent dans nos ombres de pécheurs désinvoltes ? Moins que rien ! Quant aux larmes que Dieu verse au plus secret de sa solitude, nous en ignorons tout ; au mieux nous les nommons silence, au pire, nous les taxons de mutisme. » (p. 136)

Enfin, je ne répéterai jamais assez la beauté que je trouve aux voyages en train : dans ce roman, ils ouvrent et ferment l’intrigue, comme des rideaux de théâtre se mouvant sur le rail. Les trois coups y sont sifflés par le chef de gare. Sur la première de couverture de l’édition de poche, le portrait est une parfaite illustration du texte. Je ne sais pas vraiment l’expliquer. C’est peut-être le regard de cet homme, cette démarche qui fuit le cadre, cette résignation triste. La photo est une œuvre de Tadeusz Kluba, et elle est belle, tout simplement.

Lisez Sylvie Germain, laissez-vous emporter par Immensités, Jours de colère, Le livre des nuits ou encore La pleurante des rues de Prague.

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Des fleurs pour Algernon

Roman de Daniel Keyes.

Charlie Gordon est un adulte attardé. Mais entre son emploi dans une boulangerie et les cours adaptés qu’il suit à l’université, il est heureux et entouré d’amis. Il accepte cependant de participer à une expérience scientifique pour améliorer son intelligence. Des résultats sont déjà concluants après les tests menés sur Algernon, une souris de laboratoire. « Après l’opérassion, je m’eforcerai d’être un telijen. De toutes mes forces. » (p. 11) À la suite d’une intervention sur son cerveau, Charlie fait des progrès stupéfiants. Il apprend vite et s’intéresse à tout. Rapidement, il maîtrise plusieurs langues et des sujets très complexes. « Je n’avais jamais senti avant que j’étais plus bête qu’une souris. » (p. 18) Hélas, il constate que les gens qu’il connaissait changent, deviennent méfiants et craignent sa nouvelle intelligence. Remontent également du passé des souvenirs oubliés : la mère de Charlie n’a jamais accepté que son fils soit différent. Charlie a parfaitement conscience de son handicap passé et remet en doute tous les liens qu’il avait noués, accusant les autres de s’être servis de lui. « Je suis aussi loin d’Alice avec mon Q.I. de 185, que je l’étais lorsque j’avais un Q.I. de 70. Et cette fois-ci, nous le savons tous les deux. » (p. 89) Incapable d’avoir des relations normales, Charlie est difficile à vivre. Et c’est pire quand il remarque qu’Algernon présente des signes de régression et de dégénérescence. Se sachant profondément lié à la souris, Charlie tente de comprendre en quoi l’expérience a échoué et comment l’améliorer, avant qu’il ne soit trop tard.

Pendant les premières pages, mes yeux ont saigné… Charlie tient le compte-rendu de ses progrès. Au début, il écrit sans maîtriser l’orthographe et la grammaire, ce qui donne des pages difficilement lisibles et supportables pour une grammar-nazie dans mon genre. Mais à mesure qu’il développe ses capacités intellectuelles, tout s’améliore, jusqu’à la fin où tout bascule à nouveau. Mais c’est un détail de forme. Le fond de ce roman est très réussi et formidablement émouvant. La prise de conscience de Charlie est troublante, même vue de l’extérieur. Les références à la Bible sont nombreuses et pertinentes. En accédant à la connaissance, Charlie perd l’innocence et la confiance qu’il accordait si facilement : désormais, il voit tout et comprend tout, ce qui le peine et entrave sa relation au monde. « L’intelligence et l’instruction qui ne sont pas tempérées par une chaleur humaine ne valent rien. » (p. 176) Quand il cherche enfin à échapper au laboratoire et à l’expérience, et aussi de sauver Algernon, il sait qu’il est à court de temps. Ses derniers comptes rendus sont poignants : il oublie en sachant qu’il a été intelligent, ce qui est bien plus douloureux que de ne rien savoir et ne pas en avoir conscience. « Il faut que je m’efforce de garder en moi un peu de ce que j’ai appris. Je vous en prie, mon Dieu, ne me retirez pas tout. » (p. 203) Si j’avais lu ce roman plus jeune, nul doute qu’il figurerait aujourd’hui parmi mes romans préférés au monde. Ce n’est pas le cas, mais cela reste une très belle lecture.

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Billevesée #312

Un matricule est un numéro attribué dans différentes situations.

Ce qui nous intéresse ici, c’est son étymologie. Je sais, c’est surprenant de ma part…

Le mot vient de « matricula » qui signifie « registre » en latin, dérivé métaphorique de « mater ».

Alors, billevesée ?

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La bataille des grenouilles et des souris

D’après un récit d’Homère, adapté par Daniele Catalli et Claudio Malpede.

Une dispute éclate entre une grenouille et une souris pour l’accès à un point d’eau et un malheureux incident déclenche un conflit sanglant entre le peuple de la mare et le peuple de la terre. « L’herbe prit peu à peu une couleur vermeille. » (p. 31) Rapidement, l’escalade d’honneur et de vengeance révèle l’inutilité et vanité de la guerre qui se résume à un massacre. Placidus Dumarais et Creusefromage, champions des deux camps, s’affrontent en un combat final. « De qui défendons-nous l’honneur ? Un de nous survivra aujourd’hui, mais rappelle-toi, personne ne survit vraiment à la guerre. » (p. 37) L’amertume de la victoire rend bien vaines toutes les pertes du champ de bataille.

Que voilà un très bel album, avec sa couverture toilée comme ceux de mon enfance ! Les illustrations sont faites au crayon et à l’aquarelle et regorgent de détails vifs et dynamiques. Mais la grande beauté de cet album réside dans ses pages découpées : la dentelle de papier révèle les horreurs à venir et la dernière page, ornée de trous ronds, semble marquée de larmes. Le seul reproche que je peux adresser à ce livre est la délicatesse des pages qui ne sont pas à mettre entre des mains impatientes d’enfant curieux. C’est un album à manipuler avec précaution pour ne pas froisser, déchirer ou arracher les dentelures des pages.

Je suis toujours friande des reprises et adaptations des textes antiques. Ici, en peu de mots, mais avec des scènes frappantes, le jeune lecteur comprend le sujet et est invité à y réfléchir. Cet album est une vraie réussite, un bel ouvrage à faire connaître.

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Tout est sous contrôle

Roman de Hugh Laurie.

Tout commence avec une bagarre bien burnée, à grand renfort de bras tordus et de coups de poing tous azimuts. « Je l’ai frappé parce qu’il a essayé de me tuer. Je suis comme ça. » (p. 15) Entre ensuite une femme. Suivent des menaces adressées au père de la dame. Et…

Et rien. J’ai refermé le livre au bout de 60 pages. L’humour viril et potache n’est pas déplaisant et l’intrigue semble savoir où elle va. Mais j’ai senti que ça ne collerait pas. Et l’argument « Mais c’est écrit par l’acteur vedette de Docteur House » était clairement insuffisant pour me faire rester !

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Billevesée #311

Par déformation, dire d’une chose qu’elle ne semble pas très catholique, cela signifie qu’elle manque de religion ou de morale.

Mais en grec, le sens premier de l’adjectif « katholicos » est « général » ou « universel ».

L’Église s’est ensuite employée à associer l’idée d’universalité et l’idée de religion, à son avantage évidemment.

Alors, billevesée ?

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Otages intimes

Roman de Jeanne Bénameur.

Étienne est photographe de guerre. Il a été enlevé. Il est désormais un otage relâché. Dans l’avion qui le ramène en France, puis dans la vieille maison de sa mère, il cherche de quoi est constituée la liberté et comment la retrouver. « Captif dès qu’il est en présence des autres. C’est dans les veines, c’est dans le sang maintenant ? Jusqu’ici ? » (p. 56) Irène, sa mère, l’a attendu en silence dans son jardin, aux côtés d’un piano devenu muet. « Toute sa vie, elle luttera contre la peur sourde de qui a voué un être au temps. » (p. 46) Son ancienne compagne Emma achève encore de briser le lien qui le relie à cet homme insaisissable et toujours parti. Ses amis Enzo et Jofranka ont continué leurs vies, un peu lestées de l’incertitude entourant leur ancien camarade de jeux. Il ne suffit pas qu’une porte s’ouvre et qu’un bandeau tombe pour que la vie reprenne. « Quelque chose en lui veut aller jusqu’au bout de tout ce que cette prise d’otage a entamé en lui. » (p. 118)

Je découvre Jeanne Bénameur avec ce roman et me voilà bouleversée par une plume sensible, vibrante, émouvante et puissante. Une merveille. Un trésor. En peu de mots, mais toujours justes et précis, elle rappelle que nous sommes tous l’otage de quelqu’un ou de quelque chose. Parfois nous sommes consentants.  Parfois nous sommes confinés. Parfois nous sommes notre propre prison.

Impossible de ne pas penser à la bande dessinée de Guy Delisle, S’enfuir : les deux œuvres se répondent sur bien des points. Et je vous laisse avec deux extraits qui parlent d’universel et d’intimité.

« Quand franchit-on le seuil de l’inhumain ? Ceux qui ont tué violé massacré, par quoi leur pensée d’homme était-elle prise en otage ? » (p. 73)

« Oh mon fils tu ne sauras jamais tout ce qui a étreint mon cœur. Les fils ne savent pas ce que vivent les mères. J’ai vécu en fonction de toi en croyant être libre. » (p. 102)

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C’est le cœur qui lâche en dernier

Roman de Margaret Atwood.

Les États-Unis ont été frappés par une terrible catastrophe économique. Charmaine et Stan sont contraints de vivre dans leur voiture après avoir perdu leurs emplois et leur maison. Quand ils découvrent le projet Positron, ils pensent que leurs ennuis sont finis. Le projet autonome et autosuffisant rassemble les villes voisines de Positron et Consilience, derrière des barrières que l’on ne franchit que dans un sens. Un mois sur deux, les habitants vivent en prison, puis rejoignent une confortable maison dans la vie civile. « Tout le monde paraît très heureux : quand on a deux vies, il y a toujours la perspective d’autre chose. » (p. 58) Chaque maison et chaque cellule est occupée par un couple d’Alternants, avec lesquels il est interdit d’avoir des contacts. Mais Charmaine et Stan vont outrepasser la règle, à leurs risques et périls. « Faut-il que les choses aillent mal pour qu’elle en vienne à regretter le temps où ils vivaient dans la bagnole ! » (p. 255)

Je n’en dis pas davantage pour ne pas déflorer toute l’intrigue foutrement bien construite par Margaret Atwood. Vous vous en doutez, l’utopie va tourner court et le paradis devient rapidement un piège. Il est question de robots, de trafics d’organes, d’opérations médicales fort peu éthiques, d’Elvis et de Marilyn, d’ours en peluche bleu. « Imagine que tu puisses customiser un être humain par le biais d’une intervention cérébrale. » (p. 211) Si le modèle politique est largement contesté, l’autrice s’interroge surtout sur l’amour, la véracité des relations et la valeur que l’on accorde à la liberté. Cette dystopie est cruelle, mais il est jouissif de lire les mésaventures des protagonistes. Sadique, moi ?

Margaret Atwood sait y faire avec les dystopies. Dans La servante écarlate, elle proposait une vision très sombre de l’humanité. Avec C’est le cœur qui lâche en dernier, la vision n’est pas plus lumineuse, mais elle est décomplexée, férocement drôle. Si vous avez le cœur bien accroché, n’hésitez pas et lancez-vous dans cette lecture !

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Billevesée #310

Il y a des expressions qui me font toujours sourire.

L’une d’elles est « noyer le poisson ».

C’est drôle, non ?

Allez, un petit effort : on sollicite ses zygomatiques et on se marre !

Alors, billevesée ?

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1er décembre 2017

Je ne me foule pas sur le titre et le contenu du billet.

C’est juste un message d’amour à la meilleure partie de moi, j’ai nommé mon frère jumeau !

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Chanson douce

Roman de Leïla Slimani.

Après la naissance de Mila et d’Adam, Myriam souhaite reprendre son travail d’avocate et s’épanouir en dehors du nid familial. Avec son époux, Paul, elle cherche la gardienne parfaite pour leurs enfants. « Cette nounou, elle l’attend comme le Sauveur, même si elle est terrorisée à l’idée de laisser ses enfants. » (p. 15) Arrive Louise : discrète, efficace, omniprésente, indispensable, elle prend rapidement de plus en plus de place dans la maison et dans la famille. Il y a bien des signes et des indices qui montrent que Louise n’est pas tout à fait normale, mais Paul et Myriam sont tellement ravis de leur nounou parfaite qu’ils ferment les yeux sur sa possessivité malsaine et sa névrose grandissante. « Bien sûr, il suffirait d’y mettre fin, de tout arrêter là. Mais Louise a les clés de chez eux, elle sait tout, elle s’est incrustée dans leur vie si profondément qu’elle semble maintenant impossible à déloger. Ils la repousseront et elle reviendra. Ils feront leurs adieux et elle cognera contre la porte, elle rentrera quand même, elle sera menaçante comme un amant blessé. » (p. 136) Comme l’annonçait la première page, tout finit atrocement : le drame était inévitable, sur fond de berceuse.

Le récit s’ouvre sur un tableau d’épouvante, mais la terrible scène n’est jamais décrite. On l’approche, on la renifle, on en fait le tour, on en gratte le couvercle du coin de l’ongle, mais la narration nous en écarte toujours, par des ellipses ou des retours en arrière. Parce que la mort d’un enfant se passe de détails et de mots : sa simple évocation dit tout. La grande force de ce roman, c’est sa concision et la précision avec laquelle l’autrice a dessiné ses personnages. Il en faut très peu pour saisir leurs failles et leurs défauts. Louise, c’est un peu Mary Poppins à la sauce Stephen King, quand l’horreur naît du quotidien. Chanson douce est un roman-bombe, qui explose sous les yeux et pulvérise les barrières.

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Autorité

Roman de Jeff VanderMeer.

Trois femmes sont revenues de la douzième expédition envoyée dans la Zone X, mais la responsable, ancienne directrice du Rempart Sud, a disparu. Control est envoyé prendre sa place et comprendre la situation. « Découvre ce qui s’est passé que nous ne savons pas. » (p. 286) Il doit interroger la biologiste qui dit ne se souvenir de rien et vouloir être appelée Oiseau Fantôme. Il est sans cesse en conflit avec Grace, la directrice adjointe, et se heurte aux innombrables mystères du Rempart Sud et de la frontière. Que signifient les mots inscrits sur un mur derrière une porte ? Pourquoi y avait-il une plante dans un tiroir, avec un cadavre de souris ? « Il voulait au moins sécuriser son bureau, en faire un bastion, en enlever tout l’inconnu et ne substituer que ce qui pourrait le réconforter. Qui savait ce qu’il pourrait découvrir ? » (p. 176) Control tente également sans cesse d’être à la hauteur de ce que sa mère, figure majeure des services secrets, attend de lui. Mais dans son nouveau bureau et dans son travail, il se sent constamment épié, dans une atmosphère malsaine où règne un sentiment permanent de dissonance et de décalage. « Il était là pour résoudre un problème, d’une certaine manière, mais il avait l’impression que c’était le problème qui commençait à le résoudre, lui. » (p. 230) Il comprend peu à peu que les conséquences de la première expédition dans la Zone X n’en finissent pas de se déployer dans le présent. Alors que la frontière semble avancer, le danger est plus grand que jamais. « Faire confiance à un mot comme frontière avait été une erreur, un piège. Un lent effilochage de termes dont on ne s’apercevait pas à temps. » (p. 343)

Ce tome 2 apporte de nombreuses réponses qui sont loin d’être rassurantes et pose de nouvelles questions qui rendent impatient de lire le tome 3. Il y a des lapins partout sur la couverture et aussi partout dans le roman. Et ils ne sont pas à la fête, les pauvres choupis ! Petit conseil : soyez attentif aux numéros de paragraphes dans les chapitres… Le tome 2 prend le temps d’installer une atmosphère : on pourrait croire qu’il y a des longueurs, mais ce serait vouloir déflorer le mystère trop rapidement. Le premier tome, Annihilation, se passait exclusivement dans la Zone X, endroit inquiétant où les repères disparaissent. Dans le deuxième volume, tout se déroule en dehors de la Zone X, mais le danger et l’étrange sont omniprésents, comme si une contamination lente et sournoise se répandait. « La frontière était invisible. Elle ne laissait aucune place aux demi-mesures. Quand vous la touchiez, elle vous absorbait (ou vous faisait la traverser ?). » (p. 93) Avec cette trilogie, dont j’ai hâte de lire le dernier tome, Jeff VanderMeer crée de la très bonne SFFF ! Hollywood a annoncé l’adaptation du premier tome, mais au vu des premières images, je sens déjà que ça va être un ratage complet. [EDIT du 19 juillet 2018 : le film n’est PAS DU TOUT un ratage complet, c’est même une excellente surprise…]

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Billevesée #309

D’après l’ami Wikipedia, le mâchefer est le résidu solide de la combustion du charbon ou du coke dans les fours industriels ou bien encore de celle des déchets urbains dans les usines d’incinération.

Quand j’étais môme, je pensais que le mâchefer était une créature qui mangeait du fer.

J’ai pensé ça très longtemps.

Et un jour, j’ai lu Germinal

Alors, billevesée ?

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